Bienvenue !

"Les points sur les i", petit blog péda(nt)gogique lié à mon métier de prof de français. En 2021, j'attaque ma 22ème rentrée : la huitième dans la Manche, après neuf ans dans les Ardennes et plusieurs années en lycée et collège aux alentours de Dieppe. Cette interface est un lieu pour proposer des éléments (plus ou moins) en rapport avec les cours que j'inflige à mes élèves : cahiers de textes, documents complémentaires, billets d'humeur et partages de mes lectures personnelles... Bonne visite !

Mes élèves sont formidables...

Petit moment d'au revoir ce matin puisque, répartition horaire oblige, je passe le relais à ma collègue pour la fin de l'année en classe de 5B.


Merci pour vos attentions et, peut-être, à l'année prochaine ;-)

Bon WE,

SR

Forum des métiers

Rendez-vous au forum des métiers à la Cité de la Mer de Cherbourg pour une bonne partie des troisièmes de l'agglomération ce matin.

Un forum vraiment riche et intéressant auquel, apparemment, les élèves ont, dans leur majorité, activement pris part.

En prime, une interview de votre serviteur sur France Bleu demain à 6.10 et 7.10. Merci aux filles de 3B qui ont orienté le journaliste vers moi ;-)





70 ans...

C'était hier la journée internationale de la commémoration en mémoire des victimes de l'Holocauste.

En troisième, le programme de français fait que l'on parle abondamment de cette période historique. Je ne me suis donc pas attardé hier. J'ai simplement développé un peu avec une de mes troisièmes. J'avais apporté Elle s'appelait Sarah de Tatiana de Rosnay et Un sac de billes de Joffo. Deux élèves m'ont demandé pour me les emprunter. J'apprécie beaucoup le livre de Tatiana de Rosnay, découvert par hasard au détour d'une allée dans la Fnac de Rouen, j'avais acheté le livre, intrigué par le titre emprunté au tube de Goldman et par le prénom de l'auteure, le même que celui de ma fille qui venait de naître. Le film est nettement moins réussi. Je l'ai encore montré à mes élèves l'an dernier au Manège de Givet. A d'autres élèves, il y a quelques années, on avait projeté La Rafle - silence de plomb dans le car sur le chemin du retour.

Lors du procès de Klaus Barbie, il y a une vingtaine d'années maintenant, la question de la torture et de la Shoah avaient eu un écho retentissant car ce procès avait été filmé intégralement et, chaque soir, les journaux télévisés ouvraient sur les audiences du jour.

Lors de ce procès, Vaclav Havel avait témoigné et avait eu cette formule lapidaire pour qualifier ce qu'est un crime contre l'humanité : "c'est tuer quelqu'un sous le seul prétexte qu'il est né". Tout est dit dans cette phrase. Elle me fait frémir.



Et après ? L'Ecole de la République...

Depuis les événements tragiques qui ont endeuillé le début de l'année, j'ai largement exposé mon point de vue sur la manière dont l'Ecole se devait d'être à la hauteur.

Madame la Ministre a annoncé hier les mesures qu'elle compte mettre en oeuvre. A découvrir ici.


De louables intentions mais, au final, des mesurettes qui, si on en lit le détail, sont globalement du recuit de ce qui existe souvent déjà. D'ailleurs, il n'y a qu'à ouvrir la page citée en lien plus haut et faire une recherche du mot "renforcer" pour voir qu'on a abusé du concept !

Mobiliser les acteurs sur le terrain, mener des échanges avec les parents : cela se fait depuis que je suis prof ! On n'a pas attendu le 22 janvier pour faire venir des intervenants extérieurs et ouvrir notre Ecole aux institutions républicaines comme la Justice, par exemple. Lutte contre le décrochage, prise en compte du déterminisme social, blablabla des mesures 10 et 11...

Reste le chantier prioritaire pour la maîtrise du français qui me touche particulièrement comme professeur de français mais qui, au final, nous concerne tous. Comprendre les autres, se faire comprendre des autres, à l'écrit comme à l'oral, c'est évidemment la base de l'échange ! Je suis personnellement intimement convaincu de cette nécessité absolue !

Mais il ne suffit pas de le dire (c'est une Arlésienne depuis des lustres !), il faut le faire ! Retour aux évaluations, si j'ai bien compris : youhou ! Cela, c'est de l'innovation ! Si c'est pour évaluer et se dire, pour se donner bonne conscience au collège, "bon, cet élève ne s'en sort pas mais que veux-tu c'était déjà comme ça en primaire", je ne vois pas l'intérêt.

