Je n'ai pas posté depuis un bail et, malgré tout, le blog reçoit toujours de nombreuses visites.
Il faut dire que ces dernières semaines ont été bien chargées : des jours fériés, des jours fériés, oh et puis tiens, des jours fériés, de l'orientation à gérer, des oraux d'histoire des arts, des tentatives de lectures de projets de programmes pondus par des personnes probablement très compétentes... Et puis un décret qui torpille une grève contre une réforme pourrie... Beaucoup de corrections, de Brevets Blancs, et des corrections à venir pour le "vrai" Brevet...
Bref.
Je lis aujourd'hui sur mon compte Twitter que "Mistral gagnant", la chanson de Renaud, est la chanson préférée des Français.
Renaud.
J'aime beaucoup ce chanteur, ce personnage, cette personne. Torturé, coeur à vif, touchant, ému, émouvant, vrai je pense j'espère. Bandeau rouge, blouson de cuir, jean, santiags, cheveux jaunes et yeux bleu azur. Tintintin !
Il y a plus de trente ans, mon père m'a fait écouter une cassette audio (oui, une cassette) de Renaud. Photo noir et blanc sur la jaquette. Un Olympia pour moi tout seul. J'ai usé la bande de cette cassette. Jusqu'à ce qu'elle casse, d'ailleurs, je crois. Tout un univers "Où c'est qu'jai mis mon flingue ?", "Le Père Noël noir" ou "J'ai encore raté Téléfoot" ! Un univers vraiment indescriptible !
Quelques années plus tard, j'ai acheté la cassette de l'album "Morgane de toi". Des titres qui m'ont marqué comme "Pochtron" ou "Déserteur" : de l'auto-dérision tendre au militantisme dur. A la même époque, j'ai lu un bouquin de sa vie, en livre de poche.
Renaud incarne aussi, d'une certaine manière, la promotion par l'école, par la lecture, par la culture. Il faut dire qu'il végète avec des gens un peu paumés qui vont, comme lui, devenir des vedettes : Clavier, Balasko, Lhermitte, Blanc et, bien sûr, Coluche !
C'est à Coluche, précisément, qu'il dédie le titre "Putain d'camion" de l'album du même titre, écouté en boucle dans la voiture maternelle, durant tout un été, il y a bien longtemps. "Chanson dégueulasse", "Pépette", "La mère à Titi"... Les plus jeunes ne se rappelleront pas la mort de Coluche. Ce fut un choc pour la France : en juin, je crois. Ce jour-là, avec ma classe de primaire, j'avais visité le port de Rouen. Certains moments restent gravés, comme ça.
Entre-temps, il signe les paroles de la chanson pour l'Ethiopie qui rassemble toutes les pointures de l'époque : Cabrel, Goldman, Gall, Berger... Cassette achetée un samedi soir à la braderie de Rouen. A la même époque, il inaugure les Enfoirés, les vrais, ceux désintéressés : Goldman, Johnny, Mitchell, Sanson.
Plusieurs titres m'ont marqué ensuite même si je n'ai pas acheté forcément les albums : "C'est quand qu'on va où", "P'tit voleur"... Il y a quelques années, il sort ce qui est, pour moi, son chef d'oeuvre : "Boucan d'enfer", largement inspiré par la rupture avec son épouse. Docteur Renaud contre Mister Renard, des chansons "coups de poing dans la gueule" et des titres plus intimistes.
Renaud, tout une époque. Qui m'accompagne depuis longtemps. L'enfant de la rue, celui qui chante la "zone", la "banlieue rouge", qui fustige le racisme et l'homophobie. Le titre "P'tit pédé" est superbe - ou comment retourner une insulte en un mot affectueux. Renaud est un poète, avec ses mots, de l'argot et une sensibilité souvent pleine d'humour.
Alors, oui, "Mistral gagnant", j'aime. Comme toutes les chansons où Renaud parle à sa fille, ou la fait parler, ou parle d'elle.
Et puis, en matière de réforme de l'école, Renaud a de bonnes idées...
Et puis ma petite playlist Renaud sur Deezer : ici.