De Beigbeder, je n'ai lu que l'autobiographie, Un roman français, qui, dès le titre, renvoie à la fiction et dynamite les codes de l'autobiographie. Un style assez unique, à mon avis, qui fait dans la dérision (de soi), qui instaure une connivence sympathique avec le lecteur avec humour... Bref, le genre de livre qui se lit, vite et bien, sans grande prétention intellectuelle (et encore, pas si sûr...) mais avec lequel on est sûr de passer un moment de détente...
Evidemment, il faut dépasser l'a priori du Beigbeder des faits divers et des chroniques mercantiles dans des journaux et émissions pas toujours glorieux. Un peu comme si on devait reconnaître à un mec de télé-réalité des dons d'artiste... Bref, faut dépasser le personnage médiatique. Mais, après tout, rien ne nous y oblige puisque l'auteur lui-même semble avoir du mal à faire la part des choses en la matière !
Donc, là, premier roman de l'auteur, on suit Marc Marronnier, double de Beigbeder qui n'est pas tendre avec lui-même : ses fêtes nocturnes, ses femmes nocturnes et ses pensées nocturnes. Pas de complaisance, un regard cynique sur la société et un style qui fait mouche avec des aphorismes aussi cruels que lucides. J'aime !
"Oui, je m’appelle Marc Marronnier, comme l’arbre. J’ai 24 ans et il est 2 h 10 du matin. Des chiffres et des lettres, la vie d’un homme se résume à ça. La vie est une suite de jeux télévisés : d’abord « Tournez manège », puis « La roue de la fortune » et si tout se passe bien « Le juste prix »."
"Il serait exagéré de croire que Marc n’a terminé ses études que pour rassurer ses parents : son séjour prolongé dans l’enseignement supérieur s’explique surtout par une volonté avouée de retarder l’échéance de la Vraie Vie. Méfiez-vous des gens bardés de diplômes, ce sont, statistiquement, les plus lâches."
"Pire : je ne me défilai pas et jouai à la perfection mon rôle de sale-gosse-de-riche-pourri-et-décadent. Je suis difficile à battre sur ce terrain-là. Moins je suis quelque chose, plus je le parais ; moins je pense quelque chose, mieux je le défends. Je n’ai pas fait Sciences-Po pour rien."
"Selon le portier, cela faisait bien deux heures qu’elle était de sortie. Je lui glissai un billet de dix mille lires. Il faut aider les door-men : cette profession menacée a su maintenir une tradition ancestrale d’espionnage et de délation. De surcroît, c’est un métier qui ouvre des portes."
"Quiconque n’est pas régulièrement la risée des foules ne mérite pas d’être considéré comme un être humain. Je dirais même plus : le seul moyen de savoir qu’on existe est de se rendre grotesque. C’est le cogito de l’homme moderne. Ridiculo ergo sum.
C’est dire si j’ai souvent conscience de ma propre existence."
"Dans la vie on n’a qu’un seul grand amour et tous ceux qui précèdent sont des amours de rodage et tous ceux qui suivent sont des amours de rattrapage ; c’est maintenant ou jamais."
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