Bienvenue !

"Les points sur les i", petit blog péda(nt)gogique lié à mon métier de prof de français. En 2021, j'attaque ma 22ème rentrée : la huitième dans la Manche, après neuf ans dans les Ardennes et plusieurs années en lycée et collège aux alentours de Dieppe. Cette interface est un lieu pour proposer des éléments (plus ou moins) en rapport avec les cours que j'inflige à mes élèves : cahiers de textes, documents complémentaires, billets d'humeur et partages de mes lectures personnelles... Bonne visite !

Neige !

Passage éclair dans les Ardennes, depuis Rouen. Route inégale avec pas mal de neige du côté de Neufchâtel, Maubeuge et la Belgique. Les Ardennes françaises ont été relativement épargnées, une fine pellicule recouvre le sol.

Petite vue du château de Hierges dont j'ai souvent parlé à mes élèves et qu'on visitait quand j'étais prof à Vireux. C'est un édifice qui a une longue histoire, planté sur un mont qui a été initialement un camp romain, puis devenu forteresse médiévale (je n'ai plus la trame en tête mais c'est en liaison avec les Croisades).


Vue du pont qui enjambe la Meuse et qui relie les deux Vireux : Wallerand et Molhain. Souvenir d'un temps où il me fallait moins de cinq minutes pour me rendre au collège...


Enfin, vue du fond de Molhain, avec la collégiale et la maison. Peu de neige mais grand froid. Le record, c'était, de mémoire, en janvier 2008, le mercredi de la rentrée, si mes souvenirs sont bons, -17° : toutes les canalisations avaient gelé, au garage, à la cave, à la buanderie !


Et comme il faut être sérieux, aussi, sur ce blog, petit moment de culture sur le flocon de neige ;-)


Aux sources de la Normandie !

Promenade matinale hier dans Rouen endormie.


Première pause dans la quartier Saint-Gervais, celui de mon enfance, sur les hauteurs de Rouen, au-dessus des boulevards. L'église Saint-Gervais ne casse pas des briques mais elle a été édifiée sur les ruines d'un prieuré devant lequel Guillaume le Conquérant est tombé de cheval, chute qui lui a été fatale. J'ai raconté cette anecdote, en début d'année, à des élèves qui ne m'ont pas cru. Voici donc la preuve en images.



Seconde pause à la cathédrale. Depuis le temps que j'en parle. J'y étais au moment où les chalets du marché de Noël commençaient à s'animer. Cette cathédrale est magnifique. Le portail, asymétrique, rappelle que la construction a duré plusieurs siècles et que les fonds ont manqué pour financer l'ouvrage. L'édification a donc duré et le résultat montre l'évolution des styles architecturaux au fils des siècles.


L'intérieur est splendide. Du pur gothique flamboyant ! Les ouvertures sont ornées, pour la plupart, de vitraux polychromes du plus bel effet. Au fil de la visite, plusieurs panneaux rappellent le martyr de Jeanne d'Arc, la lecture qu'il faut faire des vitraux comme une bande dessinée...


Plusieurs gisants sont disposés le long de l'allée déambulatoire. Parmi eux, deux doivent retenir l'attention. Il y a d'abord le sarcophage qui contient le coeur de Richard Coeur de Lion, roi d'Angleterre et Duc de Normandie, mort en France. Il y a aussi le corps de Rollon. C'est en quelque sorte le créateur de la Normandie bientôt réunifiée dans le cadre de la réforme territoriale. Déferlant sur le territoire "français", avec leurs drakkars, les Vikings de Rollon menacent les terres du roi Charles le simple. Pas si simple que cela, le roi négocie avec Rollon. Le "deal" est le suivant : "tu restes en aval de Paris et je te donne les terres qui vont jusqu'à la mer". A l'aube de l'an 1000, La Normandie venait de naître. Rollon, à sa mort, est inhumé en ce lieu où il a été vraisemblablement baptisé. Il est à l'origine de la dynastie des Ducs de Normandie, qui firent trembler les rois de France et qui, un temps, régnèrent sur l'Angleterre.



J'ai cherché en vain hier dans les librairies des bouquins sur Guillaume le Conquérant et toute cette période qui a fondé la Normandie. Je vais persévérer. J'ai lu tout récemment que Rouen allait célébrer justement les Vikings cette année avec, notamment, un spectacle projeté sur le portail de la cathédrale cet été - pour remplacer celui dédié aux cathédrales de Monet qui est proposé depuis plusieurs années déjà.

Monstre !

Une légende du rock s'en est allée...

J'écoutais en boucle son "Best of" l'année où je préparais le CAPES. Regret de ne l'avoir jamais vu en concert.

Morceau choisi, une chanson écrite pour lui par Bryan Adams.



Noël !

Etrange de tomber sur cet article !

Alors, Docteur Maboul, j'ai eu ; Kiki, j'ai eu ; Bisounours, ma soeur a eu ; Petit Poney, ma soeur a eu... Pas vraiment de console de jeux chez les Rio mais, pour mon Noël en cinquième, j'ai eu un fabuleux Amstrad CPC 6128 - c'était alors l'ordinateur de jeux dont tout le monde rêvait !


Souvenirs d'heures de montage de Légo avec mon père, particulièrement le château-fort. J'assure la relève avec mon fils, désormais !

Et puis, Noël 1993, première vraie guitare à moi, dans son magnifique étui : une fabuleuse Strato American Fender sunburst sur laquelle je joue encore.

De Noël, tous ces instantanés empreints de nostalgie, des photos cornées maintenant par l'absence d'êtres chers et des souvenirs rongés par ce temps qui file trop vite...

Et des moments incomparables à inventer à mon tour pour mes enfants, beau WE à Paris, Batobus sur la Seine, illuminations de Noël, Disney on ice pour les filles et Cité des enfants pour mon fils et moi - avec l'actrice qui joue Ninon dans Poubelle la vie dans notre groupe, pour faire un peu "people ;-) C'est à faire, la Cité des enfants, plein d'activités qui ont beaucoup plu à mon fils : jeux d'eau, expériences sur le corps humain, technique du fond vert, robotique, etc. Difficile de tout faire à fond dans le temps donné...



