Pour bien parachever le passage du rouleau-compresseur de la Réforme du collège qui entrera en vigueur, d'un coup, pour TOUS les niveaux à la rentrée de septembre 2017, les textes officiels concernant le futur Brevet (celui que passeront les quatrièmes actuels) sont sortis et ont été relayés ces dernières heures sur le compte Twitter d'Eduscol.
Ces instructions sont à lire ici.
Trois épreuves remplaceront les quatre actuelles qui étaient, je le rappelle, l'oral d'histoire des arts et, vieilles comme Mathusalem, les trois épreuves écrites de français, de maths et d'histoire. La session 2017 sera composée d'une épreuve orale pour évaluer les travaux pluridisciplinaires (les EPI) effectués par l'élève durant sa scolarité au collège (pas uniquement en troisième) et deux épreuves écrites : une de maths / SVT / physique et une de français / histoire / géo / EMC.
Trois réflexions me viennent d'emblée à l'esprit :
1. La volonté farouche d'imposer la Réforme et de lui donner une finalité est manifeste puisque les textes concernant le futur Brevet paraissent plus d'un an avant l'échéance. Une telle anticipation est exceptionnelle.
2. L'épreuve orale validera les travaux pluridisciplinaires de l'ensemble de la scolarité au collège (les fameux EPI) Comment cela va-t-il se passer pour un élève qui changera d'établissement en cours de scolarité au collège ?
3. Je ne veux préjuger de rien mais, en gros, à l'écrit, on a une épreuve littéraire et une épreuve scientifique. L'intention est peut-être louable d'étendre les attentes pour aller plus loin que ce qui est proposé actuellement même si, comme l'immense majorité des collègues, je déplore la pauvreté hallucinante des attentes de l'épreuve de français telle qu'elle est actuellement proposée aux candidats.
Néanmoins, je m'inquiète fortement, encore, car ces épreuves risquent de devenir une sorte de fourre-tout indigeste qui va un peu plus accentuer le mal terrible qui ronge l'apprentissage de nos élèves : la dilution des connaissances.
Avec l'expérience, je suis absolument convaincu que cette manière d'enseigner, d'aller vers une pluridisciplinarité à outrance, évacue la notion même de discipline et fait perdre de vue à l'élève pourquoi on doit étudier la grammaire, l'histoire, la physique, en tant que tels. On perd ce qui était indispensable selon moi : des repères basiques intangibles pour montrer à l'élève qu'une discipline, avant de servir dans les autres, doit d'abord être un apprentissage qui se suffit à lui-même. On le voit déjà dans l'enseignement du français où, depuis une quinzaine d'années, l'enseignement avec des séquences a clairement montré ses limites, notamment dans l'étude de la langue, raccrochée bien souvent très artificiellement à des enjeux plus globaux. Avec cette réforme, on n'y perd non seulement son latin (au sens premier comme second) mais toute la spécificité propre et inhérente à une matière.
Est-ce aller dans la direction d'un enseignement exigent ? je suis loin d'en être convaincu...
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