Bienvenue !

"Les points sur les i", petit blog péda(nt)gogique lié à mon métier de prof de français. En 2021, j'attaque ma 22ème rentrée : la huitième dans la Manche, après neuf ans dans les Ardennes et plusieurs années en lycée et collège aux alentours de Dieppe. Cette interface est un lieu pour proposer des éléments (plus ou moins) en rapport avec les cours que j'inflige à mes élèves : cahiers de textes, documents complémentaires, billets d'humeur et partages de mes lectures personnelles... Bonne visite !

Enervant !

Je n'ai pas posté depuis quinze jours. J'ai écrit un texte lundi dernier, suite au premier tour des Régionales. Je le posterai peut-être un jour. J'y dis les valeurs dans lesquelles j'ai grandi, l'échec de notre Ecole.

Pour l'heure, je viens de regarder le replay d'un très beau reportage diffusé sur France 2.

Gamin, puis ado, j'ai grandi avec les chansons de Polnareff, de Ferrat et de Renaud. C'était - et ce sont encore, pour deux d'entre eux - plus que des chanteurs : des personnages. Polnareff reprend une tournée prochainement et, hier, vite fait, le temps de la récré, j'ai réussi à choper, dès leur mise en vente, deux places pour ma mère au Zénith de Rouen, avec la complicité de mon frangin.

Le reportage que je viens de regarder, c'est sur Renaud. J'ai déjà écrit sur ce chanteur sur ce blog. Tant pis, je rempile.

Le souvenir d'un jour où mon père m'a donné une cassette audio (oui, une cassette audio !) de Renaud. C'était l'Olympia pour moi tout seul. Je devais avoir 8 ou 9 ans. Renaud, Coluche, le Splendid, les (vrais) Enfoirés, tout ça. Souvenir de Putain d'camion, écouté des centaines de fois dans la voiture de ma mère. La chanson pour l'Ethiopie. Germinal, vu avec ma grand-mère.


Toute une époque ! Toute une chronique sociale de la France dans laquelle j'ai grandi. Celle des Boule et Bill, des Gaston, des 4L, des supermarchés, des cinémas en centre-ville, de SOS Racisme, des autocollants (collés à l'arrière des 4L) "la seule école libre, c'est l'école laïque", les Restos, l'arrivée de la Gauche au pouvoir comme une utopie enfin réelle et déjà porteuse d'immenses désillusions.

Celle où les 30 Glorieuses avaient fini de briller. Toute une série d'instantanés, comme cette fresque d'objets et de produits de cette époque qui clôture le parcours du visiteur au Mémorial Charles de Gaulle de Colombey.

Ce reportage montre bien la dimension iconique de Renaud. On l'aime ou on ne l'aime pas. Je n'adhère pas à tout. Mais j'aime cette tendresse, cette auto-dérision, cette vraie sincérité.

Je ne suis pas de ceux qui souhaitent le retour de Renaud.

Il appartient à deux générations qui l'ont porté à bout de bras. Il est le chanteur énervant des combats passés. Peu lui arrivent aujourd'hui à la cheville.

Florence...

