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"Les points sur les i", petit blog péda(nt)gogique lié à mon métier de prof de français. En 2021, j'attaque ma 22ème rentrée : la huitième dans la Manche, après neuf ans dans les Ardennes et plusieurs années en lycée et collège aux alentours de Dieppe. Cette interface est un lieu pour proposer des éléments (plus ou moins) en rapport avec les cours que j'inflige à mes élèves : cahiers de textes, documents complémentaires, billets d'humeur et partages de mes lectures personnelles... Bonne visite !

René Tardi

Je finis à l'instant les deux volumes que Tardi a consacrés au récit que son père lui a légué au sujet de la guerre. La Seconde. Et, c'est inhabituel, on retrouve Tardi à dessiner la guerre de 40, lui qui est particulièrement renommé dans les scènes qu'il présente de la Première Guerre Mondiale.


Son père, René Tardi, s'est engagé dans une unité de chars avant la guerre. Le premier volume évoque donc la débâcle de juin 40, le transfert vers l'Allemagne de René devenu prisonnier de guerre et les cinq années de stalag. 180 pages et le parti pris est d'accompagner les planches de textes fournis, de la main du père de Tardi. C'est donc dense et plutôt intéressant surtout que Tardi est un amoureux du plus petit détail.

Le second volume, plus court, m'a paru vraiment long. C'est l'errance des prisonniers, trimbalés d'un coin à l'autre de l'Allemagne par les soldats allemands, pris en étau par la conquête des Soviétiques et des Alliés. J'ai nettement moins adhéré. Peut-être aussi que la mise en page de trois vignettes par page, essentiellement en noir et blanc, est un peu monotone à la longue et le parti pris narratif un peu répétitif : Tardi, enfant, accompagne son père sur l'essentiel des planches...

Une pensée pour mon grand-père maternel qui, fait prisonnier en 1940, a réussi à s'évader avant son transfert en Allemagne en traversant la Meuse à la nage...

Brevet 2017

Pour bien parachever le passage du rouleau-compresseur de la Réforme du collège qui entrera en vigueur, d'un coup, pour TOUS les niveaux à la rentrée de septembre 2017, les textes officiels concernant le futur Brevet (celui que passeront les quatrièmes actuels) sont sortis et ont été relayés ces dernières heures sur le compte Twitter d'Eduscol.

Ces instructions sont à lire ici.

Trois épreuves remplaceront les quatre actuelles qui étaient, je le rappelle, l'oral d'histoire des arts et, vieilles comme Mathusalem, les trois épreuves écrites de français, de maths et d'histoire. La session 2017 sera composée d'une épreuve orale pour évaluer les travaux pluridisciplinaires (les EPI) effectués par l'élève durant sa scolarité au collège (pas uniquement en troisième) et deux épreuves écrites : une de maths / SVT / physique et une de français / histoire / géo / EMC.

Trois réflexions me viennent d'emblée à l'esprit :

1. La volonté farouche d'imposer la Réforme et de lui donner une finalité est manifeste puisque les textes concernant le futur Brevet paraissent plus d'un an avant l'échéance. Une telle anticipation est exceptionnelle.

2. L'épreuve orale validera les travaux pluridisciplinaires de l'ensemble de la scolarité au collège (les fameux EPI) Comment cela va-t-il se passer pour un élève qui changera d'établissement en cours de scolarité au collège ?

3. Je ne veux préjuger de rien mais, en gros, à l'écrit, on a une épreuve littéraire et une épreuve scientifique. L'intention est peut-être louable d'étendre les attentes pour aller plus loin que ce qui est proposé actuellement même si, comme l'immense majorité des collègues, je déplore la pauvreté hallucinante des attentes de l'épreuve de français telle qu'elle est actuellement proposée aux candidats.
Néanmoins, je m'inquiète fortement, encore, car ces épreuves risquent de devenir une sorte de fourre-tout indigeste qui va un peu plus accentuer le mal terrible qui ronge l'apprentissage de nos élèves : la dilution des connaissances.
Avec l'expérience, je suis absolument convaincu que cette manière d'enseigner, d'aller vers une pluridisciplinarité à outrance, évacue la notion même de discipline et fait perdre de vue à l'élève pourquoi on doit étudier la grammaire, l'histoire, la physique, en tant que tels. On perd ce qui était indispensable selon moi : des repères basiques intangibles pour montrer à l'élève qu'une discipline, avant de servir dans les autres, doit d'abord être un apprentissage qui se suffit à lui-même. On le voit déjà dans l'enseignement du français où, depuis une quinzaine d'années, l'enseignement avec des séquences a clairement montré ses limites, notamment dans l'étude de la langue, raccrochée bien souvent très artificiellement à des enjeux plus globaux. Avec cette réforme, on n'y perd non seulement son latin (au sens premier comme second) mais toute la spécificité propre et inhérente à une matière.
Est-ce aller dans la direction d'un enseignement exigent ? je suis loin d'en être convaincu...