Nous sommes entrés dans Notre-Dame. Cela faisait des lustres que j'y étais allé. Il y a longtemps, avec mon père, je suis monté dans les tours. Je n'aime pas trop l'intérieur de cette cathédrale, trop symétrique, trop terne. Le bâtiment lui-même, je l'ai toujours trouvé d'une trop sévère rigueur... Je serai à Rouen la semaine prochaine et, promis, je vous emmène à l'intérieur de la cathédrale !

Il y a quelque temps, j'ai écrit un petit texte sur la magie de Noël, truffé de références aux Ardennes : à découvrir ici.

D'ici là, bon Noël, ne martyrisez pas trop les dindes (mes élèves comprendront) !

SR

Liberté d'expression...

Le moins que l'on puisse dire est que le sujet d'argumentation que j'ai donné aux 3B de Le Corre et de Charcot est tout à fait d'actualité !

Au sujet de la liberté de s'exprimer, de l'engagement journalistique, deux exemples glanés sur mon Twitter ces derniers jours...

Un pépin dans la pomme : ici.

Et puis le bilan affligeant des attaques contre les journalistes dans le monde cette année...


Merci !


C'était Papa Noël avant l'heure en salle A12 au collège Charcot ;-)

Goûter-surprise organisé par les élèves, plein de délicates attentions. Cela me rappelle une certaine classe de 5è5 en 2001 ou de 3è3 en 2009 !

Merci, cela me touche beaucoup...

Bonnes fêtes à tous !

Et pour l'esprit de Noël, adapté du célèbre Conte de Noël de Charles Dickens, mon (presque) préféré dessin animé de Walt Disney : ici.


Petit clin d'oeil de Noël aux Ardennes avec la maison de Vireux sous la neige, souvenir des 40 centimètres de neige le jour de Noël 2010 ;-)


Bonnes vacances !

Sébastien RIO

UNICEF

Il y a un thème dont nous parlons régulièrement en français : c'est la place des enfants dans le monde, dans la société.

C'est d'autant plus évident d'en parler en français que le premier a avoir évoqué cette question progressiste des droits de l'enfant est Victor Hugo. Il l'a dit dans l'un de ses discours politiques et, bien sûr, dans plus d'une oeuvre, il montre des enfants que l'éducation va sauver : ainsi, dans Les Misérables, Gavroche mourra mais Cosette, à qui Jean Valjean apprendra à lire et à écrire, survivra. A relire ici, "Melancholia", le magnifique poème de Victor Hugo qui fustige le travail des enfants... en France !

Il a quelques semaines, nous avons célébré - discrètement - le vingt-cinquième anniversaire de la convention des droits de l'enfant.

Tout récemment, l'UNICEF a publié son rapport, toujours affligeant, sur la situation des enfants dans le monde.

La présentation de ce rapport peut être lue ici. Le rapport insiste, cette année, sur les enfants vivant en zone de conflits et frappés par les épidémies comme le virus Ebola.

Ce n'est pas anodin que le prix Nobel de la Paix ait été décerné, cette année, à Malala, jeune Pakistanaise, victime d'un attentat chez elle, qui mène un combat périlleux et tellement évident pour l'accès des filles à l'éducation. Article du "Monde" à lire ici.




Téléchargement !

Petit sujet complètement d'actualité diffusé au JT de TF1 sur le téléchargement, le streaming, tout ça...

A découvrir ici.

Je pense que ça va servir de support pour travailler l'ouverture de la conclusion avec les 3D ce matin ;-)

Profs !

Je chambre parfois un peu mes élèves en leur disant : "vous verrez, un jour, quand vous serez tous profs..." Peu ou pas de succès. La crise des vocations, durement ressentie au concours. L'inspecteur que j'ai vu mardi dernier disait que le concours en lettres classiques risquait de disparaître... En maths, on peine à recruter...

J'ai eu, durant ma propre scolarité, des enseignants épatants. Des nuls, des inaptes aussi ! Mais j'ai eu, oui ! des profs d'une qualité exceptionnelle qui n'étaient pas de simples pédagogues mais qui apportaient une âme à leur enseignement. Particulièrement en français.

En quatrième, j'ai eu M. Roussel : chaque samedi, comme il savait que j'écrivais, il me laissait cinq minutes pour lire un petit texte que j'avais rédigé librement. Au lycée, M. Mouquet a fait de moi le futur prof de français que j'allais devenir. J'étais médiocre en seconde. Et puis, en première, j'ai eu la révélation. Je suis même devenu excellent. M. Mouquet transcendait ses cours de français : nous buvions ses paroles !

A la fac de Rouen, j'ai eu des profs hors du commun, des pointures dans leur domaine : Mme Millet ou M. Leclerc, spécialiste mondial de Flaubert et Maupassant.

Et puis j'ai eu deux enseignants inclassables.

Mme Naugrette, arrivée toute jeune à Rouen, auréolée de son entrée comme major à Normal Sup' et de sa sortie comme major à l'agrég', spécialiste du XIXème siècle et de Victor Hugo en particulier dont elle reste l'une des plus grandes spécialistes reconnues. C'est avec elle que j'ai fait mon mémoire de maîtrise : une année à laquelle je pense toujours avec nostalgie. Mme Naugrette, une érudition pleine de finesse et toujours accessible. Je n'entrerai pas dans les détails mais elle a monté à la fac tout un projet colossal autour du Théâtre des Arts et, là où des enseignants récupèrent sans vergogne le travail de leurs étudiants, elle a toujours su leur rendre la monnaie de la pièce. Une gentillesse exemplaire qui avait fait un cadeau pour la naissance de mon fils. Le genre de prof qu'on ne veut pas décevoir quand on passe à l'oral ou qu'on lui rend une copie. L'an dernier, elle a repris contact avec moi pour que je rédige une synthèse de mon mémoire afin de le publier dans une revue. Elle supervise actuellement l'édition intégrale des lettres échangées entre Victor Hugo et Juliette Drouet : à voir ici.

Et puis, plus qu'un prof, un véritable personnage : M. Maurice, éminent spécialiste de la littérature du Moyen Âge. Une somme de connaissances, un charisme, des cours passionnants. J'ai appris beaucoup dans ses cours. Pas seulement sur le Moyen Âge. Mais sur ce que devait être un prof pour ne pas être ennuyeux ! Je m'étais engagé dans un DEA qui avait pour sujet "la mesure et la démesure chez Chrétien de Troyes" et puis, jeune prof, accaparé par la découverte de ce métier, j'ai, un peu lâchement, renoncé. C'est un regret.