C’était juste un lundi comme un autre, un lundi de novembre balayé par le vent d’automne, sur le plateau de Luneray, en Normandie… Juste un matin comme n’importe quel matin pour n’importe quel prof de français qui retrouverait ses élèves de troisième dès la première heure, de 8 heures à 10 heures. Dans la petite salle 207, « ma » salle, étroite, que j’aimais bien malgré tout.
Cette classe, la 3ème3, était une classe franchement sympathique, agréable. J’aimais bien ces élèves et je crois que c’était réciproque. Je les revois, je vous revois : Paul, Sébastien, Charlotte, Carole-Anne, Jessica, Stéphanie, Hélène, Sophie...
Florence.
A la table au fond. Je t’avais isolée, un peu. Tu avais un caractère bien trempé. Un peu fofolle, une énergie difficile à canaliser. Pas méchante pour deux sous, peut-être en manque d’affection. Comme tant d’élèves qui pallient ce manque en se faisant remarquer.
Pour toi aussi, c’était un lundi comme un autre sur la plaine, entre Brachy et Luneray, dans cette si belle campagne normande immortalisée par Maupassant et Flaubert. Une matinée comme un autre. Oui, tu roulais dans les brumes matinales, accrochée au guidon de ton scooter, tout récemment acheté pour ton anniversaire, offert par tes grands-parents quelques jours plus tôt… Tu roulais prudemment, certainement, j’aime me le dire.
Tu pensais peut-être à la note que M. Rio te rendrait dans quelques minutes. Cette interro, bouclée un peu vite, comme à ton habitude, le vendredi précédent. Quand tu m’as eu rendu ta copie, tu m’as demandé pour effacer le tableau. C’est la dernière image que j’ai de toi, avec ton pull rouge, gesticulant devant le tableau, tes yeux planqués derrière tes grosses lunettes. Depuis, c’est exceptionnel que j’autorise un élève à effacer mon tableau. Comment expliquer cela aux volontaires qui croient bien faire ? Je leur explique qu’ils s’y prennent mal et qu’ils laissent souvent plus de traces sur le tableau qu’avant leur passage, ce qui n’est pas faux. Mais qui n’est pas pleinement vrai non plus.
Quelques minutes plus tard, j’accueillais mes élèves. Des sirènes hurlaient au loin, dehors, clairement perceptibles depuis ma salle, déchirant la tranquillité des lieux. J’avais porté ton nom sur le billet d’appel : absente. C’est étrange comme, en y pensant, à nouveau, j’avais un affreux pressentiment. Comme j’en ai l’habitude lorsque j’ai les élèves deux heures à la suite, j’ai laissé un temps de pause. A 9 heures, donc. Ma collègue d’allemand, Virginie, qui assurait ses cours à côté de ma salle commençait sa journée. Elle m’a abordé à la pause, m’a demandé si Florence était là. Ce qui était une question incongrue car, aussitôt, elle m’a dit que Florence venait d’avoir un accident et que c’était grave…
C’est dans un état second que j’ai assuré cette seconde heure de cours avec mes troisièmes. Ils ont ressenti cela. Certains avaient surpris ma conversation avec Virginie, ma collègue. A la récré, entre enseignants, nous étions évidemment très angoissés. D’autant que nous avions appris que le témoin de l’accident était l’une de nos collègues.
J’ai un souvenir assez flou de ces moments. C’est incroyable, puisque cette journée m’a marqué à vie mais je ne revois plus le moment terrible où quelqu’un m’a annoncé que Florence était morte lors de son transfert vers l’hôpital de Dieppe… Comme si on voulait se blinder contre ce genre d’uppercut.
Ma grande copine du bahut, Ingrid, m’a dit que, en arrivant au collège, elle avait croisé une ambulance du SAMU, sirènes hurlantes, fonçant à toute vitesse sur les routes sinueuses, vers Dieppe.
A quoi pensais-tu, au moment d’arriver sur Luneray, Florence, avec tes yeux planqués derrière tes lunettes et sous ton casque tout neuf ? Tu sais, dans ce double virage en léger devers qui traverse l’ancienne voie de chemin de fer ? Tu sais, ce moment où, face à toi, tu as vu un véhicule qui doublait un tracteur en ignorant la ligne blanche ? Ce véhicule qui t’a fauché, avec ton scooter, avec ta vie.
Oui, ta vie…
As-tu eu le temps de penser à ce casque que tu n’avais pas attaché ? As-tu eu le temps de penser à ta maman, à ta petite sœur ? Ta maman que j’allais revoir quelque temps plus tard, qui me dirait que, chaque nuit, ta petite sœur te réclame et que, à elle, personne n’a encore eu le courage de dire la vérité…
As-tu, comme tes camarades, comme moi, entendu  ces sirènes qui t’emmenaient loin, si loin ? Plus loin que Dieppe, en tout cas. Au-delà des falaises, de la mer, du monde des vivants.
