Je vois défiler, au fil des tweets, des visages anonymes que des proches postent avec espoir, sans nouvelles des gens qu'ils aiment... Ces gens que je ne connais pas, que, pour la plupart, évidemment, nous ne connaissons pas.
Qui ne sont ni toi, ni moi, nous vous, ni nous...
Qui sont, pourtant, nous tous !
Je vois le selfie d'un couple. Ils ont quoi ? la vingtaine ? Ils sont heureux. Lui, tout sourire, casquette. Il a autour du cou les bras d'une très jolie femme blonde aux yeux bleus. Ils sont beaux. Comme nous tous quand nous sommes amoureux.
C'est l'image figée d'un bonheur qu'ils voulaient éternel. Ils ne peuvent évidemment pas imaginer que cette image de leur bonheur sera partagée, un vendredi 13, sur tous les réseaux sociaux.
On a tous, quand on a mon âge, ce genre de photo évaporée de rêves de bonheurs et de projets à construire à deux, une foi indestructible en un idéal de vie à faire fleurir et à féconder avec des enfants à venir. On est tous allés à des concerts, peut-être.
Je pense à ces deux jeunes, à leurs proches. Aux minutes terribles, inimaginables, indescriptibles qui ont été, pour eux, les dernières de leur trop courte vie.
Je regarde les yeux de Marie, ses lèvres accrochées à la joue de son bel amoureux. Cette image d'un bonheur à éterniser et que la lie de l'humanité a brisé.
Je pense à leur chez-eux que leurs proches devront vider. Au lit peut-être encore défait de tendres étreintes, à une tasse de café oubliée sur l'évier, à un post-it de courses sur le frigo, à cette photo, peut-être, accrochée dans l'entrée de leur appartement...
Je pense à mes enfants, aussi. Au monde de merde que nous allons leur léguer...
Demain, je vais emmener une guitare au collège. On va chanter "Imagine".
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