On pourrait écrire un roman sur cette épreuve de Brevet… Je pourrais vous dire que la valeur de la note finale a changé en cours d’année, que la composition même de l’épreuve a été modifiée en cours d’année, que nous n’avons eu aucune info de notre hiérarchie et que, comme d’habitude, on s’est bien évidemment bien sûr naturellement débrouillés tout seuls, comme des grands. Heureusement, la communauté des profs de lettres est autonome - ouf !
On a donc un Brevet plus technique, avec de la grammaire - enfin, des compétences linguistiques, faut pas pousser non plus. Tout va bien donc. Notons au passage que la structure binaire de l’épreuve des questions (en gros, compréhension puis grammaire) vient entériner le sabordage du décloisonnement. Retour au Brevet de ma jeunesse - au siècle dernier.
On a donc un sujet à la logique pas évidente, inexact dans la terminologie employée (le sujet demande à l’élève de repérer une subordonnée complétive, terme qui n’est plus utilisé dans la terminologie officielle, youhou !) C’est un patchwork de questions dans lequel les rédacteurs du sujet ont tenté l’impossible pour bien séparer le fond de la forme, rangeant à la fin du questionnaire une question de grammaire sur l’étymologie qui n’a aucun intérêt et qui aurait été plus judicieusement associée à l’analyse demandée dans les questions 5a et 5b…
Les consignes de corrections sont… des consignes de corrections ! Cette année, on touche le fond.
Exemples…
Exemples…
Questions 6, on demande de recopier des subordonnées : tu ne les as pas recopiées correctement, tu ne les as même pas repérées mais tu as recopié la phrase avec la subordonnée et, bingo ! tu as bien fait de venir parce que ça te rapporte quand même la moitié des points…
Pour plusieurs réponses, on demande trois éléments de justification. Tu n’en as que deux ? C’est vraiment pas grave, tu auras la totalité des points quand même ! Ah oui et toi, tu t’es cassé la tête à en trouver trois ? Et ben tant pis pour toi !
On a voulu rehausser cette épreuve et la manière dont on l’évalue me rend de plus en plus perplexe. Nos élèves ne sont pas préparés à cela. On passe d’un Brevet qui veut du ressenti, qui pose des questions débilissimes comme en 2015 (rappelez-vous : “Comment comprenez-vous que le texte puisse se terminer sur le mot « neige » ?”) à des trucs plus linguistiques, à un sujet qui mêle récit et théâtre, qui soumet à la sagacité des candidats deux réécritures épiques !
En 2015, dictée de Le Clézio. Les consignes de correction nous imposent d’accepter ‘fin” au lieu de “faim” dans le texte original. Bon, OK, après tout, c’est pas comme si on massacrait le texte d’un prix Nobel ! Là, déjà, je trouvais qu’on avait touché le fond même si, c’est bien connu, la “faim” justifiait les moyens. Soit ! Après tout, le Brevet, faut le donner à un max d’élèves !
Aujourd’hui, stupéfaction. Consigne de correction délirantissime : “Le collège de Blémont étant détruit, la municipalité avait réquisitionné certains cafés pour les mettre à la disposition des élèves”. Cela, c’est un bout de la dictée. Pas de difficultés dans cette phrase. Et pourtant, les consignes de correction vont en trouver une : il faut accepter “les maîtres” au lieu de “les mettre”. Non mais allô quoi. Pas de bol, dans mes copies, je n’ai pas trouvé cette possibilité mais un candidat a quand même écrit “les mètres”, c’est bête, hein, je trouve ! Il aurait pu faire un effort pour faire une faute plus énorme qui ne l’aurait pas pénalisé !
Le problème, dans notre discipline, mais plus généralement, je crois, c’est qu’on a confondu exigence et bienveillance. Résultat, on pédale dans la choucroute, on reste dans une médiocrité qu’on entretient en faisant croire aux élèves qu’ils ont le niveau, on s’assied sur un imparfait du subjonctif dans la dictée - soit on le met et on l’assume, soit on le zappe, non ? Je prépare rarement des sujets en me disant que je vais virer une difficulté au moment de la correction… Je suis même convaincu que tout cela est en grande partie la cause du désaveu dont souffre la filière littéraire !
Je suis dépité. Mais bon, tout va bien dans le meilleur des mondes. Ce n’est pas moi qui le dis. Mais les statistiques des résultats à venir sauront très certainement vous en convaincre !
C’est le mot de la fin, euh de la faim...
Pour plusieurs réponses, on demande trois éléments de justification. Tu n’en as que deux ? C’est vraiment pas grave, tu auras la totalité des points quand même ! Ah oui et toi, tu t’es cassé la tête à en trouver trois ? Et ben tant pis pour toi !
On a voulu rehausser cette épreuve et la manière dont on l’évalue me rend de plus en plus perplexe. Nos élèves ne sont pas préparés à cela. On passe d’un Brevet qui veut du ressenti, qui pose des questions débilissimes comme en 2015 (rappelez-vous : “Comment comprenez-vous que le texte puisse se terminer sur le mot « neige » ?”) à des trucs plus linguistiques, à un sujet qui mêle récit et théâtre, qui soumet à la sagacité des candidats deux réécritures épiques !
En 2015, dictée de Le Clézio. Les consignes de correction nous imposent d’accepter ‘fin” au lieu de “faim” dans le texte original. Bon, OK, après tout, c’est pas comme si on massacrait le texte d’un prix Nobel ! Là, déjà, je trouvais qu’on avait touché le fond même si, c’est bien connu, la “faim” justifiait les moyens. Soit ! Après tout, le Brevet, faut le donner à un max d’élèves !
Aujourd’hui, stupéfaction. Consigne de correction délirantissime : “Le collège de Blémont étant détruit, la municipalité avait réquisitionné certains cafés pour les mettre à la disposition des élèves”. Cela, c’est un bout de la dictée. Pas de difficultés dans cette phrase. Et pourtant, les consignes de correction vont en trouver une : il faut accepter “les maîtres” au lieu de “les mettre”. Non mais allô quoi. Pas de bol, dans mes copies, je n’ai pas trouvé cette possibilité mais un candidat a quand même écrit “les mètres”, c’est bête, hein, je trouve ! Il aurait pu faire un effort pour faire une faute plus énorme qui ne l’aurait pas pénalisé !
Le problème, dans notre discipline, mais plus généralement, je crois, c’est qu’on a confondu exigence et bienveillance. Résultat, on pédale dans la choucroute, on reste dans une médiocrité qu’on entretient en faisant croire aux élèves qu’ils ont le niveau, on s’assied sur un imparfait du subjonctif dans la dictée - soit on le met et on l’assume, soit on le zappe, non ? Je prépare rarement des sujets en me disant que je vais virer une difficulté au moment de la correction… Je suis même convaincu que tout cela est en grande partie la cause du désaveu dont souffre la filière littéraire !
Je suis dépité. Mais bon, tout va bien dans le meilleur des mondes. Ce n’est pas moi qui le dis. Mais les statistiques des résultats à venir sauront très certainement vous en convaincre !
C’est le mot de la fin, euh de la faim...
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