A l’époque, il n’y avait pas les téléphones portables, comme aujourd’hui. C’est donc une rumeur insidieuse qui s’est installée, toute la matinée. Il a été décidé que, à 13h30, la classe serait prise en charge par plusieurs enseignants. Je me revois, dans la salle de maths, faire face à 25 élèves qui savaient, plus ou moins. Je revois Monique, professeur chevronnée, la prof principale,  renoncer à annoncer la nouvelle, je me revois prenant le relais. Cela ne peut se raconter. Jamais je n’ai eu le sentiment, dans le cadre de mon métier, d’être autant une bouée de sauvetage pour les autres qu’à ce moment précis. Les élèves pleurent contre vous, vous avez leurs larmes qui coulent dans votre cou. Les frontières n’existent pas et, pour une fois, c’est bien ainsi.
Des larmes, des larmes et, ce qui m’a le plus impressionné, dans ce collège de 480 élèves, un silence de plomb pendant plusieurs jours. Un vrai silence. Pas même un murmure. Rien.
Vendredi, ce serait l’enterrement, vers 10h30…
Lente procession, sous la pluie battante, pour aller à l’église de Luneray. Combien étions-nous ? Une dizaine de professeurs, 70, 80 élèves ? Je me revois soutenir une élève, Clémence, à l’entrée de l’église. Je me revois, assis, bouleversé… L’église était comble… Une émotion absolument insoutenable car c’était comme un deuil collectif. Ces minutes dehors, alors que seule la famille était restée avec le cercueil dans l’église, ces minutes, sous la pluie, interminables…
L’après-midi, terrible, face à moi, cette classe, toujours, élèves en noir, professeur en noir… Les élèves n’avaient que français l’après-midi. J’avais espéré qu’ils resteraient chez eux après la cérémonie. Il n’en a rien été.
J’ai été marqué à vie par cet accident. Ce n’est pas pour cela qu’on est professeur… Toute l’année, il nous a fallu accepter de vivre, dans cette salle, avec une table définitivement vide. Plus jamais je n’ai fait l’appel dans cette classe. Je me contentais de compter les élèves, ne voulant pas conclure l’appel par la mention d’une élève (dont l’initiale du nom de famille est un T) que j’avais portée absente un lundi matin de novembre comme les autres. Cette habitude, d’ailleurs, de simplement compter les élèves, depuis, ne m’a pas quitté.
Florence, je pense à toi et à ces deux autres élèves que j’ai côtoyés, morts trop tôt. Julien, un dimanche matin, non loin de chez moi, pulvérisé sur le capot d’une camionnette, au guidon de son scooter. Et puis Matthieu, « Matt », le beau gosse de Luneray, amateur de vitesse, de belles voitures et de jolies filles, renversé tranquillement alors qu’il circulait à vélo par un récidiviste qui a pris la fuite, a fait croire que c’était sa compagne qui était au volant et, seulement, après avoir permuté les places dans la voiture, est revenu voir le corps mort de sa victime. J’ai souvenir aussi, d’un drame qui avait ému les collègues plus anciens : une élève tuée sur la grande route de Dieppe à Ouville, qui s’est rabattue trop tôt sur un camion au terme d’un dépassement hasardeux… Plus récemment, alors que j’étais en poste à Revin en lycée, je me souviens de profs bouleversés par la mort d’un élève du collège dépendant de la même cité scolaire : renversé au niveau de la friterie, là, après le rond-point de la gare. Cela fait beaucoup. Beaucoup trop.
Alors, je peste, je fulmine toujours contre tous ces jeunes James Dean des bacs à sable qui dévalent les routes au guidon de leur deux-roues. Un accident est si vite arrivé… Inutile de forcer le destin. Quatre ans dans ce collège normand et trois églises pleines à craquer. Cela n’arrive pas qu’aux autres, malheureusement. Oui, je rage contre mes élèves à vélo, sans lumière, dans l’aube ardennaise, ceux qui roulent sur les trottoirs et qui, sans rien regarder, sautent pour rouler sur la route, ceux qui grillent les priorités. On n’est pas immortel dans une voiture. Encore moins sur un deux-roues. Je ne me prive pas d’engueuler copieusement mes élèves lorsque je les ai surpris en train de faire les cons sur la route.
Oui, un lundi matin, comme les autres, vraiment. Si ce tracteur n’avait pas été là, si l’automobiliste – le père d’un élève de la classe dont j’étais le professeur principal, soit dit en passant – n’avait pas franchi l’interdit de cette ligne blanche, je ne serais pas là, à écrire sur toi, Florence.
Un lundi comme les autres. Ce 25 novembre 2002.
Je pense à toi, souvent. Tu aurais 26 ou 27 ans, des enfants peut-être. Toi et moi, on aurait probablement fini par s’engueuler avant la fin de l’année scolaire. Que cela aurait été bien !
Je relis et reprends ces lignes le 23 novembre 2015. Je les relis toujours avec beaucoup d’émotion car le ressenti est là, encore palpable et intact. Je déteste ces journées de novembre.
Je parle de toi à mes élèves. Je ne t’oublie pas. Dans mes archives, j’ai toujours la copie que je n’ai jamais rendue. Je la conserve. Je ne sais plus si c’est une bonne ou une mauvaise note.
Je m’en fous.
Je garderai cette copie.