Hommes du Nord

Les Normands, les Hommes du Nord !

Cela fait un petit bout de temps que je cherche un bouquin sérieux sur l'épopée des Normands. Je suis tombé, un peu par hasard, sur ce livre de François Neveux, chercheur à l'université de Caen.


Le livre est plutôt concis pour relater 5 siècles d'Histoire en 200 pages. Le style est un peu abrupt mais le but n'est pas de faire de la littérature. Et c'est un très bon livre qui remplit parfaitement sa fonction.

Je dois dire que, si cette aventure est avant tout une aventure guerrière, je suis absolument fasciné par ces conquêtes normandes, par ces hommes qui, comme Rollon ou Guillaume le Conquérant ont été visionnaires dans l'organisation à donner à un territoire, à l'unifier, parfois à le pacifier. Il faut aussi citer Henri Beauclerc, moins connu, dernier des fils de Guillaume, qui régna avec brio sur les terres anglo-normandes, parachevant l'oeuvre initiée par Rollon et, malheureusement, escamotée par le prince Jean - le fameux Prince Jean de Robin des Bois ;-) Avec son mariage avec Aliénor, Henri règne sur un territoire immense qui inclut l'Angleterre, la Normandie et l'Aquitaine.

Puis Philippe-Auguste est passé par-là, a reconquis la Normandie au duc de Normandie, vassal richissime et bien encombrant car lui-même Roi d'un autre pays.

Rouen est évidemment mentionnée à de nombreuses reprises : "capitale" de cette grande Normandie désormais récemment réunifiée en une grande Région, correspondant grosso modo au territoire que le fils de Rollon a achevé de conquérir.

A Rouen, la tour Jeanne-d'Arc, abusivement appelée ainsi car ce n'est pas celle qui abrita les derniers jours de la Pucelle, rappelle la volonté du Roi de France de maintenir la Normandie dans le Royaume de France après sa reconquête... Les boulevards rappellent le tracé des remparts édifiés à cette époque, parfois encore visibles (près du Boulingrin, juste derrière le garage Peugeot)


Il y a aussi l'église Saint-Gervais sur les hauteurs de Rouen où une plaque rappelle le souvenir de l'agonie de Guillaume, mort dans le prieuré rouennais, après une mauvais blessure reçue lors d'une bataille pour mater une rébellion de l'un de ses seigneurs.


La cathédrale accueille la dépouille de Rollon le converti au christianisme (et de son fils aîné, il me semble, dans la travée nord du transept) et le coeur de Richard Coeur de Lion, arrière petit-fils de Guillaume.

Verdun

Bon, je n'arrête pas de poster des sujets sérieux ces derniers temps ;-)

En voilà un autre.

Verdun. France 2 diffusera dimanche soir le documentaire "Apocalyspe". Il s'agit d'une célèbre série qui propose de revivre de grands événements historiques en dépoussiérant des films d'archives dégradés ou inédits.

La série a été inaugurée il y a plusieurs années par les débuts de l'aviation, de mémoire. Elle s'est ensuite intéressée aux conflits du XXème siècle. Et, maintenant, Verdun. Le documentaire est visible en avant-première sur le site officiel dédié à l'émission. C'est ici.

Verdun, j'y suis allé à plusieurs reprises. Avec les élèves et à titre personnel deux fois.