Alors, tant bien que mal, j'essaie, face à mes élèves, d'être un peu digne de tous ces enseignants, de leur arriver ne serait-ce qu'à la cheville ;-) Ce serait déjà une belle réussite...

Operator, give me Paris !

Allez, un petit post hors sujet ;-) Pas tant que cela puisque, en troisième, dans le cadre de l'argumentation, on parle beaucoup du téléchargement, des concerts.

J'étais vendredi au Zénith de Paris pour un super show de Bryan Adams, au premier rang s'il vous plait ! Comme toujours, un régal en concert, plus de deux heures de set, un charisme et une interaction avec le public formidables ! Beaucoup d'humour... Une mention spéciale à Keith Scott, le guitariste qui l'accompagne depuis toujours, époustouflant !




Et parce que je me dois d'être sérieux aussi sur ce blog, retour par Rouen by night under a full moon samedi soir. Petite virée avec mon frangin dans les petites rues médiévales de la ville. Tomber par surprise sur l'église Saint-Maclou, enfin débarrassée de ses échafaudages après des mois et des mois de restauration : cela en valait la peine. L'église, magnifique, offre aux passants le spectacle de ses somptueuses dentelles de pierre ! La rue Saint Romain est aussi en restauration, c'est là qu'il y a déjà bien longtemps, en sortant un mercredi matin de l'école des Beaux-Arts, je suis tombé sur le tournage de Madame Bovary par Claude Chabrol avec Isabelle Huppert et Christophe Malavoy.




Et, pour ne rien gâcher, des illuminations de Noël rouennaises superbes !

DM 3ème

Petit DM sur l'argumentation. A me rendre avant les vacances, sans faute !

C'est à télécharger ici.

Sébastien RIO

Florence............................

Florence, en ce 25 novembre, je n'oublie pas... J'entends les sirènes qui t'emportent loin, vers la mort. Alors que tu devais être à ton putain de cours de français !!! Que c'est dur de savoir qu'une élève s'est tuée en venant à mon cours... De l'avoir portée "absente" dans le cahier de textes... Tu aurais quel âge ? 26 ans ? Et ta soeur, lui a-t-on finalement dit la vérité ?



C’était juste un lundi comme un autre, un lundi de novembre balayé par le vent d’automne, sur le plateau de Luneray, en Normandie… Juste un matin comme n’importe quel matin pour n’importe quel prof de français qui retrouverait ses élèves de troisième dès la première heure, de 8 heures à 10 heures. Dans la petite salle 207, « ma » salle, étroite, que j’aimais bien malgré tout.


Cette classe, la 3ème3, était une classe franchement sympathique, agréable. J’aimais bien ces élèves et je crois que c’était réciproque. Je les revois, je vous revois : Paul, Sébastien, Charlotte, Carole-Anne, Jessica, Stéphanie, Hélène, Sophie...

Florence.

A la table au fond. Je t’avais isolée, un peu. Tu avais un caractère bien trempé. Un peu fofolle, une énergie difficile à canaliser. Pas méchante pour deux sous, peut-être en manque d’affection. Comme tant d’élèves qui pallient ce manque en se faisant remarquer.

Pour toi aussi, c’était un lundi comme un autre sur la plaine, entre Brachy et Luneray, dans cette si belle campagne normande immortalisée par Maupassant et Flaubert. Une matinée comme un autre. Oui, tu roulais dans les brumes matinales, accrochée au guidon de ton scooter, tout récemment acheté pour ton anniversaire, offert par tes grands-parents quelques jours plus tôt… Tu roulais prudemment, certainement, j’aime me le dire.

Tu pensais peut-être à la note que M. Rio te rendrait dans quelques minutes. Cette interro, bouclée un peu vite, comme à ton habitude, le vendredi précédent. Quand tu m’as eu rendu ta copie, tu m’as demandé pour effacer le tableau. C’est la dernière image que j’ai de toi, avec ton pull rouge, gesticulant devant le tableau, tes yeux planqués derrière tes grosses lunettes. Depuis, c’est exceptionnel que j’autorise un élève à effacer mon tableau. Comment expliquer cela aux volontaires qui croient bien faire ? Je leur explique qu’ils s’y prennent mal et qu’ils laissent souvent plus de traces sur le tableau qu’avant leur passage, ce qui n’est pas faux. Mais qui n’est pas pleinement vrai non plus.

Quelques minutes plus tard, j’accueillais mes élèves. Des sirènes hurlaient au loin, dehors, clairement perceptibles depuis ma salle, déchirant la tranquillité des lieux. J’avais porté ton nom sur le billet d’appel : absente. C’est étrange comme, en y pensant, à nouveau, j’avais un affreux pressentiment. Comme j’en ai l’habitude lorsque j’ai les élèves deux heures à la suite, j’ai laissé un temps de pause. A 9 heures, donc. Ma collègue d’allemand qui assurait ses cours à côté de ma salle commençait sa journée. Elle m’a abordé à la pause, m’a demandé si Florence était là. Ce qui était une question incongrue car, aussitôt, elle m’a dit que Florence venait d’avoir un accident et que c’était grave…

J’aime autant vous dire que c’est dans un état second que j’ai assuré cette seconde heure de cours avec mes troisièmes. Ils ont ressenti cela. Certains avaient surpris ma conversation avec Virginie, ma collègue. A la récré, entre enseignants, nous étions évidemment très angoissés. D’autant que nous avions appris que le témoin de l’accident était l’une de nos collègues. J’ai un souvenir assez flou de ces moments. Je ne revois plus le moment terrible où quelqu’un m’a annoncé que Florence était morte lors de son transfert vers l’hôpital de Dieppe… Comme si on voulait se blinder contre ce genre d’uppercut. Ma grande copine du bahut, Ingrid, m’a dit que, en arrivant au collège, elle avait croisé une estafette du SAMU, sirènes hurlantes, fonçant à toute vitesse sur les routes sinueuses, vers Dieppe.

A quoi pensais-tu, au moment d’arriver sur Luneray, Florence, avec tes yeux planqués derrière tes lunettes et sous ton casque tout neuf ? Tu sais, dans ce double virage en léger devers qui traverse l’ancienne voie de chemin de fer ? Tu sais, ce moment où, face à toi, tu as vu un véhicule qui doublait un tracteur en ignorant la ligne blanche ? Ce véhicule qui t’a fauchée, avec ton scooter, avec ta vie.