Toujours. Avec le regret, aussi triste que lancinant, de n’avoir jamais pu te la rendre…

Dans les yeux de Marie et de Mathias

Comme beaucoup, j'arpente, désoeuvré, mon Facebook et mon Twitter depuis vendredi.

Je vois défiler, au fil des tweets, des visages anonymes que des proches postent avec espoir, sans nouvelles des gens qu'ils aiment... Ces gens que je ne connais pas, que, pour la plupart, évidemment, nous ne connaissons pas.

Qui ne sont ni toi, ni moi, nous vous, ni nous...

Qui sont, pourtant, nous tous !

Je vois le selfie d'un couple. Ils ont quoi ? la vingtaine ? Ils sont heureux. Lui, tout sourire, casquette. Il a autour du cou les bras d'une très jolie femme blonde aux yeux bleus. Ils sont beaux. Comme nous tous quand nous sommes amoureux.


C'est l'image figée d'un bonheur qu'ils voulaient éternel. Ils ne peuvent évidemment pas imaginer que cette image de leur bonheur sera partagée, un vendredi 13, sur tous les réseaux sociaux.

On a tous, quand on a mon âge, ce genre de photo évaporée de rêves de bonheurs et de projets à construire à deux, une foi indestructible en un idéal de vie à faire fleurir et à féconder avec des enfants à venir. On est tous allés à des concerts, peut-être.

Je pense à ces deux jeunes, à leurs proches. Aux minutes terribles, inimaginables, indescriptibles qui ont été, pour eux, les dernières de leur trop courte vie.

Je regarde les yeux de Marie, ses lèvres accrochées à la joue de son bel amoureux. Cette image d'un bonheur à éterniser et que la lie de l'humanité a brisé.

Je pense à leur chez-eux que leurs proches devront vider. Au lit peut-être encore défait de tendres étreintes, à une tasse de café oubliée sur l'évier, à un post-it de courses sur le frigo, à cette photo, peut-être, accrochée dans l'entrée de leur appartement...

Je pense à mes enfants, aussi. Au monde de merde que nous allons leur léguer...

Demain, je vais emmener une guitare au collège. On va chanter "Imagine".


'Sometimes, there are no words'

Hier, Simple Minds, l'un de mes groupes préférés, vus des dizaines de fois en concert, lançait sa tournée européenne au Forest National, à côté de Bruxelles. Je les y avais vus d'ailleurs, en 2009, à peu près à cette période.

Simple Minds. Ce nom ne dira probablement pas grand-chose aux jeunes lecteurs de ce blog. Ce fut, dans les années 80, avec U2, The Cure, Depeche Mode et The Police, l'un des groupes qui remplissaient les stades et qui, surtout avec U2, engageait avec force leur musique dans la défense des causes universelles, notamment, alors, la lutte contre l'Apartheid en Afrique du Sud.

Hier, sur scène à Bruxelles, Jim Kerr a rendu un hommage poignant aux victimes des attentats et mis en ligne, en temps réel, une vidéo sur les réseaux sociaux qui a suscité des centaines et des centaines de partages et de commentaires.


C'est ici une vidéo amateur, je n'arrive pas à exporter celle (officielle) de Facebook vers mon blog.

13/11/15

Une date qui restera...

Souvenir d'un lundi midi, il y a quelques mois, passés - en vain - à m'escrimer pour tenter de choper des places pour le match de foot contre l'Allemagne pour y aller avec mon fils et mon frangin.

J'avais prévu de prendre le train à Valognes pour aller à Paris aujourd'hui pour écumer les boutiques de musique de la rue de Douai.

Les mots n'existent pas...


11/11

Il y a 97 ans, l'armistice mettait fin au carnage d'un conflit inédit par son ampleur et son horreur.

"La guerre, en somme, c'était tout ce qu'on ne comprenait pas", dira Bardamu dans le génialissime Voyage au bout de la nuit de Céline. De la gloire "qu'on fait avec de la nuit", c'est ce qu'est la guerre pour Victor Hugo.

La nuit a été longue, épaisse, ténébreuse au possible. Ce devait être la der des der. L'Histoire nous enseigne ce qu'ont été les lendemains de cette promesse.

J'ai une pensée particulière pour mon grand-père, qui a été de cette génération qui a connu les deux guerres. Celle qu'on appellera en Amérique la "lost generation", celle des Steinbeck et des Hemingway. Son frère est mort durant cette guerre, le 9 mars 1915, il n'avait pas 19 ans. Né le même jour que moi, ce n'est que tardivement que j'ai compris que la date de mon anniversaire ne devait pas évoquer à mon grand-père que des souvenirs heureux. Il a refusé que le nom de son frère figure sur un monument aux morts, marquant ainsi son mépris pour un état-major qui a envoyé des milliers d'hommes à l'abattoir.


Dans plusieurs pays, je crois que cette journée du 11 novembre n'est pas seulement un moment de recueillement et de commémoration pour la première guerre mondiale mais, davantage, une journée dédiée à la mémoire des morts de toutes les guerres.*

Une belle chanson de Bryan Adams sur ce jour de novembre, qui fait référence aux combats dans le Nord de la France...


Petite nouvelle que j'ai écrite sur cette période. A lire ici.

* C'est aussi le cas en France, depuis 2012.

C'est con, l'automne !


Promenade à Rouen hier.

Douceur incroyable mais ciel un peu tristoune. Les feuilles des platanes jonchent les trottoirs, sur les boulevards.

Les quais bas, rive gauche, sont silencieux. Pour la première fois depuis des décennies, la foire Saint-Romain, la plus grande de province, n'a pas lieu. Les forains ont refusé de s'installer sur un autre emplacement rive droite car les quais de la rive gauche sont trop fragiles pour accueillir leurs attractions.