A chaque fois que j'y suis allé en privé, c'était par un temps exécrable, à cette période, en février. Il neigeait. J'étais seul sur les hauteurs de Verdun, près de Douaumont, et pour cause, il fallait un vrai 4x4 pour y accéder ! L'atmosphère était glaciale, lugubre, dans tous les sens du terme. N'oublions pas que Verdun est une nécropole à ciel ouvert et que seuls les moins malchanceux ont eu droit à une sépulture digne de ce nom. La plupart des soldats, quel que soit leur camp, sont ensevelis, ici et là.

De nombreux panneaux rappellent le respect dû à ces morts. C'est très impressionnant. La première fois que j'y suis allé, je me suis aventuré à pied sur un chemin tortueux, non loin d'un petit étang auprès duquel un panneau rappelle la mort d'un aviateur.

J'étais seul au milieu de la neige qui voletait et s'accrochait aux branches des arbres qui ont probablement repoussé depuis le désastre de 1916. Parce que, à Verdun, en moyenne, c'est un obus au mètre carré qui est tombé. Le silence était absolu. Curieusement, j'étais bien, dans ce lieu, peut-être parce qu'il peut nous faire percevoir la chance inespérée que nous avons de ne plus connaître de conflits aussi violents sur nos terres et, cela, probablement, invite à une certaine méditation sereine.

Médiathèque des Pieux

Je suis enfin allé découvrir la médiathèque des Pieux, incité par mon fils qui, avec l'école, y va régulièrement. Cette médiathèque est une mine et, je le sens, va bientôt être la seconde maison des Rio ;-)

Je redécouvre le plaisir d'ouvrir un livre, moi qui, depuis plusieurs années, suis plutôt adepte du livre électronique.

J'ai donc attaqué un bouquin sur l'histoire de la Normandie : L'aventure des Normands. C'est très riche et très instructif.

J'ai emprunté, pour la suite, les mémoires du couple Klarsfeld, c'est un sacré pavé.

Je lis aussi, de manière plus légère, quelques BD. J'ai lu les deux premiers volumes de "Ils étaient dix", d'Eric Stalner. Cela se lit. J'aime bien tout ce qui a trait à un contexte historique précis, en l'occurrence la retraite de Russie. Ce matin, j'ai emprunté "L'homme de l'année : 1431" qui évoque la manière dont Jeanne-d'Arc a été faite prisonnière.


Vous aurez reconnu une représentation de Rouen à l'époque médiévale. Malheureusement, grosse boulette, la cathédrale est ornée de sa flèche alors qu'elle n'a été ajoutée qu'au XIXème siècle par l'architecte Viollet-Leduc - flèche qui a failli disparaître lors de la tempête de 1999, affaissant son socle et occasionnant d'importants dégâts.

Le site de la médiathèque des Pieux est ici.

Je mets à jour mes lectures et mes envies sur mon profil Goodreads depuis plusieurs années, également accessible sur la partie droite de ce blog. C'est ici.

Bonne fin de vacances ;-)

SR

Lire ? - Lire !

Récemment, en réunions parents-profs, plusieurs parents m'ont interpellé : "Quelles lectures conseilleriez-vous à mon enfant ?"

En voilà une question qu'elle est bonne ? C'est assurément une question pertinente tant elle est récurrente, et montre - c'est déjà ça - que les parents s'inquiètent parfois de la léthargie de leur enfant face à cette activité si noble et si enrichissante qu'est la lecture - ou bien, c'est le cas parfois, ils trouvent que les bouquins que je choisis sont nuls. Dans Comme un roman, Daniel Pennac (ancien prof de français) rappelle que le premier droit du lecteur est de ne pas lire - ça commence bien !

Je suis d'accord avec lui. A ce titre, c'est le cas de le dire, au lieu de nous pondre une réforme du collège ahurissante de bêtise(s), on aurait mieux fait de réfléchir à une refonte totale de la manière d'enseigner le français et, probablement, l'approche de l'acte de lire et de l'acte d'écrire. La séquence a montré ses limites et, au coeur de cette problématique de la séquence, le "lire" a fait long feu, assimilé à une simple performance : il FAUT lire trois livres en classe et trois livres de manière cursive dans l'année. Ouf, si on y est arrivés, c'est génial ! Si l'élève n'a rien pigé, ce n'est pas grave, au moins l'honneur est sauf, il a lu ses six fichus bouquins (on pourra toujours dire à l'inspecteur qu'on a rempli le contrat). Est-ce ainsi que l'on va développer ou entretenir l'envie de lire ? J'ai comme un doute...