Oui, ta vie… As-tu eu le temps de penser à ce casque que tu n’avais pas attaché ? As-tu eu le temps de penser à ta maman, à ta petite sœur ? Ta maman que j’allais revoir quelque temps plus tard, qui me dirait que, chaque nuit, ta petite sœur te réclame et que, à elle, personne n’a encore eu le courage de lui dire la vérité…

As-tu, comme tes camarades, comme moi, entendu  ces sirènes qui t’emmenaient loin, si loin ? Plus loin que Dieppe, en tout cas. Au-delà des falaises, de la mer, du monde des vivants.

A l’époque, il n’y avait pas les téléphones portables, comme aujourd’hui. C’est donc une rumeur insidieuse qui s’est installée, toute la matinée. Il a été décidé que, à 13h30, la classe serait prise en charge par plusieurs enseignants. Je me revois, dans la salle de maths, faire face à 25 élèves qui savaient, plus ou moins. Je revois Monique, professeur chevronnée, la prof principale,  renoncer à annoncer la nouvelle, je me revois prenant le relais. Cela ne peut se raconter. Jamais je n’ai eu le sentiment, dans le cadre de mon métier, d’être autant une bouée de sauvetage pour les autres qu’à ce moment précis. Les élèves pleurent contre vous, vous avez leurs larmes qui coulent dans votre cou. Les frontières n’existent pas et, pour une fois, c’est bien ainsi.

Des larmes, des larmes et, ce qui m’a le plus impressionné, dans ce collège de 480 élèves, un silence de plomb pendant plusieurs jours. Un vrai silence. Pas même un murmure. Rien.

Vendredi, ce serait l’enterrement, vers 10h30…

Lente procession, sous la pluie battante, pour aller à l’église de Luneray. Combien étions-nous ? Une dizaine de professeurs, 70, 80 élèves ? Je me revois soutenir une élève, Clémence, à l’entrée de l’église… Je me revois, assis, bouleversé… L’église était comble… Une émotion absolument insoutenable car c’était comme un deuil collectif. Ces minutes dehors, alors que seule la famille était restée avec le cercueil dans l’église, ces minutes, sous la pluie, interminables…

L’après-midi, terrible, face à moi, cette classe, toujours, élèves en noir, professeur en noir… Les élèves n’avaient que français l’après-midi. J’avais espéré qu’ils resteraient chez eux après la cérémonie. Il n’en a rien été.

J’ai été marqué à vie par cet accident. Ce n’est pas pour cela qu’on est professeur… Toute l’année, il nous a fallu accepter de vivre, dans cette salle, avec une table définitivement vide. Plus jamais je n’ai fait l’appel dans cette classe. Je me contentais de compter les élèves, ne voulant pas conclure l’appel par la mention d’une élève que j’avais portée absente un lundi matin de novembre comme les autres. Cette habitude, d’ailleurs, de simplement compter les élèves, depuis, ne m’a pas quitté.

Florence, je pense à toi et à ces deux autres élèves que j’ai côtoyés, morts trop tôt. Julien, un dimanche matin, non loin de chez moi, pulvérisé sur le capot d’une camionnette, au guidon de son scooter. Matthieu, « Matt », le beau gosse de Luneray, amateur de vitesse, de belles voitures et de jolies filles, renversé tranquillement alors qu’il circulait à vélo par un récidiviste qui a pris la fuite, a fait croire que c’était sa compagne qui était au volant et, seulement, après avoir permuté les places dans la voiture, est revenu voir le corps mort de sa victime. J’ai souvenir aussi, d’un drame qui avait ému les collègues plus anciens : une élève tuée sur la grande route de Dieppe à Ouville, qui s’est rabattue trop tôt sur un camion au terme d’un dépassement hasardeux… Plus récemment, alors que j’étais en poste à Revin en lycée, je me souviens de profs bouleversés par la mort d’un élève du collège dépendant de la même cité scolaire : renversé au niveau de la friterie, là, après le rond-point de la gare. Cela fait beaucoup. Beaucoup trop.

Alors, je peste, je fulmine toujours contre tous ces jeunes James Dean des bacs à sable qui dévalent les routes au guidon de leur deux-roues. Un accident est si vite arrivé… Inutile de forcer le destin. Quatre ans dans ce collège normand et trois églises pleines à craquer. Cela n’arrive pas qu’aux autres, malheureusement. Oui, je rage contre mes élèves à vélo, sans lumière, dans l’aube ardennaise, ceux qui roulent sur les trottoirs et qui, sans rien regarder, sautent pour rouler sur la route, ceux qui grillent les priorités. On n’est pas immortel dans une voiture. Encore moins sur un deux-roues. Je ne me prive pas d’engueuler copieusement mes élèves lorsque je les ai surpris en train de faire les cons sur la route. L’an dernier, j’ai eu un accrochage verbal assez violent avec un élève car, en classe, je lui ai fait la remarque que, pour venir à mon cours, lui et ses copains avaient allègrement brûlé un feu rouge (qui fonctionne de concert avec un passage à niveau qu’ils ont franchi sans rien regarder), m’obligeant à me déporter sur la file opposée. Et bien cet élève a trouvé que je n’avais pas à lui faire ce genre de remarque… Il aurait été préférable, certainement, que je ne me déporte pas. Qui j’étais, moi, le con adulte pour lui expliquer comment on roule sur une bicyclette ? Pour moi, ma classe est le lieu pour parler de cela, pour parler de civisme, des dangers de la route, de la drogue, de l’alcool, des MST. On parle de tout, dans me cours, je l’assume et je le revendique. D’autant que, en troisième, l’expression de son opinion est au cœur des programmes. Jusqu’à preuve du contraire, les élèves de troisième passent une attestation de sécurité routière dont l’obtention est obligatoire pour s’inscrire dans une auto-école. Mais, non, cet élève n’en démordait pas.

Oui, un lundi matin, comme les autres, vraiment. Si ce tracteur n’avait pas été là, si l’automobiliste – le père d’un élève de la classe dont j’étais le professeur principal, soit dit en passant – n’avait pas franchi l’interdit de cette ligne blanche, je ne serais pas là, à écrire sur toi, Florence.