Je me rappelle, il y a vraiment très longtemps, la foire sur les boulevards et vers la place du Boulingrin.

Automne propice à la nostalgie, aux souvenirs, à une certaine amertume.

On devient con quand on vieillit.

J'ai descendu la rue Jeanne d'Arc. Disparu le cinéma de mon enfance, devant lequel j'ai attendu avec ma mère pour voir "ET" ou des Disney comme "Rox et Rouky" ou bien "Robin des bois". Disparu Minitrain, la boutique de modélisme que mon père aimait particulièrement. Disparu Babyjoujou qui, avant l'explosion des magasins de jouets démesurés des zones commerciales, ravissait les yeux et faisait naître d'incroyables espoirs avant Noël. Ce magasin était magnifique, dans le style art-déco. L'agence immobilière qui occupe les lieux n'a même pas préservé la splendide mezzanine du magasin. On entrait dans cette caverne d'Ali Baba et, comme au théâtre, un double escalier permettait d'accéder à un balcon aux murs tapissés de Playmobil.

Rue du Général Leclerc, Kickers est toujours là. La Brioche chaude n'existe plus mais on trouve encore des brioches dans la boutique qui a investi cet espace si exigu. Medium, le magasin de musique n'est plus rue du Gros. Je voulais y essayer une Fender acoustique. Mais rien. Les mêmes songbooks des Pink Floyds ou de Supertramp que quand j'étais ado. Bonjour le progrès !

Après-midi, vers chez mes parents, j'ai emprunté la côté de Saint-Aubin-Epinay et mes souvenirs m'ont conduit à Franqueville, là où, gamin, le dimanche, on se promenait, au milieu des champs envahis de maisons désormais. Il y a bien encore un grand champ préservé dans lequel nous allions chiper des pommes. Mais les pommiers ont été, sauf deux ou trois, tous abattus.


En revanche, le cimetière, lui, a bien été agrandi. J'écrirai un jour la rencontre que j'ai faite dans le chemin qui a aujourd'hui été mangé par le cimetière...

C'est con de vieillir. Et je déteste l'automne...

Finalement, c'est peut-être l'automne qui est con ! Qui sait... ça me rassurerait...

Tatihou !

Je suis revenu de Tatihou hier, île au large de la côte Est du Cotentin.






Encadrés par Mmes Blanloeil, Lepresle, Madeleine, Novince et M. Pitt, les élèves de quatrième de Charcot ont pu découvrir ce site magnifique dans le cadre d'un projet interdisciplinaire plutôt ambitieux.

Au programme, TP de sciences in situ, croquis de l'île en arts plastiques, visite de la tour Vauban en histoire... Chasse (pédagogique) au trésor grandeur nature ! Pour le français, s'imprégner de l'atmosphère pour poser les bases de récits fantastiques à rédiger très prochainement !

Le tout, en tout cas pour lundi, par un temps absolument splendide !

Deux jours pleins pour un résultat pédagogique positif, il me semble. Je pense que tout élève, un minimum impliqué (ce qui était le cas de l'immense majorité d'entre eux) retirera "quelque chose" de ce séjour, ne serait-ce qu'au niveau de la vie en collectivité ou de la prise d'un petit-déjeuner le matin !

Et un petit clin d'oeil made in Vauban au fort de Charlemont de Givet, dans les Ardennes ;-)


Ardennes où, du reste, le temps était aussi magnifique durant les vacances...

quartier de la collégiale de Molhain (maison à vendre au centre !)

château de Hierges dont je parlais encore hier à mes cinquièmes car son destin est lié à celui des Croisades

Pizza !

Ceux qui me connaissent savent que je suis un grand amateur de pizzas ;-)

Récemment, de retour dans les Ardennes, je suis allé dans le magnifique village d'Hargnies.

Sur la place centrale, un petit restaurant sans prétention. La Taverne de L'Aulnet. En été, on s'installe en terrasse. A l'automne, dans la petite salle, aménagée avec goût.

La spécialité du lieu, ce sont les pizzas. Tout est fait "maison" avec des produits frais. D'ailleurs, si le produit n'est pas disponible, la pizza qui va avec n'est plus au menu.

Aux fourneaux, Anthony, 23 ans, un ancien élève. Il prépare des pizzas que je mets dans mon trio de tête de l'excellence, avec celles du camion à pizzas des Pieux du marché du vendredi midi et celles du Drugstore de Rouen.

Au moment de régler, sa mère, qui l'aide dans son commerce, me remercie parce qu'elle n'a pas oublié que j'étais le prof principal de son fiston en 2006 lorsqu'il était en troisième et que c'est moi qui l'ai orienté vers la boulangerie (d'où la saveur de sa pâte à pizza !) Cela m'a touché.

