On parle beaucoup de cette série de livres car l'ultime volume est paru fin mars. En tête de gondole dans les hypers, à la meilleure place dans les librairie (juste devant la caisse à la librairie Rimbaud de Charleville), c'est l'un des événements littéraires de ce printemps...
Un brin réservé, j'ai donc lu le premier tome... Long à se mettre en place. Evidemment, faut recréer le décor préhistorique, donner une chair littéraire à ce petit être qu'est Ayla, petite fille Cro Magnon recueilli par un clan d'hommes de Néandertal. Faut aussi, admettre que ce n'est pas un roman historique, que les dialogues vocaux sont en fait des dialogues gestuels... Bref, le lecteur doit vraiment faire un effort et imaginer ses ancêtres.
Ce livre illustre une thèse que la plupart des spécialistes accrédite : Néandertal n'a pas disparu de la terre, remplacé par Cro Magon. Non, ce dernier a absorbé le premier. Ayla incarne cette absorption. Au sein du clan de l'ours de la Caverne, qui l'a recueillie, elle bouleverse l'ordre établi : elle parle, n'est pas voûtée et est donc plus grande que ses sauveurs. Surtout, là où Néandertal a fini d'évoluer, elle est intelligente, dans le sens où elle sait s'adapter sans cesse, apprendre, et, notamment, apprendre plus vite que les autres.
Au final, l'homo sapiens sapiens que je suis s'est plu à lire les aventures d'une des premières homo sapiens... L'épilogue de ce premier volume est, malgré tout, trop prévisible...
"La richesse de cette terre était infinie, et l’homme ne représentait qu’une part infime de la vie multiforme de l’ancien jardin d’Eden. Créature chétive, hors la taille de son cerveau, il était le moins doué des chasseurs. Mais malgré son manque de griffes et de crocs, la lenteur de sa course et sa dérisoire agilité, le prédateur bipède avait eu tôt fait de gagner le respect de ses concurrents quadrupèdes. Son odeur seule suffisait à éloigner tout animal d’envergure ayant vécu dans le voisinage de l’homme. Les chasseurs du clan étaient aussi aptes à se défendre qu’à porter l’attaque quand la sécurité du clan était menacée et, lorsqu’ils désiraient quelque belle fourrure pour l’hiver, ils n’hésitaient pas à traquer les félins les plus redoutables."
"Leur adaptation était lente. Les inventions étaient toujours le fruit d’un hasard, et encore n’étaient-elles presque jamais utilisées. Changer leur coûtait trop d’effort, et une race qui n’avait pas de place pour des connaissances nouvelles, pas de place pour évoluer, se retrouvait désarmée face à un environnement en évolution constante. Leur développement était achevé, du moins dans la direction qu’ils avaient prise de corps et d’esprit. Il ne pourrait y avoir de progrès pour l’espèce que sous une forme nouvelle, un nouveau spécimen."
"son origine étrangère, dans sa naissance chez les Autres. Elle représentait une nouvelle race, plus jeune, plus vigoureuse, plus dynamique, moins conditionnée par les acquis de la mémoire. La morphologie même de son crâne annonçait une nouvelle intelligence. Il naîtrait de son cerveau des idées comme le Peuple du Clan ne saurait même en rêver. La race d’Ayla appartenait à l’avenir, celle du Clan était déjà du passé."
"Six hommes, ridiculement petits comparés à leur proie, venaient, à force d’intelligence, de ruse et de courage, de tuer la puissante bête. Broud bondit sur le rocher à côté de Brun, puis grimpa sur la gigantesque femelle. En un clin d’œil, Brun le rejoignit, suivi de près par les quatre autres chasseurs qui donnèrent libre cours à leur joie en dansant sur le dos du mammouth terrassé."
"Il suffisait à cette étrangère d’apparaître pour que tous les regards se tournent vers elle. Elle avait un totem très puissant ; elle vivait dans le foyer de Mog-ur, qui l’aimait de tout son cœur ; elle avait toutes les chances de devenir une grande guérisseuse ; elle avait sauvé Ona de la noyade, Brac des crocs d’une hyène, grâce à sa stupéfiante habileté à la fronde, et voilà que maintenant elle revenait saine et sauve du monde des esprits. A chaque fois que Broud avait fait preuve d’un grand courage, elle avait détourné à son profit l’admiration et la reconnaissance du clan."
"Cette race d’hommes qui avait assez de conscience sociale pour veiller sur les faibles et les malades, assez de spiritualité pour enterrer les morts et vénérer un grand totem, cette race d’hommes aux cerveaux volumineux mais démunis de lobes frontaux, qui ne réalisa guère de progrès pendant près de cent mille ans, était condamnée à disparaître, au même titre que le mammouth et le grand ours des cavernes."
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Merci d'avoir laissé un commentaire. Il sera validé dans les plus brefs délais.