Quand on est Normand, c'est difficile d'ignorer la date du 6 juin. Aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours été fasciné par la seconde guerre mondiale. Souvenir, il y a bien longtemps, d'un petit livre bilingue consacré au "landing", acheté dans le Super M de Rouen, un mercredi matin. Réminiscence inconsciente, peut-être, de grands-parents maternels que la Résistance a réunis. Un grand-père fait prisonnier lors de la Débâcle, qui s'évade et traverse la Meuse et s'engage dans la Résistance dans le maquis du Mont-Mouchet en Haute-Loire. Classiquement pour les femmes, ma grand-mère assure un rôle d'agent de liaison sur sa bicyclette qui escalade les chemins vallonnés du Massif Central. Dans son journal intime, elle évoque ses actions, les distributions de tracts puis, quand les actes deviennent plus importants, l'écriture du journal s'interrompt.
Ma ville natale de Rouen est marquée par la guerre. La façade du Palais de Justice est encore, de nos jours, criblée d'éclats d'obus.
En 1940, l'immense incendie déclenché par les Allemands est stoppé, sur ordre personnel d'Hitler dit-on, aux portes de la cathédrale.
La rive droite de la ville est quasiment rasée. La ville aux cent clochers de Victor Hugo se trouve amputée de nombre de ses églises. Stigmates encore, aux abords de la rue Jeanne-d'Arc, avec, ci et là, des ruines de tours (comme l'église Saint-André dont il ne reste plus qu'une tour) ou des pans de murs miraculeusement debout ( comme les vestiges de l'église Saint-Pierre du Châtel) qui invitent à la méditation.
Fin mai 1944, les Alliés bombardent, comme d'autres villes, la vieille cité normande afin de préparer le débarquement. C'est la Semaine Rouge qui met durement à l'épreuve les civils. La rive gauche est rasée. Les garnisons allemandes cantonnées là sont laminées. Les témoins disent que, pendant des jours, l'odeur de chair brûlée a plané sur les quais rouennais.
Jeune prof, mon premier poste a été au lycée Jean Ango de Dieppe, ville marquée par le fiasco du débarquement d'août 1942. Le sang versé par les Canadiens entre Dieppe et Quiberville a notamment démontré aux Alliés la nécessité de débarquer ailleurs que dans des ports, trop défendus.
Plusieurs fois, j'ai visité le Mémorial de Caen, grand classique des sorties pédagogiques. Récemment, je suis allé sur les plages du Débarquement. Moments forts.
Alors, dans les heures qui viennent, on va tout dire et redire sur le D Day, sur ce jour qui a en grande partie changé le cours de la guerre en imposant aux Allemands la défense d'un second front.
Mardi prochain, j'emmène tous mes troisièmes au Manège de Givet pour une grande journée dédiée à l'évocation de la seconde guerre mondiale.
Une manière de transmettre, encore. Et, déjà, je me réjouis de l'enthousiasme que mes élèves ont eu à lire Un Secret de Philippe Grimbert.
Un petit diaporama glané sur le web ici.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Merci d'avoir laissé un commentaire. Il sera validé dans les plus brefs délais.