On est donc un peu utiles ;-) Et, moi, très égoïstement, ça me fait plaisir qu'on ne m'ait pas oublié (primo) et d'avoir pu contribuer au parcours de cet élève (secundo). C'est bien pour cela qu'on est là, surtout prof principal de troisième : aiguiller au mieux l'élève dans la voie qu'il veut découvrir.

Et (tertio), je me suis régalé !

Vacances !

Ce sont les vacances. Pause salvatrice avant une longue période jusqu'à Noël.

Je devrais probablement mettre ces congés à profit pour améliorer mon endurance au cross mais, moins pragmatiquement, c'est à la guitare que je vais me consacrer un peu.

J'ai commencé à grattouiller vers 15 ans sur une guitare de mon père. Une Paul Beuscher type Les Paul noire. Mon père est musicien et, à la maison, il y avait toujours un instrument de musique à choper : saxo, accordéon, synthé, violon, etc.

J'ai donc abordé l'instrument en autodidacte - ceci explique peut-être mon niveau ;-)


Petit à petit, j'ai étoffé mon matériel. Mon père m'a emmené à Paris, quartier Pigalle, assez connu pour certains attraits et moins connu pour être aussi l'un des quartiers où se concentre une quantité impressionnante de boutiques dédiées à la musique. A l'époque, vers l'avenue des Ternes, il y avait un super magasin qui s'appelait DM (Distribution Music) : une mine !

Un ampli Marshall est devenu complice du jeu de massacre de certains titres. En 1993, le Père Noël m'a apporté une magnifique Strato American Fender. Dix ans plus tard, une Télé Fender Mexique bleu glacier l'a rejointe. Entre-temps, j'ai aussi eu une Ovation électro-acoustique. Côté effets, j'ai investi dans un Korg A5 dès le début. C'est ce que tous les jeunes avaient à l'époque. 5 mémoires utilisateurs, c'était déjà formidable - complètement ridicule maintenant ! En 2000, pour fêter mon CAPES, le jour même, je suis allé investir dans un autre effet Korg, celui que j'ai encore.

Le Marshall a rendu l'âme, il faut dire qu'il a été pas mal trimbalé durant un quart de siècle ! Je viens donc d'investir dans un ampli Fender Mustang II, absolument génialissime, avec des capacités décuplées grâce au logiciel Fender Fuse qui permet d'ajouter quantité d'effets numérisés à ceux déjà offerts par l'ampli. J'ai toujours aimé bidouiller pour fabriquer des sons et, là, je suis servi. Je suis fan du delay et je peux triturer des réglages pendant des heures pour obtenir la réverbe idéale ! Il faut dire que j'aime beaucoup les sons de U2 et de Simple Minds dont les guitaristes Edge et Charlie Burchill ont été des pionniers dans la diversification des effets, particulièrement le travail sur le delay.

J'ai donc joué pendant une quinzaine d'années et puis, avec deux naissances (mes enfants), j'ai un peu abandonné. Je m'y remets donc un peu, toujours sur la Strato qui a besoin d'un entretien général même si elle d'une qualité exceptionnelle et sur la Télé au son plus granuleux et plus brut.

Bonnes vacances !

Cross !

Hier, aïe, aïe, j'ai couru le cross du collège des Pieux !

Un super cross, vraiment, une organisation exceptionnelle et une ambiance conviviale avec la participation de nombreux parents. L'une des courses est uniquement réservée aux adultes et, en plus de la dizaine de profs au départ, il y avait une cinquantaine de parents. Très belle initiative. Chaque adulte qui court rapporte des points à un groupe d'élèves.


Cerise sur le gâteau pour moi, j'ai pu partager ce moment avec mon fils puisque les CM de l'école des Pieux étaient invités à participer au cross qui n'a rien d'un parcours de santé pépère ! Une belle côte, un faux-plat suivi à nouveau d'un bon raidillon...

Personnellement, j'ai fini 39ème (quel beau chiffre !) avec cette impression terrible, en haut de la côte, de ne plus avancer mais, plutôt, de reculer. Courbaturé aujourd'hui ! Je n'ai pas à rougir parce, honnêtement, en tête de la course, ça courait vraiment très vite, aux alentours de 4 minutes au kilomètre. Même quand je courais "sérieusement", j'étais bien en-dessous !

J'espère être encore là l'année prochaine et pouvoir faire mieux en m'inspirant des méthodes de Lance Armstrong ;-)

Heureusement, durant les jours à venir, pas mal d'interros donc ce sont les élèves qui vont bosser !

Dans un autre genre, ce soir, après le cross, c'était le marathon de la réunion parents-profs à Charcot.