Pour ma part, je préconise l'abandon total de la méthode globale ou semi-globale pour apprendre à lire. Je préconise un apprentissage clair, net et précis du français en primaire. Ce n'est pas ce que je vois dans le travail de mon fils scolarisé en CE2 où, depuis au moins deux ans, l'apprentissage se fait de manière saupoudrée, sur des cahiers qui ne sont pas spécialement dédiés à telle ou telle notion et, surtout, à base de polycopiés : il faut faire écrire les leçons aux élèves.

Au collège, je préconise l'abandon pur et simple des séquences qui ont montré leurs limites dans l'étude de la langue, qui perturbent la compréhension globale de nos élèves quant aux attentes de la discipline. Le décloisonnement, c'est beau sur le papier ; dans les faits, c'est autre chose ! Je préconise un apport massif d'heures dans la discipline : que l'on commence par nous rendre les heures que l'on a perdues lorsqu'on a institué, il y a longtemps, les IDDs.

Enfin, bien sûr, que l'on refonde les programmes ! Que l'on réforme le Brevet en un véritable examen de poursuite d'études alors que ce n'est plus qu'un examen d'opérette complètement déconnecté d'un programme de troisième plutôt complexe ! Que l'on établisse des programmes faisables en classe, ce n'est pas le cas actuellement. Quand j'ai travaillé au CNED et rédigé avec trois autres rédacteurs les cours de quatrième, il a fallu, pour traiter l'intégralité du programme, établir 12 séquences : qui, en cours, en présentiel comme on dit, arrive à faire autant de séquences ? Sortons de cette rigidité du programme et donnons un simple canevas au professeur pour qu'il oriente sa progression en fonction du niveau de sa classe et non des objectifs du programme et, par exemple, de l'obligation absolue de faire lire 6 oeuvres à nos élèves, pour moi cet objectif chiffré n'a aucun sens !

Mon opinion n'est qu'une opinion parmi des milliers d'autres. Mais, quitte à prendre de vraies mesures, consultons donc les enseignants qui sont sur le terrain au quotidien...

SR

Charcot / report d'évaluations

Bon, ma fille est malade. J'ai pu m'arranger pour la faire garder hier matin et ce matin mais, demain jeudi, c'est impossible. Je rappelle donc que les évaluations prévues à Charcot ce jeudi après-midi sont simplement reportées au vendredi matin : test de lecture pour les 3B et évaluation en partie sur le dialogue pour les 5B.


A propos de tests de lecture, je place ici le lien de ma progression pour ce second semestre scolaire. En principe, en cinquième comme en troisième, l'essentiel du programme sera bouclé et les lectures requises (les programmes en imposent 6) seront faites.

Progression de fin d'année : ici.

SR

Et après ?

Et après, cette manif, cette mobilisation, ce "jamais vu" ?

Je ne veux pas faire de ce blog une tribune sans limite. Mais je suis heureusement frappé par les réactions de plusieurs personnalités qui tendent à démontrer que la réponse sécuritaire aux attentats est une chimère : la réponse doit venir, aussi, de la Culture, de l'Ecole.

Priorité à la connaissance de la culture et, aussi, à la connaissance du fait religieux.

En français, priorité absolue à l'expression, une refonte totale des programmes est à mener pour miser sur cette expression dont la maîtrise est indispensable car c'est le premier facteur discriminatoire selon moi : un élève qui ne sait ni lire ni écrire sombre dans l'échec et, trop souvent après la troisième, dans le décrochage. Je suis pour, par exemple, une liberté totale de l'enseignant en matière d'étude de la langue, quelle que soit la classe, nécessité absolue de s'adapter au niveau des élèves.

Dès le CP, revenons uniquement à l'apprentissage de la lecture par le bon vieux B-A, BA, garant d'une réussite de la lecture, de la compréhension, de l'expression. La méthode globale ou semi-globale que je vois à l'oeuvre pour mon fils me hérisse le peu de cheveux que j'ai encore. Dès le début, le nécessaire n'est pas fait ! Je ne veux pas jouer les vieux con mais, à mon époque, quel que soit son niveau, n'importe quel élève savait lire et écrire plus que correctement. De nos jours, je le vois au quotidien, c'est loin d'être le cas. Et encore, je ne parle même pas de la pauvreté lexicale de trop de mes élèves !

Je ne sais pas si c'est toujours le cas mais, quand j'étais stagiaire, les programmes du collège étaient bouclés par toute une somme de gens probablement très compétents : enseignants de lycées, universitaires, chercheurs, etc. Il n'y avait qu'un seul prof de collège dans tout ce directoire ! C'était un collègue de Dieppe, c'est comme cela que je l'ai su. Rien que cela, c'est bancal ! Je me souviens que ce formateur m'avait demandé mes cours pour aller à une commission des programmes car, m'avait-il dit, à ces commissions, on n'avait même pas d'éléments concrets sur ce qui était fait au collège ! J'espère que les choses ont changé depuis 15 ans !