Un lundi comme les autres. Ce 25 novembre 2002.

Je pense à toi, souvent. Je parle de toi à mes élèves. Je ne t’oublie pas. Dans mes archives, j’ai toujours la copie que je n’ai jamais rendue. Je la conserve. Je ne sais plus si c’est une bonne ou une mauvaise note.

Je m’en fous.

Je garderai cette copie.

Toujours. Avec le regret, aussi triste que lancinant, de n’avoir jamais pu te la rendre…

Graal !

En cinquième, j'aborde le Moyen Âge - normal, c'est au programme ! C'est une période littéraire que j'adore, que j'ai surtout découverte à la Fac de Rouen avec Jean MAURICE que j'ai eu le privilège d'avoir comme enseignant plusieurs années en littérature médiévale. Un prof extraordinaire, passionné et passionnant ! Si, un jour, je lui arrive à la cheville, ce sera déjà bien ;-)

On attaque le Graal, l'histoire d'un plat à poisson que la mythologie chrétienne du Moyen Âge a transformé en objet sacré, parvenu jusqu'à nous dans des livres à succès comme le Da Vinci code ou des films légendaires comme Indiana Jones ou la dernière croisade.

Le problème, quand on touche à ce genre de sujet, c'est de trouver le ton juste et de dépasser les préjugés des élèves.

Alors, sur ce thème de Dieu, de Jésus et du christianisme, mieux qu'on long discours, un épisode de C'est pas sorcier !


Berlin !

C'est aujourd'hui que l'Allemagne célèbre le 25ème anniversaire de la chute du mur de Berlin. Effondrement qui allait bouleverser le visage de l'Europe, modelé dans l'après-guerre d'un monde qui allait basculer dans la Guerre froide.


Je me souviens bien de ces images, diffusées aux journaux télévisés car, alors, pas de Tweeter ni de chaines d'info continue pour relayer les actualités. Des semaines de grande fébrilité où les peuples se libèrent du joug communiste avec le point d'orgue nauséabond de l'exécution des Ceaucescu le jour de Noël de la même année. La presse, peut-être pour la première fois, s'inscrivait dans le temps du réel, avec un recul très insuffisant. Pour les jeunes générations, cela va sembler décalé. Pour l'ado que j'étais, c'était quelque chose de complètement nouveau !

Je pense que tous les gens qui ont vécu cela se rappelle, comme moi, les pans de murs qui s'écroulent, les Allemands qui se congratulent, l'immense ferveur qui s'empare de tous. Car c'était tout simplement le souffle de la LIBERTE qui soufflait.

En octobre 1990, en troisième, j'allai en Allemagne avec mes camardes dans le cadre d'un échange scolaire. Je me souviens de l'excursion que nous avons faite, en car, qui nous a emmenés dans l'ex-RDA, moins d'un an après l'ouverture du Rideau de fer. Entrée dans un autre monde, des kilomètres de campagne déserte, sous un ciel de plomb gris, avant de franchir l'ancien Rideau de fer, pause dans une petite ville de l'autre côté, au milieu des Trabant. Je dois avoir des photos quelque part.

Verdun

Après un cours exceptionnel le matin, j'ai fait un cours nettement moins bien l'après-midi. Je ne sais même plus comment on est passé du Morholt de zigouillé par Tristan à un échange sur la guerre 14-18 autour de Verdun en cinquième. Je reconnais le hors-sujet et on va le justifier péniblement en le raccrochant aux commémorations autour du 11 novembre.

Pour clore le sujet, quelques photos de l'une de mes visites personnelles à Verdun, dans une ambiance absolument angoissante dans la neige. Je me suis retrouvé seul, ou presque, devant Douaumont. Ambiance...




C'est un lieu très impressionnant. Une pensée pour mon grand-père qui a perdu son frère à la guerre, un 23 avril. C'est récemment que j'ai compris que la date de ma naissance n'évoquait pas que des souvenirs heureux probablement à mon grand-père. Ecoeuré par les sacrifices inutiles des soldats offerts aux massacres perpétrés par les les généraux, mon grand-père, qui avait son caractère, a refusé obstinément que le nom de son frère figure sur le monument aux morts de sa commune.

J'ai trouvé ça sur Twitter aujourd'hui : la météo de la guerre.

A mes heures perdues, j'écris aussi même si certains trouvent que j'écris mal et, justement, j'ai écrit une nouvelle sur cette guerre. A relire ici ;-)

Matin bien

Il est des jours où l'on fait des cours exceptionnels. Bon, ça y est, on va dire que j'ai le melon ;-) Je peux bien m'en vanter car ce n'est pas si fréquent et, surtout, ma contribution est bien modeste car, pour faire un cours exceptionnel, il faut du répondant du côté des élèves.

Cela commençait pourtant mal. J'avais demandé à mes 3B de Le Corre de travailler sur la nouvelle Matin brun qui montre comment un pouvoir autoritaire peut insidieusement se mettre en place. Cela commençait mal car les élèves semblaient peu emballés par le texte et ne l'avaient qu'imparfaitement compris.


Finalement, de fil en aiguille, en une heure, on a épuisé, je pense, l'essentiel de ce que l'on peut dire sur cette nouvelle. Face à moi, j'avais des élèves mûrs, concernés par l'actualité du monde, avides d'en connaître plus.

C'était un moment où on est heureux de se sentir un prof utile ;-) Utile car cette nouvelle dépasse bien largement le cadre du français, on touche à la réflexion citoyenne, à la constitution d'une conscience civique. Et cela, j'adore !!!

Et si on était sérieux ?

Bonjour,

J'ai posté des sujets un peu plus légers pendant les vacances. Mais la reprise approche.


Je tiens d'abord à remercier ceux qui visitent ces pages : 30 à 40 visites quotidiennes et, même, mardi 28 octobre un pic à 118 visiteurs ! Preuve que ce n'est pas une interface inutile.

Pour les élèves de Charcot, j'ai posté sur le blog des troisièmes un récapitulatif sur l'épreuve d'Histoire des Arts. Mme Varin a posté les dates des conseils de classe. On entre dans le vif du sujet mardi avec une réunion parents-profs. Rebelotte le 10 pour les cinquièmes ! Puis les conseils et, début janvier, on attaquera vraiment le travail sur l'orientation. Dès la rentrée, je vais distribuer les conventions pour les séquences d'observation qui auront lieu juste avant les vacances de février.