Quand j'étais moi-même collégien, ça ne rigolait pas. Je me souviens de Racine, de Zola et de Corneille en troisième (et pas en versions expurgées !) Il faut dire que, alors, forgés par une méthode d'apprentissage de la lecture impeccable, nous savions tous lire couramment, sans heurter les mots, en comprenant le sens du texte et armés d'un lexique pour comprendre les classiques. Je ne dis pas que c'était mieux avant - en fait, si ! c'était mieux avant ;-) J'ai mal pour mes élèves, souvent, quand le lecture d'un texte d'une vingtaine de lignes, en classe, est pour eux si fastidieuse, si vide de sens, à tel point que, un jour, au Brevet, ils plancheront sur un texte purgé de son sens, amenés à répondre à une sorte de ramassis de questions d'une simplicité si débilisante qu'elle va donner à chacun bonne conscience : ouf ! les élèves ont pigé le texte ! vous voyez, ça ne sert à rien de vous alarmer, tout baigne, tout est sous contrôle (avec accent) !

Je m'éloigne du sujet ? Ah bon ? Pas tant que ça... Le gars qui n'aura jamais appris à sauter une haie détestera le 110 mètres-haie, le gars (ça, c'est moi) à qui on aura jamais pris le temps d'expliquer comment équilibrer une équation-bilan haïra la physique... Quiconque sait approximativement lire (c'est-à-dire la majorité de mes élèves) sera rebuté par la simple couverture d'un livre à ouvrir, encore plus si l'auteur s'appelle Zola ou Hugo car les préjugés intellectualistes de la littérature ont la vie dure.

Alors, que conseiller à mes élèves ? Je n'en sais rien ! Il faut qu'ils trouvent une voie qui leur plaît. Ces derniers temps, tout ce qui est Hunger games, Harry Pot-de-fleur et autres de la même veine (de vampire) ont fait les délices de nos chères têtes blondes.

Personnellement, même si je me suis fait étriller par un lecteur de ce blog à ce sujet, je n'ai aucun problème à lire du Hugo ou du Lévy. Quand je vais voir un film au cinoche, je me fous de savoir si le film est nickel, un modèle de mise en scène, j'attends qu'il me plaise. Et bien, moi, j'emmerde les gens qui vomissent certains auteurs sous prétexte que c'est de la soupe, beurk, pas bon, vous n'avez pas honte ? Honte de quoi, au fait ? Cette approche pédante, arrogante, suffisante de la lecture a fait déserter les élèves des filières littéraires en leur donnant une dimension aussi caricaturale qu'absurde.

Je dis à ceux qui lisent ce blog (80 visites quotidiennes) : lisez ce que vous voulez !

"Oui, mais par où commencer ?"

Je ne sais pas, moi ! tenez, prenez du Tatiana de Rosnay. J'adore, c'est simple, prenant, beau. Elle s'appelait Sarah : les élèves plébiscitent. Rose, Boomerang,.. Anna Gavalda et, oui ! Les Enfants de la liberté de Lévy, rien que pour emmerder les grinchouillards ! Il y a à prendre dans la littérature contemporaine : Adam, Binet (HHhH : un bijou !), même chez nos amis anglo-saxons comme Ken Follett ou Hemingway ou Steinbeck (Des Souris et des hommes fait un improbable tabac, ça plaît aux élèves). Mais oui, Rosnay, voilà une femme qui écrit bien et qui est très accessible aux ados ! Ajoutons Pennac et les aventures de Malaussène, complètement déjantées ! Plus sérieusement, Pagnol, un conteur inégalé. Il y a matière à lire du côté de Schmitt (La Part de l'autre) ou de Daeninckx (ses nouvelles ou bien Itinéraire d'un salaud ordinaire)

Les classiques ? Ah oui, du latin "classicum", ceux dignes d'être étudiés en classe, l'élite - c'est quoi l'aune, la jauge d'une élite ? Un effet de mode (je pense à Sartre, plébiscité un temps et quasiment voué aux gémonies de nos jours) ? un auteur confirmé dans le temps ? Allons-y pour Céline qui fut pour moi un choc quand je l'ai découvert en première. Mais bon, on l'a banni, peu fréquentable (c'est vrai, son antisémitisme est une faute lourde, pareil pour son racisme et sa mysoginie) mais génial artisan des mots. N'oublions pas Zola (en troisième, j'avais lu tous les Rougon-Macquart) avec L'Assommoir qui passe généralement bien auprès des élèves, Balzac, Flaubert, Maupassant et, encore le maître pour moi, Hugo.