J'ai glané ci et là des interventions qui me plaisent :

- Martin Schultz et Patrick Pelloux

- Malek Boutih : "il faut inverser l'échelle des valeurs".

- Luc Ferry, personnalité que j'ai toujours appréciée qui a eu le culot de dénoncer l'hérésie (qui perdure de manière ahurissante) de la méthode globale comme apprentissage de la lecture lorsqu'il était Ministre.

Je pense naïvement que c'est avec des gens comme cela, des consciences, des phares qui s'éloignent un peu des discours stéréotypés qu'on peut faire évoluer la société. Et, à mes cours, on continuera à prendre le temps de discuter, d'échanger, de donner des armes culturelles aux élèves ! Récemment, j'ai appris à des élèves ce qu'était le Coran, ce n'est certainement pas mon boulot de prof de français et je l'ai fait et j'ai projeté ensuite un diaporama sur la Bible. Une heure perdue en français. Perdue ? Pas si sûr !


Verbes de parole

En direct, pour les cinquièmes, fiche sur les verbes de parole :


Et après ?

Spotify m'a joué ça hier dans la voiture... Souvenir d'un concert à la Halle Tony Garnier de Lyon en avril 92...

Paroles universelles de fraternité et de vivre ensemble... Avec la guitare magique de Mark Knopfler !


Bonne fin de semaine !

SR

Pour y voir clair...

J'ai eu des échanges vraiment très intéressants avec mes élèves au sujet des événements terribles de ces derniers jours. Des élèves toujours pondérés, davantage dans le souci de comprendre que dans un quelconque parti pris.

Malgré tout, je suis frappé par le manque de culture religieuse de mes élèves qui est, pour moi, une vraie faille que l'Education nationale doit combler, véritable nid pour des incompréhensions, des amalgames.


Puisqu'on ne cesse, maintenant, de dire : "et après ?". Et bien moi, je le dis, après, il faut dialoguer avec les élèves, faire en sorte que les écoliers fréquentent une vraie école républicaine, laïque, qui mette au centre de ses préoccupations, le bien vivre ensemble et qui donne une véritable égalité des chances, ce qui est, selon moi, loin d'être acquis actuellement. Ce n'est pas très consensuel mais j'assume. Et, pourtant, dans les deux établissements que je fréquente, il y a de vraies solutions proposées aux élèves. Mais cela réclame un engagement, une volonté de l'élève, une lutte parfois contre la défiance des familles.

Il faut réhabiliter ce fabuleux outil qu'est notre Ecole Républicaine, garante des valeurs pour lesquelles tant de monde a battu le pavé dimanche dernier.

Je pense que les enseignants de français, d'histoire et de philo ont un rôle majeur à jouer pour cela. En français, il faut refondre les programmes. Revenir aux fondamentaux de l'expression et proposer aux élèves un accès concerté, réfléchi à la culture. Un seul exemple ? Aborder les textes religieux en sixième, est-ce pertinent ? Cela serait judicieux en troisième... Mais cela exige qu'on fasse exploser les programmes qui suivent, depuis des lustres, la progression chronologique du cours d'histoire.

Donnons un sens à ces grands mots de "laïcité", de "république", de "démocratie" - comme le disait si bien Abd Al Malik dimanche dernier.

Géant !

A Cherbourg, foule immense pour rendre hommage aux victimes et marcher pour la liberté tout à l'heure !

Rassemblement devant l'hôtel de ville, discours concis d'une femme (élue ? journaliste ?) puis le cortège s'est mis en route. J'étais en tête. Alors que le cortège bifurquait rue Schuman, je suis revenu vers la voiture : surprise de constater que l'arrière du cortège s'étirait encore et qu'il partait juste de l'hôtel de ville alors que la tête y revenait déjà !

Maintenant, il faut transformer l'essai, se poser des questions, si possible, les bonnes questions ! Et pour cela, j'en suis convaincu, les enseignants, l'Ecole avec une énorme E majuscule, sont essentiels à la société. C'est cela, l'Education, faire de nos élèves des citoyens républicains, ce n'est pas bidouiller des rythmes scolaires débiles ou plein d'autres choses nulles qui coûtent cher et ne font pas avancer la société.

Parfois, je me sens beaucoup plus utile à discuter, échanger avec mes élèves qu'à leur apprendre les valeurs des temps ou les sensibiliser aux différentes subordonnées... Heureusement, en français, notamment en troisième, les oeuvres inscrites au programme permettent souvent de larges digressions bien souvent fructueuses.