Je suis pleinement satisfait de ces premières semaines de classe. Avec les cinquièmes, j'ai bien avancé et c'est surtout grâce aux élèves : une séquence et un GOC bouclés en 7 semaines, c'est très bien !

Pour les troisièmes aussi, ce n'est pas mal non plus. Juste un bémol sur le timing avec la 3B de Le Corre mais les élèves n'y peuvent rien car on a raté 6 h 30 de cours depuis le début de l'année, entre la course d'orientation et la présentation de l'exposition sur la justice.

J'apprécie d'avoir dans l'ensemble des classes vivantes avec beaucoup d'élèves qui font preuve d'une grande curiosité intellectuelle. C'est un plaisir. On fait parfois des digressions mais je les assume pleinement. Mon but est d'intéresser les élèves, de leur ouvrir l'esprit. Quitte à marcher parfois hors des sentiers battus, cela ne me pose aucun souci, au contraire !

J'espère mener à bien le projet que j'ai d'emmener mes troisièmes au tribunal de Cherbourg. Je vais préparer quelques éléments pour une sortie au Mont Saint Michel avec les cinquièmes de Charcot.

Pour les 3B de Charcot, voici les objets d'étude qu'ils pourront choisir en HDA dans le cadre du français :

Cinq récits :

Dino BUZZATI, "pauvre petit garçon !" in Le K
Franck PAVLOFF, Matin brun
John STEiNBECK, Des Souris et des hommes
Marc DUGAIN, La Chambre des officiers
Philippe GRIMBERT, Un secret

Deux films :

Tex AVERY, The blitz wolf (sous réserve qu'on ne l'étudie pas trop tard dans l'année)
Stanley KUBRICK, Les Sentiers de la gloire

Bonne fin de vacances !

SR

Big music !

Quand je me moque des One Direction ou d'autres daubes que mes élèves écoutent, ils aiment bien savoir ce que j'écoute, moi, pour leur faire ainsi la leçon ;-)

Depuis près de 25 ans, mes goûts musicaux n'ont pas évolué et, donc, je n'écoute pas vraiment d'artistes récents.

Mon groupe de prédilection a longtemps été Simple Minds que j'ai découverts en troisième, immense groupe des années 80, célèbre pour plusieurs tubes. Je les ai vus et revus et rerevus en concerts, des dizaines de fois. J'avais même créé un site d'échanges et de téléchargements d'enregistrements "pirates" de concerts. Une belle époque. De Simple Minds, j'ai toujours préféré les performances "live" aux albums studio. Sur scène, c'est une débauche d'énergie avec Jim Kerr, super chanteur super charismatique au super ego super dimensionné aussi malheureusement. Depuis plusieurs années, j'ai un peu pris mes distances avec de la musique qui devenait de la soupe assez indigeste... Pour ceux qui ne connaissent pas - c'est-à-dire à peu près tout le monde - , il faut aller sur Youtube. Simple Minds, c'est le groupe qui remplissait les stades ! Il y a 19 ans jour pour jour, d'ailleurs, j'étais à l'Olympia et le concert a été filmé.


L'un des artistes que j'apprécie aussi beaucoup, c'est Bryan Adams, rendu célèbre par la BO du film Robin des Bois avec Kevin Costner, un slow assez mièvre. Mais un showman d'anthologie en concert ! Et puis il mène son bout de chemin, sans complexe, entre albums studio, albums live ultra intimistes avec une voix magnifique ! Il passe à Paris en décembre mais c'est en pleine période de conseils de classe, malheureusement !


J'aime aussi The Corrs ou Texas que j'apprécie depuis des lustres mais que je n'ai vu en concert que récemment pour la première fois lors d'un festival en Belgique qui réunissait une tête d'affiche exceptionnelle : Simple Minds, Texas, Bryan Adams. Il y avait aussi le chanteur de Simply Red en duo avec le guitariste rythmique des Stones et puis James Blunt que je n'appréciais pas particulièrement mais qui assure dur sur scène !

Il y a une vingtaine d'années, j'ai vu Dire Straits et puis Sting que je trouve un peu lassant mais qui est impeccable en concert avec des jeux de lumières splendides. Il y a aussi eu U2 dont l'album "Achtung baby" de 1992 est pour moi l'album sur lequel rien n'est à jeter, parfait d'un bout à l'autre.


Et, en cette période automnale, plein de beaux albums qui sortent : un album de reprises par Bryan Adams et "Big music", le nouvel opus de Simple Minds qui renoue enfin avec ces mélodies envoûtantes menées par des claviers boostés, des guitares planantes et une basse omniprésente, à l'ancienne, comme au début des eighties !


Côté français, j'apprécie particulièrement Lorie, euh, non vieille blague avec mes élèves les plus anciens. Sérieusement, la sensibilité de Renaud me plaît beaucoup et l'album "Boucan d'enfer" est, pour moi, génial !

Allez, promis, bientôt sur ce blog, retour des vrais sujets sérieux ;-) Mais les vacances, c'est aussi pour parler autre chose que boulot. Qu'on se rassure, demain, je tape un topo sur le déroulement de l'histoire des arts à Charcot, je finalise ma liste d'oeuvres pour cette même épreuve et je prépare une sortie au Mont Saint Michel ! A noter que je suis en contact avec le CDAD de Cherbourg pour essayer d'emmener mes élèves assister à des audiences au tribunal. On verra si ça aboutit mais, en tout cas, j'ai lancé le projet et j'ai eu une réponse du CDAD qui doit maintenant se rapprocher du tribunal... A suivre, donc !

Rouen !

Ville natale, j'ai un lien viscéral à cette ville. Ville de mon enfance, de ma jeunesse même si je n'y ai jamais habité. Souvenirs des lumières de la ville scrutées depuis l'appartement de mes grands-parents qui me gardaient quand j'étais petit, les illuminations de Noël rue Jeanne d'Arc, rue Grand-Pont... Souvenirs des croustillons de la foire Saint-Romain qui déroulait jadis son parterre de manèges sur les boulevards d'où ils ont été délogés il y a déjà un paquet d'années pour rejoindre les quais bas de la rive gauche. Rouen, j'y ai été écolier, école Achille Lefort, proche de l'appartement de mes grands-parents, école La Fontaine où ma mère exerçait comme institutrice. Rouen, j'y ai passé mon bac dont j'ai eu les résultats au lycée Camille Saint-Saëns, établissement où 18 ans plus tôt, on était venu chercher mon père qui y enseignait car j'allais naître.

