Beach Music de Pat
Conroy
C’est un roman-fleuve : un millier de pages. Il a
accompagné la fin de l’année scolaire et le début de mes vacances. C’est
l’histoire de Jack, natif de Caroline du Sud. Il plaque tout et part avec sa
fille à Rome quand sa femme se suicide. Petit-à-petit, la Caroline du Sud le
rappelle à lui : les parents de son épouse suicidée veulent renouer avec
lui, ses propres frères aussi… Ses amis américains, dont la belle Lédare, aussi.
Un peu contre son gré, il se retrouve embarqué dans une histoire foireuse menée
par un de ses anciens amis, devenu grand manitou à Hollywood, qui veut raconter
leur histoire dans un film. Leur histoire ? Celle d’une bande de copains
attachants, qui ont grandi en Caroline du Sud, dans les années 70, qui ont vécu
l’entrée en guerre contre le Vietnam…
Parce que sa mère est mourante, Jack prend finalement l’avion
pour les Etats-Unis : un voyage initiatique à rebours et un retour aux
sources purificateur au cours duquel le passé trouble des uns et des autres n’est
jamais loin, où les prémices du Vietnam parasitent une amitié indéfectible, où
l’horreur de la Shoah vécue par ses parents propulse une jeune femme splendide
du haut d’un pont…
Pat Conroy, je ne connais pas. C’est un habile conteur. J’ai
adhéré dès les premières pages, aux évocations des couleurs de Rome, on
s’attache au personnage miné par le suicide de sa femme et qui a décidé de
couper les ponts avec son passé pour mieux préserver sa fille… Il y a de beaux
moments de tendresse, des scènes très émouvantes qui alternent avec des
passages absolument délirants et, même franchement comiques… Chacun doit
pouvoir se reconnaître, un peu, dans chaque personnage… L’auteur évite le piège
du mélo à deux balles…
Le style est riche même si la traduction en altère
probablement la saveur. C’est une langue très poétique. On voit Jack et ses
frangins plonger dans l’eau du fleuve, on voit Leah et sa grand-mère sauver les
tortues… Bref, on aime lire ce livre…
Après Beach Music,
j’ai enchaîné sur un classique, paraît-il : Bilbo de Tolkien. Bon, Tolkien, je ne suis pas fan. Je n’ai pas
trop accroché aux films de Peter Jackson et les deux cents premières pages du
volume un de la trilogie m’ont vraiment découragé. Bilbo est à la mode. Ce sera
probablement le gros succès cinématographique des fêtes de fin d’année et,
déjà, dans mon casier, au bahut, on m’a resservi des documents pédagogiques sur
ce livre sans préciser pour quel niveau la lecture est adaptée. Par rapport au
programme, on est dans les attentes de la sixième. Je me lance donc dans la
lecture pour voir si c’est faisable.
On a donc un beau conte avec des gentils, des moins gentils,
des pas gentils qui deviennent gentils, un gentil magicien, un dragon pas
gentil, un univers merveilleux à souhait tantôt gentil tantôt pas gentil…
L’histoire est plaisante et raconte en fait la genèse du Seigneur des anneaux. A vérifier mais je crois que Bilbo a d’ailleurs été écrit après la
trilogie… Bon, au final, c’est plaisant à lire… Je l’ai lu en version
numérique. Je dois choper une version papier pour voir si les sixièmes peuvent
digérer cela. Je pense que, avec le film, on va avoir pas mal d’éditions qui
vont se mettre en adéquation avec le film. Même si, pour ce qui concernait la
trilogie, la version dite « jeunesse » était exactement la même que
celle « grand public ».
Après Bilbo, j’ai
té attiré, dans une librairie, par le bouquin de Eric-Emmanuel Schmitt qui
s’intitule La Part de l’autre. Un
livre qui se propose deux croiser deux destins : celui d’Hitler et celui
d’Hitler ! Dans le premier cas, le Hitler répugnant et salaud que l’on
connaît malheureusement trop bien ; dans le second cas, le parcours du
Hitler qui n’aurait pas été recalé aux Beaux-Arts. L’idée est intéressante. Le
croisement des deux destins est très bien traité et plus d’une fois je me suis
fait avoir car on a des fondus enchainés très subtils pour passer d’une vie à
l’autre et Schmitt se dépatouille très bien de son sujet. Le « vrai »
Hitler est brillamment mis en perspective avec une mine de détails car l’auteur
s’est évidemment beaucoup documenté. Pour le « faux » Hitler, de
belles lignes, là aussi : un clin d’œil facétieux lorsque le jeune Adolf
prend place sur le divan de Freud ou côtoie, à Montmartre, les maîtres peintres
de son époque. On peut juste faire le reproche que certains passages sont
vraiment trop empreints de psychologie. Au final, je me suis laissé prendre au
jeu.
Véronique Olmi, Cet
été-là… Cet été-là a failli
gâcher mon été ;-) Grosse daube… Un couple de parvenus invite, comme
chaque été, ses amis dans sa maison de vacances à Coutainville. Le couple est
usé, limé. Il ne se passe rien : on s’attend à des révélations, une
histoire de vengeance semble même se dessiner, on s’attend, pourquoi pas ?
à ce que Delphine trompe son mari avec le meilleur ami de celui-ci… Mais non, on
quitte le livre, à la fin, et rien n’a vraiment bougé… A oublier… Du Colette de
bas étage…
Enfin, j’ai lu, très vite, le premier volet de la trilogie
berlinoise de Philip Kerr. Kerr, rien à voir avec Jim Kerr, le chanteur de
Simple Minds, mon groupe référé ;-) L’été
de cristal, c’est un récit policier qui a la particularité de se dérouler à
Berlin en 1936, c’est ce qui m’a attiré. Le détective Gunther est chargé
d’enquêter sur le meurtre de la fille d’un industriel richissime et de son
mari. Le meurtre est accompagné de la disparition d’un collier de diamants dont
la valeur est inestimable. Gunther se lance dans l’affaire et, petit-à-petit,
on découvre, comme lui, les méandres du pouvoir hitlérien, corrompu jusqu’à la
moelle. L’auteur nous trimballe jusqu’à Himmler et Goering.
Les ficelles sont un peu grosses mais le livre fourmille de
détails et d’anecdotes sur le Berlin de l’époque et sur la manière dont le
pouvoir instaure son autorité. Le détective se retrouve même à Dachau. Bref, le
livre fait passer le temps. J’ai bien souri sur certaines descriptions car
l’auteur à un vrai talent pour croquer les portraits et il ne fait pas dans la
dentelle !