Comme Victor Hugo, je suis absolument convaincu que l'Ecole est la réponse !

Alors, répondons !





Tête du cortège avant qu'il s'élance (mon collège au centre, derrière l'église)


Vue du cortège au début de la marche...


Au même endroit, une heure plus tard !

HISTORIQUE !

On dira ce que l'on voudra de ces dernières journées et, particulièrement, de cette journée, de la marée humaine qui va envahir les rues de France dans un mouvement jamais vu dans l'histoire de l'Humanité ! 

Quelle réponse d'union à ceux qui veulent bâillonner les libertés et tuer les hommes libres ! Plutôt qu'une quelconque récupération, c'est cela que je veux retenir ! Et, aujourd'hui, j'ai vraiment envie de dire "merde" à ceux qui font la fine bouche devant cette dynamique inédite !

Ces terroristes n'ont pas semé le vent de panique qu'ils prédisaient mais ont réussi le tour de force de faire marcher dans la rue des chefs d'Etats qui ne défilent traditionnellement jamais mais qui, en plus, n'ont pas toujours l'habitude de se côtoyer !

Je reste frustré de ne pas aller à Paris mais je serai à Cherbourg dans deux heures.



Je suis fier de ce qui se passe aujourd'hui. J'ai une pensée émue pour mes grands-parents qui ont subi et affronté le joug nazi.

Je prépare une séquence sur la poésie engagée de la Résistance, justement, et je relis ce magnifique poème de Robert Desnos, qui prend une nouvelle dimension, particulièrement aujourd'hui, même s'il date de plus de 70 ans, une époque où l'on brûlait les livres et où l'on tuait les écrivains, défenseurs de la liberté d'expression.

Ce cœur qui haïssait la guerre voilà qu’il bat pour le combat et la bataille !
Ce cœur qui ne battait qu’au rythme des marées, à celui des saisons, à celui des heures du jour et de la nuit,
Voilà qu’il se gonfle et qu’il envoie dans les veines un sang brûlant de salpêtre et de haine.
Et qu’il mène un tel bruit dans la cervelle que les oreilles en sifflent,
Et qu’il n’est pas possible que ce bruit ne se répande pas dans la ville et la campagne,
Comme le son d’une cloche appelant à l’émeute et au combat.
Écoutez, je l’entends qui me revient renvoyé par les échos.
Mais non, c’est le bruit d’autres cœurs, de millions d’autres cœurs battant comme le mien à travers la France.
Ils battent au même rythme pour la même besogne tous ces cœurs,
Leur bruit est celui de la mer à l’assaut des falaises
Et tout ce sang porte dans des millions de cervelles un même mot d’ordre :
Révolte contre Hitler et mort à ses partisans !
Pourtant ce cœur haïssait la guerre et battait au rythme des saisons,
Mais un seul mot : Liberté a suffi à réveiller les vieilles colères
Et des millions de Français se préparent dans l’ombre à la besogne que l’aube proche leur imposera.
Car ces cœurs qui haïssaient la guerre battaient pour la liberté au rythme même des saisons et des marées,

Du jour et de la nuit. 

Sébastien RIO

(d)égouts

En ce jour terrible, il me vient l'envie de me plonger dans de saines lectures...


"L'histoire a pour égout des temps comme les nôtres"

Les paroles du grand homme, énorme, qu'était Hugo ont toujours une portée universelle, bien au-delà de la lutte contre Napoléon III. La plume, plus forte que l'épée...

"Ah ! tu finiras bien par hurler, misérable ! 
Encor tout haletant de ton crime exécrable,
Dans ton triomphe abject, si lugubre et si prompt,
Je t'ai saisi. J'ai mis l'écriteau sur ton front ;
Et maintenant la foule accourt, et te bafoue.
Toi, tandis qu'au poteau le châtiment te cloue,
Que le carcan te force à lever le menton,
Tandis que, de ta veste arrachant le bouton,
L'histoire à mes côtés met à nu ton épaule,
Tu dis : je ne sens rien ! et tu nous railles, drôle !
Ton rire sur mon nom gaîment vient écumer ;
Mais je tiens le fer rouge et vois ta chair fumer." 

Veilleurs meuh !

Un petit selfie de mon moi-même pour inaugurer cette nouvelle année !


Que cette année apporte à chacun le meilleur, la santé, le bonheur. Une pensée particulière pour mes troisièmes pour le Brevet et l'orientation ;-)

Merci à tous pour vos visites avec un rythme de croisière à 40 / 50 visites quotidiennes !

* "selfie" fait son entrée dans le dictionnaire : à lire ici.