J'ai appris hier soir la disparition d'André Majewski, "Dédé", parti trop tôt, comme beaucoup probablement.
Dédé, ancien maire de ma petite commune des Ardennes, Vireux-Molhain, passionné d'histoire à laquelle il a consacré l'essentiel de sa vie, apportant une contribution inestimable à la découverte du patrimoine local : le camp romain de Vireux, le château de Hierges ou encore la collégiale en face de laquelle se trouve ma maison ardennaise, pour ne citer que cela.
Dédé était prof d'histoire au collège de Vireux quand j'y suis arrivé en 2006. Il venait d'être élu maire. J'occupais la salle voisine de la sienne qui servait aussi pour les arts plastiques. Ses cours étaient un joyeux bordel pédagogique puisqu'il avait une manière bien à lui, très certainement assez éloignée des consignes de ses inspecteurs, de faire cours, de faire cours et, à lire les dizaines et dizaines d'hommages rendus par ses anciens élèves sur les réseaux sociaux depuis hier, je me dis qu'il avait raison. Je me souviens que, en classe, il reconstituait carrément des combats de chevalerie avec armures et heaumes, s'il vous plait :-)
Comme maire (communiste, ce qui est devenu très rare), je n'ai pas toujours eu beaucoup d'affinités avec lui mais, régulièrement, nous nous croisions dans Vireux. On parlait histoire. Il me parlait de ma maison, réputée comme étant l'une des plus anciennes de la Pointe des Ardennes, qu'il avait voulu acheter un moment mais sa femme n'avait pas voulu car un peu trop éloignée de la Meuse, il me parlait de la collégiale, de Pépin le Bref, des chanoines, il avait toujours le ton juste pour évoquer tout cela. Un passionné !
Comme maire, il avait notamment fait rénover, à côté de la maison, ce qui est devenu le relais VTT. Le maire actuel a mis aux normes la collégiale en matière d'accessibilité.
Je regrette que, à la fin de mes années au collège de Vireux, il ait probablement mal pris que je prenne l'initiative d'emmener mes élèves à la collégiale et à Hierges sans l'avoir sollicité. J'y avais pensé mais les bisbilles politiques à deux balles de la Pointe ont fait que le maire qui lui a succédé (et par ailleurs délégué communautaire en charge du tourisme, alors) m'a clairement autorisé à visiter ces lieux si je ne faisais pas appel à son prédécesseur et si c'était son propre père à lui qui me faisait la visite. Je n'avais donc pas trop le choix, d'autant que, du coup, la communauté de communes offrait l'entrée au château de Hierges.
Dédé était aussi des manifestations pour la défense de l'offre scolaire des Ardennes. Je peux le dire maintenant : c'est lui qui, un soir, m'a adressé un document que personne n'avait (même pas le Recteur ni le DASEN) pour que nous en fassions bon usage. Ce document était une bombe : c'était le rapport des Inspecteurs Généraux.
Je pense à Dédé en me disant qu'il laisse un vide sidéral.
S'il y a un office religieux, je me dis que ce sera peut-être à la collégiale et que les trottoirs devant ma maison seront noirs de monde et que la collégiale ne pourra pas accueillir tout le monde... Et qu'au funérarium du cimetière, il va retrouver son épouse et un rival politique qui avait la même bonté, la même gentillesse et la même affabilité que lui, M. Gonthier, que j'appréciais aussi beaucoup.
Je pense à mes collègues de Vireux. Beaucoup d'émotion probablement en salle des profs ce matin.