Il faut surveiller les prix littéraires et, notamment, le Goncourt des lycéens qui couronne souvent une valeur sûre (même si je n'ai pas réussir à venir à bout du dernier Delphine de Vigan qu'il a consacré il y a quelques mois)

Côté littérature jeunesse ? Bibliothèque, médiathèque, CDI pour piocher des infos et des conseils auprès du professeur-documentaliste. La littérature jeunesse est intarissable et c'est d'ailleurs la manne du public jeune qui permet à bien des maisons d'édition de survivre...

Ai-je répondu aux interrogations de mes parents d'élèves ? Bien partiellement, je le crains. Je n'ai pas de vérité. J'essaie, à ma modeste échelle, de faire aimer des livres à mes élèves. Parfois, souvent ? (ah ! les fameuses digressions de Monsieur Rio !), je m'éloigne de mon cours, je leur parle d'un bouquin, je leur montrer qu'on peut aimer lire, que c'est une source d'ouverture, que ce n'est ni ringard ni has-been.

Même si, un bouquin, ça ne s'allume pas avec un interrupteur comme un iPad ou une Wii-U.

SR

Ouvrons-la !

Petit oubli de ma part : j'ai omis de partager le fichier des lettres ouvertes de mes 4D des Pieux. Je remets ici le fichier des 4C. Bilan, on a dans l'ensemble des textes intéressants et, même, pour certains, des lettres très engagées et très convaincantes, sur des sujets multiples et variés. J'ai réellement apprécié l'aspect hétéroclite des sujets retenus par mes élèves.

Lettres des 4C : ici

Lettres des 4D :

Bravo à eux !

Comme d'habitude, quand je reprends des sujets d'élèves dans un format diffusable, je n'amende que très peu les travaux. C'est donc, de manière assez brute, avant tout les rédactions des élèves que je vous propose.

Bonne lecture et bonnes vacances. Pour ma part, le devoir commun des quatrièmes des Pieux est bouclé, la séquence 5 des 5B de Charcot (consacrée à Yvain ou le Chevalier au lion) est terminée et j'attaque demain la séquence 5 qui sera commune à mes trois quatrièmes autour du Cid pour laquelle je vais reprendre les grandes lignes des cours que j'avais élaborés pour le CNED sur cette pièce de théâtre. Ensuite, je reprends le travail que j'ai commencé pour un spectacle autour de Maupassant dont on m'a demandé de rédiger les textes - j'en reparlerai ultérieurement.

SR

Simples d'esprit !

Simples d'esprit... Non, ce n'est pas une dédicace ironique à mes élèves...

Tout à l'heure, je faisais la route depuis Rouen jusque dans les Ardennes, les yeux rivés à cette route que connais par coeur, à écouter de la musique.

Deezer m'a joué "Hunter and the hunted" de Simple Minds, live de 82, la préhistoire, en somme. Les esprits simples. S'il y a bien un groupe qui doit beaucoup à David Bowie, récemment disparu, ce sont bien eux puisqu'ils ont même emprunté leur nom à un vers d'une chanson de leur idole.


C'est en 1991, un peu après la bataille, que je suis devenu fan absolu de ce groupe qui clôturait une décennie de succès démentiels portés par des albums restés mythiques (même si "Don't you", le tube planétaire des Minds ne figure sur aucun album) comme "New gold dream" ou "Once upon a time". Epoque bénie où Simple Minds et U2 étaient les deux plus grands groupes du monde, remplissant les stades, enchaînant les tubes, fers de lance des concerts caritatifs du Live Aid ou du Mandela Concert (Simple Minds ont été les seuls artistes à écrire des chanson exprès pour cette occasion), porte-paroles de Greenpeace ou Amnesty International. Une époque où les groupes pouvaient durer, ce qui n'est plus vraiment le cas aujourd'hui.

