J'étais alors un peu branché foot. Il faut dire que les Bleus faisaient rêver et que Platini proposait un mélange de talent, de panache et de charisme. J'aimais aussi beaucoup Giresse dont les images du but célèbre en 1982 ouvrait le générique de Stade 2.
C'est bizarre parce que je me souviens très bien de ce match, je veux dire, je me rappelle l'avoir vu à la télé, pourtant il devait y avoir un sacré décalage horaire. Peut-être avait-il été diffusé en différé ? Match épique, dantesque, dans un stade surchauffé, avec un Platini qui rate son tir au but, un Joël Bats transcendé dans les buts qui a joué probablement ce jour-là le match de sa vie. L'époque où le foot n'était pas encore gangréné par tout ce pognon qui m'en a détaché presque définitivement.
Un peu comme le rugby commence à l'être. J'ai apprécié les matches du Tournoi cet hiver. Mais je n'ai pas retrouvé l'émotion ni la ferveur des années 1995 quand j'allais au Parc encourager Saint-André, Bénazzi, Sadourny, N'Tamack, Ibanez, Califano et tous les autres...
Cette approche de l'été, c'est aussi le Tour de France. Mon père m'a emmené souvent le voir. On a notamment dormi dans la voiture, une fois, pour ne rien rater d'un contre-la-montre de montagne vers Chambery, je crois. Mon enfance a été bercée par les après-midis dédiés à la petite reine en été : Lemond, Kelly, Brookes, Fignon, Hinault, Indurain, Delgado et tant d'autres.
L'impression que ces sportifs étaient plus que des sportifs, mais des personnages que l'on identifiait immédiatement à leur discipline.
J'ai lu le bouquin de Fignon avant que ce champion disparaisse... Toute une époque et, même, toute une émotion, l'insouciance d'avant le grand cirque médiatico-financier où Fignon explique qu'un contrat se signait à l'arrière d'un bistrot...
Tant qu'on y est, à brasser les souvenirs, allons-y pour la grande époque de la F1. Mon père était un admirateur de Prost et le duel avec Senna au tournant des années 80/90 a été quelque chose ! En juillet 1991, nous sommes allés au Grand-Prix de France, à Magny-Cours. C'est Mansell qui a gagné, sur une Renault, je crois. L'époque où la mécanique n'avait pas encore pris le pas sur l'homme, où il n'y avait pas ravitaillement d'essence...
Prost, Platini, Fignon, tous ces sportifs incarnent au sens propre et étymologique leur discipline. C'étaient de vieux briscards, des tacticiens, des intellos du sport. Ils incarnent aussi une certaine fragilité, une certaine perfectibilité, la conscience de ne pas être infaillible dans la quête de la performance. J'ai le souvenir de Lionel Chamoulaud, figure incontournable du service des sports de France Télévisions, qui, à ses débuts, a consacré de nombreux reportages à Prost, on l'y voit, avec beaucoup d'humilité, expliquer comment il règle lui-même sa voiture, l'inclinaison des ailerons, la hauteur des amortisseurs... C'étaient des champions immenses et, malgré tout, ils avaient une certaine discrétion, une certaine pudeur...
Allez, j'arrête... Je ne suis pas un grand sportif, je l'avoue, même si j'ai toujours eu des facilités en athlétisme. Mon grand-père maternel était, lui, un grand athlète : il faisait du rugby à un niveau acceptable, faisait de la course à très haut niveau (il a même concouru contre le champion olympique de l'époque, Pavo Numri) et était un excellent nageur, ce qui lui a permis de fausser compagnie aux Allemands durant la Seconde Guerre et de s'évader en traversant la Meuse à la nage...
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