Rouen, c'est aussi une ville au patrimoine historique exceptionnel. D'ailleurs, j'éai été surpris, aujourd'hui, en m'y promenant, par le nombre des touristes. De la ville aux cent clochers décrite par Victor Hugo, il ne reste plus que quelques clochers, nombre d'églises n'ayant pas résisté à la seconde guerre mondiale.

Depuis la période gallo-romaine, c'est la rue du Gros-Horloge - la rue du Gros, comme on dit - qui est la colonne vertébrale de la ville, qui va de la place du Vieux-Marché ou fut brûlée Jeanne d'Arc à la place de la Cathédrale, plus haute flèche de France. Cette rue du Gros est aussi la plus longue rue piétonne du pays.

Le Gros-Horloge donne son nom à la rue. Le beffroi le surplombe. Par le passé, il y avait un salon de thé fabuleux au pied de l'édifice : la maison Perrier.


La cathédrale est exceptionnelle. Je n'ai pas eu le temps d'y entrer pour prendre quelques photos de l'intérieur. Elle est en restauration permanente. Toute blanche, elle nous fait oublier que les cathédrales étaient souvent peintes au Moyen Âge. Les trous sur la tour Saint-Romain rappelle que des habitations étaient adossées aux murs autrefois. Promis, je vous y ferai entrer une prochaine fois, rien que pour vous montrer le coeur de Richard Coeur de Lion qui s'y trouve.



La rue Saint-Romain, sinueuse, tortueuse, avec ses maisons à pans de bois, a gardé son caractère médiévale authentique. C'est la rue qu'empruntait Jeanne d'Arc pour se rendre à l'évêché où elle était jugée. Sur certaines façades, on voit les marques qu'ont laissées les essieux des charrettes en heurtant les murs. Rouen compte de nombreuses façades à pans de bois. Pour la petite histoire, après la guerre, on a déplacé de nombreuses façades pour les réaffecter à d'autres maisons.

La place du Vieux-Marché - la place du Vieux, comme on dit - est surtout célèbre pour le bûcher qui s'y est dressé en 1431. C'est aussi une belle place où l'on trouve les meilleures tables de la ville. Après guerre, on a démoli les halles qui s'y dressaient et, à la place de l'ancienne église qui était aussi là - dont on voit des vestiges au sol - mais que les bombardements alliés de 1944 ont rasée, on a construit cette église moderne qui sert d'écrin à des vitraux magnifiques qui avaient été mis à l'abri par les Rouennais durant la seconde guerre mondiale.



Parallèle à la rue du Gros se dresse la silhouette du Palais de Justice, édifice unique de la Renaissance, constellée des marques laissées par les éclats des bombes de la guerre. C'est là qu'ont eu lieu deux grands procès : celui de la Josacine empoisonnée et celui d'Alfred Petit auquel j'ai été mêlé - mais c'est une autre histoire !


J'arrête mon roman ;-) J'aurais pu aller dans les petites rues, vous parler de l'incendie du Théâtre des Arts de 1876 qui fut une catastrophe à la portée internationale, de l'église Saint-Gervais près de laquelle Guillaume le Conquérant s'est tué en tombant de son cheval, de l'aître Saint-Maclou, de la place de la Rouge-Mare, du lycée des jésuites dans lequel Corneille fit ses études, de rue aux Ours, du Mac Do qui s'est installé dans la plus ancienne maison de la ville, de l'abbatiale Saint-Ouen, des halles...


Journée conclue en famille par un tour sur la foire Saint-Romain, la plus grande de France après celle du Trône. C'est d'ailleurs à Rouen que les forains ont leur monument aux morts.

Bonne fin de vacances ;-)

Ardennes : la collégiale de Molhain

Retour dans les Ardennes...



J'ai longtemps habité - et j'habite encore, en attendant l'hypothétique vente de notre maison - au milieu d'un quartier historique dans lequel j'ai souvent emmené mes élèves pour une petite plongée concrète dans un patrimoine riche et souvent méconnu. Quoi de mieux, lorsqu'on aborde l'occupation romaine ou le Moyen Âge, qu'emmener à pied les élèves sur les traces du patrimoine qui les entoure : le camp romain de Vireux-Molhain, la collégiale de Molhain ou le château de Hierges ?




Comme prof de français, je m'attache toujours à trouver, quand c'est possible, l'équilibre entre les approches suivantes : la période historique concernée telle qu'elle est vue dans le cours d'histoire, la période historique telle qu'elle est présentée dans la littérature, la période historique telle qu'elle a réellement eu lieu chez nous, à notre porte. Clin d'oeil insolite de l'histoire que d'imaginer que l'actuelle plaine de jeu de Hierges avec le terrain de foot était à l'époque médiévale l'aire de tournoi dépendante du château !

Notre maison est l'une des plus anciennes de la Pointe des Ardennes, elle figure d'ailleurs sur un plan assez ancien de la région. C'est la seule maison à pans de bois des environs et, d'emblée, la première fois que nous l'avons vue, nous avons été séduits. Autrefois, c'était la maison du chef des chanoines, probablement initialement sur un seul niveau, puis on a ajouté (au XVIIè ?) les étages supérieurs.

Des chanoines se sont en effet établis, il y a bien longtemps, pour évangéliser la population locale. Ils se sont installés aux abords de la collégiale de Molhain, réservant les reliques de Saint-Ermel. Les chanoines vivaient en autarcie : ils cultivaient, faisaient leur pain. Mon voisin pense que l'une des dépendances de sa maison était un moulin actionné par la force du Deluve qui se jette dans le Viroin avant de se jeter dans la Meuse. Cela ne rigolait pas chez les chanoines et il ne fallait pas aller fricoter de trop près avec les dames du voisinage : la maison de mon voisin rappelle qu'il y avait des cellules pour enfermer les chanoines peu sages. Dans notre maison, il y a un puits à la cave. Je n'en ai jamais soulevé la lourde plaque de tôle.