1991, donc. J'étais en troisième et mon père m'a emmené les voir à Bercy - semaine incroyable car j'avais enchaîné Bercy le mardi, l'obtention de mon Brevet le samedi et le GP de France de F1 à Magny-Cours le dimanche.

Le 2 juillet, un Bercy archi-comble. Inoubliable. Jim Kerr et les siens dégagent une énergie phénoménale sur scène et, il faut le dire, c'est un chanteur exceptionnel. Charles Burchill, le guitariste et compositeur, est surréaliste et Mel Gaynor, à la batterie, a longtemps été considéré comme l'un des meilleurs batteurs au monde. Pour moi, c'était le premier d'une trentaine de concerts : Olympia, Zenith, Bercy, festivals improbables en Bretagne, Belgique au Forest ou à l'Ancienne Belgique ou à Tienen ou au Classic TW de Werchter. J'ai écumé les routes pour assouvir cette passion.


Outre le Bercy de 91, Tienen, en 2004 fut exceptionnel, le groupe qu'on avait voulu enterrer était bien là. Bel et bien ressuscité depuis l'automne 2003 avec une tournée particulièrement réussie mêlant judicieusement les classiques, les nouveaux titres et des morceaux bien plus anciens comme "Sweat in bullet".

J'ai souvenir d'un concert en 2006, je pense, à côté de Metz : le groupe jouait quasiment dans une salle des fêtes. Premier rang, j'étais à un mètre du guitariste. Au fil des concerts, une véritable communauté de fans s'est constituée, relayée par un Internet encore balbutiant, et nous avions l'habitude de nous retrouver avant ou après les concerts. J'ai de grands souvenirs de cette époque, du début des années 2000. J'étais, en plus, l'instigateur de l'un des trois grands sites dédiés au groupe et je m'étais spécialisé dans la collecte et la redistribution (gratuite) d'enregistrements pirates de concerts (les bootlegs) C'était passionnant, très chronophage, j'ai arrêté il y a quelques années, en partie démotivé par l'évolution du groupe qui est devenu, sur scène, l'ombre de lui-même. A un moment donné, il faut savoir s'arrêter. Jim Kerr est un leader hyper charismatique mais il a pris un sacré melon et, à ce concert de Metz, a refusé de me signer un autographe, prétextant qu'il était pressé (nous étions une douzaine à l'attendre après la balance, dehors, devant la salle, il a signé trois ou quatre autographes et s'est barré) : ce jour-là, j'ai compris qu'il fallait prendre des distances. Surtout que Jim Kerr jouait avec nos nerfs, tolérant la diffusion des bootlegs un jour, la critiquant le lendemain (on était en plein débat sur la diffusion de la musique en ligne avec le site Napster et l'apparition du peer-to-peer). Après 2006, j'ai cessé quasiment définitivement les échanges de bootlegs, les remasterisations et les montages-vidéos (ah le Roma 2006 et le Saint-Hernin 2004 !)

Après la diffusion de Hunter sur mon Deezer, j'ai regardé ce que j'avais sur la clé USB de l'autoradio et j'ai mis un live qui a dix ans quasiment jour pour jour. Il s'agit du concert de l'Ancienne Belgique qui a fait l'objet d'un enregistrement officiel et commercialisé seulement sur Internet, très soigneusement remasterisé comme tous les lives du groupe (parfois trop). J'y étais, avec d'autres. Le mois suivant, on faisait l'Olympia, concert un peu gâché par des problèmes techniques (le son a sauté totalement pendant plusieurs minutes).

Ce live m'a porté 15 ans en arrière... Je n'avais pas écouté un concert du groupe depuis longtemps... Ce n'est pas le meilleur, du reste.

Je n'irai probablement plus les voir en concert, c'est ainsi. De même que c'est sans regret que, pour la première fois depuis 2001, je ne suis pas allé à un concert de U2 pour la dernière tournée.

Bonnes vacances !

Lettres ouvertes 4C

Bonsoir,

J'ai compilé tous les fichiers de lettres ouvertes de mes 4C des Pieux. Cette rédaction a constitué le point d'orgue de la séquence sur l'épistolaire. Certaines lettres sont vraiment de qualité.

A lire ici !

Bonne lecture !

SR