Bonne fin de soirée et, si je ne poste pas d'ici vendredi, bonnes vacances à tous !

Secrets...

Boomerang.

J'ai fini ce livre ce matin. Belle histoire de Tatiana de Rosnay dans un registre qui est un peu sa marque de fabrique : le secret (dans un récit qui enjambe l'Atlantique).


Antoine emmène sa soeur à Noirmoutier pour ses 40 ans, là où la famille passait ses vacances durant leur enfance, avant le décès de leur mère, survenu alors qu'ils étaient encore jeunes. Ce pèlerinage vire au cauchemar et ravive de nombreux souvenirs ou, plus précisément, pointe du doigt des lacunes dans leurs souvenirs.

C'est le début d'une long chemin vers la vérité : qu'est-il arrivé à leur mère, dans ce milieu bien conformiste de la bonne bourgeoisie du XVIè ?

Entre non-dits, révélations, mensonges avoués, c'est une véritable quête qu'Antoine, récemment divorcé, en pleine crise de la quarantaine, à la tête d'enfants infernaux, mène.

Les personnages sont parfois un peu convenus, c'est dommage. Mais Tatiana de Rosnay a aussi, souvent, cette écriture sensible qui fait mouche chez moi. Ces lignes où je me dis : "tiens, ça, c'est tout à fait moi, ce que j'aurais pu penser."

Le film vient de sortir, adapté du livre. Je vais essayer d'aller le voir à l'occasion.

Tatihou

Après-midi de travail sous le soleil de Tatihou avec Mmes Blanloeil, Lepresle et Novince et M. Pitt.

Je ne connaissais pas l'endroit. Très beau sous le ciel bleu.





Nous y avons passé l'après-midi pour mettre sur pied deux jours sur-place avec nos quatrièmes dans le cadre d'un beau projet interdisciplinaire.

Au menu du français, conjointement avec les arts plastiques, ce sera la rédaction d'un récit fantastique.

A suivre au retour des vacances de la Toussaint.

Boomerang !

J'ai renoncé à Millenium 4. Je n'ai pas adhéré.

J'ai opté pour valeur plus sûre. Tatiana de Rosnay. Avec un récit ancien mais que je n'ai jamais lu. Boomerang.

Tatiana de Rosnay, je la suis sur Twitter et, du coup, j'ai vu que ce roman avait été adapté au cinéma (sortie au cinéma mercredi dernier). J'ai donc franchi le pas pour la lecture de ce récit et, pour l'heure, j'adhère.


J'aime beaucoup l'écriture de cette auteure. Tout en finesse et en subtilité, faite de non-dits, avec cette thématique récurrente du secret et de l'intime : Son carnet rouge, Rose. Et, bien sûr, Elle s'appelait Sarah, roman que je recommande souvent à mes élèves et rares sont ceux qui sont déçus d'avoir attaqué la lecture de ce livre !

Je pense terminer Boomerang assez vite.

SR

Approfondir !

Mes élèves le savent : "approfondir" est un mot dont j'use et abuse dans mes corrections.

Des élèves m'ont demandé - et des familles vont probablement me le demander lors des réunions parents-profs - comment approfondir et s'exercer chez soi.

Comme chaque année, je vais répondre que le Bescherelle du collège est une mine, avec toutes les notions du programme. J'y jette moi-même régulièrement un oeil pour ajuster mes bilans.


Pour s'exercer en conjugaison et en orthographe, le Bled reste une référence. Et, même au collège, je recommande les ouvrages dédiés à la primaire car c'est toujours dans les vieux pots que l'on fait les meilleurs confitures. Il n'y a aucune honte à se référer à des ouvrages de primaire. Ce sont souvent ceux qui ont l'approche la plus complète des notions puisqu'ils reviennent sur les bases qu'un écolier doit maîtriser. Je fais régulièrement bosser mon fils qui est en CM1 sur la version "junior".


Bon WE ensoleillé...

Lectures !

Bonjour,

L'enseignement du français a cela de particulier qu'il requiert la lecture de livres (c'est fou !) : les programmes imposent la lecture de six oeuvres (trois qui font l'objet d'une analyse en classe et trois qui font l'objet d'une lecture de prolongement, d'approfondissement).


Ces oeuvres, certaines sont disponibles au CDI sous la forme de séries. Une série coûte cher et c'est évidemment impossible d'avoir à disposition des élèves une quantité incalculable de séries de livres.

C'est pourquoi il faut aussi que les familles se procurent des livres. Je ne suis pas un partisan de l'achat à tout prix et, bien sûr, si les familles ont le livre, même dans des éditions anciennes, on ne va pas forcément le racheter...

Pour les quatrièmes, il faudra se procurer au plus vite Le Horla (version de 1885).