Face à la maison, insuffisamment mise en valeur, la collégiale de Molhain est un vestige exceptionnel du passé. L'édifice ne sert plus qu'occasionnellement à des mariages et, surtout, à des enterrements. Je trouve l'intérieur franchement laid. Mais, au fond de l'église, en descendant, on tombe sur un vestige remarquable : dans un état de conservation exceptionnel, on a une crypte d'époque carolingienne, qui a affronté douze ou treize siècles pour se présenter à nous.

C'est un édifice aussi remarquable car sa création est à l'initiative de la soeur de Pépin le Bref et une légende tenace laisse penser que le Papounet de Charlemagne est enterré là. La collégiale a été fouillée quasiment intégralement fouillée par les Allemands lors de la première guerre mondiale ; il n'y ont rien trouvé.

Sur ces photos, on aperçoit donc la maison, celle de mon voisin avec la dépendance au fond qui serait l'ancien moulin. Autour de la collégiale, une étendue d'herbe et des vestiges de tombes qui rappellent que, par le passé, les abords immédiats des églises étaient des cimetières. Un peu plus loin, c'est le la rue de la tannerie qui rappelle que, bien souvent, au bord d'un cours d'eau, on travaillait la peau des bêtes, travail aussi ingrat qu'épuisant.

Si j'ai le temps, dans les prochains jours, je vous emmène à Hierges puis à Rouen. Cela tombe bien puisqu'on aborde la littérature du Moyen Âge en cinquième. J'essaierai de retrouver des photos de la ville de Dinan (la ville française, pas son homonyme belge où mes enfants sont nés !) qui a su préserver des vestiges médiévaux urbains incroyables.


Bonnes vacances !

Point de vue

Je regardais tout à l'heure le concert de U2 à Boston en 2001. Cela ne nous rajeunit pas. Souvenir d'un 17 juillet 2001, devant Bercy, pour assister au premier des quatre concerts du groupe irlandais que j'ai vus jusqu'à leur dernière tournée au Stade de France.

Le troisième ou quatrième titre de ce live est "Until the end of the world", morceau génialissime, qui met en scène un monologue fictif de Judas avec Jesus, outre-tombe. Idée simple mais fabuleuse. Retournement complet de point de vue : "Jesus, this is Judas !"

Comme dans cette nouvelle que j'ai étudiée avec mes troisièmes encore cette année : "Pauvre petit garçon !" de Dino Buzzati, qui nous fait prendre en pitié l'enfant Hitler !


Hors sujet

Bonjour,

Avec les cinquièmes, on aborde le Moyen Âge. Pour se plonger dans l'ambiance, on parle de châteaux, de cathédrales, de vie quotidienne.

Le pain était l'aliment de base.

Alors, en marge de ce sujet palpitant et pour répondre à la demande des élèves, petite recette de pain au lait vite fait :

300 ml de lait / 500 g de farine (T55, la top budget) / du sel / 60 g de sucre ou de cassonade / 100 g de beurre mou / levure boulangère. A aromatiser avec du rhum ou de la fleur d'oranger. Tout ça dans une machine à pain.


Bon appétit et bonnes vacances ;-)

Sébastien RIO

En français, on parle de tout et on débat !

Dernièrement, en cours, en classe de cinquième, on a évoqué les inégalités entre les hommes et les femmes. Moment précieux pour constater que les filles de cinquième ont les idées bien arrêtées et sont bien conscientes des inégalités qui persistent, encore, en France.

Petit visuel de l'AFP sur le sujet :


Ce matin, en troisième, j'ai montré ce visuel qui présente plusieurs paramètres pour comparer la situation de l'homme de 1820 et celle de l'homme contemporain :



Charcot troisième // subordination

Comme promis, je glisse des éléments complémentaires de correction sur les exercices que nous avons faits ce matin.


C'est en pages 5 et 6 du document que vous pouvez ouvrir en cliquant ici.

Bon WE et bonnes révisions !

Parents-profs !

Clin d'oeil du matin...


Dans cet épisode, Gaby et Isa rencontrent la prof de français de leur(s) enfant(s)...

C'est ici, à partir d'1 mn.

Justice !

Aujourd'hui, super expo à laquelle j'ai emmené mes 3B de Le Corre. Cette expo, animée par une éducatrice de la Protection Judiciaire de la Jeunesse, a permis aux élèves d'en apprendre plus sur leurs droits et leurs devoirs et de se familiariser aux termes de délit, infraction, crime, etc.

L'esprit de l'expo permet aux élèves d'être très actifs et spontanés sur des thèmes aussi divers que le mariage, la violence, les stupéfiants, les vols, etc.

J'ai souvent mené, par le passé, des activités en lien avec la Justice, j'ai emmené plusieurs fois des troisièmes au tribunal à Charleville. Ce sont souvent des moments bien particuliers, idéaux pour aborder l'argumentation. En marge de cette expo, j'ai donc récupéré des contacts pour tenter d'assister à des audiences au tribunal. A suivre, je m'en occupe au plus vite.

Avant Noël, nous travaillerons sur Des Souris et des hommes qui pose de nombreuses questions liées à la justice : peut-on se faire justice soi-même ? quelle place pour les déficients mentaux ? Ce livre n'est pas anodin, il a captivé mes troisièmes l'an dernier - à ma grande surprise ! - qui ont été notamment très sensibles au fait qu'un tribunal américain ait récemment fait exécuter un condamné au motif que son profil rappelait celui du personnage du roman, provoquant la colère du petit-fils de l'auteur.





Réunions parents-profs

Ah, l'automne et ses premières réunions parents-profs...

Pour y voir clair, je vous propose, à droite de la page, les fichiers récapitulatifs des rendez-vous.

Attention, pour les troisièmes de Le Corre, la réunion parents-profs a lieu le 4 novembre. Ce jour-là, je suis déjà pris pour la réunion parents-profs de Charcot à laquelle je vais prioritairement puisque j'y suis prof principal de troisième.

Je propose donc aux familles de les rencontrer, si elles le souhaitent, en même temps que la réunion de cinquième le jeudi 16 octobre.

Attention, l'appellation parents-profs me semble complètement erronée : l'élève doit bien entendu être présent. Parler d'un absent, c'est toujours initéressant !

Et, pour se détendre, un petit clin d'oeil à prendre au centième degré. J'aime beaucoup la dernière vignette ;-)