Vous pouvez commander sur Amazon ou Fnac avec frais de port gratuits. C'est intéressant et fiable. C'est ainsi que la plupart des parents procèdent.

Pour la Fnac, c'est ici ; pour Amazon, c'est là.

Ce bouquin est libre de droits et vous le trouverez donc facilement gratuitement sur Internet en format doc ou epub.

A l'achat, choisissez l'édition la moins chère ;-)

C'est malgré tout préférable de l'avoir en version papier. Les extraits sur lesquels nous travaillerons particulièrement en classe seront dupliqués par mes soins.

Merci de votre compréhension,

SR

Gogo !

Les cours de français que je fais en cinquième sont tellement géniaux que nous devons accueillir des élèves aussi improbables qu'impatients, juchés sur le poulailler du troisième étage, avec une vue imprenable sur l'église de la Trinité de Cherbourg !


En attendant de trouver un nom sur lequel chacun tombera d'accord, je propose : Gogo le goéland ! Et admirons sa démarche svelte, son oeil profondément intelligent, la musculature de sa papatte et ses tablettes de chocolat !

Dédicace à mes 5B de Cherbourg, très agréables ;-)

Bon WE et quelques révisions pour tout le monde car on attaque les premières interros la semaine prochaine !

SR

Petite reine (déchue)

On en parle beaucoup dans les médias : "The Program", film consacré à l'énorme tricherie de l'énorme tricheur Lance Armstrong.

Le film n'a pas l'air mal.


Et il a été en partie tourné dans les Ardennes, à Charleville-Mézières (dont on aperçoit la célèbre Place ducale dans la bande-annonce française) et à Hierges, petit village couronné par son célèbre château, où j'ai régulièrement emmené des élèves, juste à côté de Vireux. Ci-dessous, arc-en-ciel au-dessus de Hierges, pris lors d'une sortie avec mes élèves en octobre 2013.


Je me rappelle le tournage du film, il y a un an et demi. J'avais voulu y emmener mon fils mais le temps n'était pas idéal et l'accès pas simple. On avait renoncé finalement. D'ailleurs, sur la bande-annonce, je crois que les plans sous la pluie sont tournés à Hierges ;-)


Discriminations !

Petite digression avec les 5B de Charcot aujourd'hui.

Un mal pour un bien puisque nous avons débattu des discriminations.

Petit document à suivre, diffusé par le Ministère de la Justice.

Get up !

Les lecteurs de ce blog savent que je suis un grand fan de Bryan Adams, chanteur aux millions d'albums vendus et aux innombrables tubes, que j'ai eu la chance de voir il y a bien longtemps à Bercy en 1997. Plus récemment, je l'avais vu dans un festival belge, à Werchter, avec une line-up à donner le tournis (le chanteur de Simply Red accompagné du Rolling Stone Ron Wood, James Blunt, Texas, Simple Minds). Enfin, en décembre dernier, je me suis fait plaisir en allant le voir au Zenith de Paris : show époustouflant. Là où mes idoles s'essoufflent, comme Simple Minds ou U2, Bryan est toujours meilleur et son bonheur d'être sur scène est simple et communicatif...



Un nouveau titre, un nouvel album en octobre et, j'espère, une tournée européenne à suivre...


Pépin !

Petit clin d'oeil pour mes quatrièmes de Charcot qui ont su que j'allais dans les Ardennes ce WE. Je leur ai promis une photo dédicacée. Voilà, c'est fait.



 Ajoutons à ces photos quelques mots culturels.


La maison est en face de la collégiale de Molhain, édifice très ancien, construit à la demande de la soeur de Pépin le Bref, le papa de Charlemagne. L'édifice visible n'est évidemment pas l'église d'origine. Mais, à l'intérieur, il y a une crypte du 8ème siècle dans un état remarquable : vestige rarissime de l'art roman des débuts du Moyen Âge. La collégiale était fermée, je n'ai pas pu aller photographier la crypte. Je n'ai jamais compris, pour avoir habité 7 ans face à cette église, pourquoi un tel patrimoine n'était pas davantage mis en valeur.

Après l'occupation romaine (Vireux-Molhain est célèbre pour les vestiges de son camp romain et, non loin de là, le château de Hierges a été édifié sur une ancienne place forte romaine), les chrétiens sont venus évangéliser tout ce beau monde et des chanoines se sont installés ensuite à Vireux-Molhain, autour de la collégiale, vivant en relative autarcie sur un domaine sur lequel se trouvent ma maison et quelques habitations voisines, réputées pour être parmi les plus anciennes de la Pointe des Ardennes.

La légende dit que Pépin le Bref est enterré aux abords ou dans la collégiale. Probablement dedans comme c'était la tradition pour les personnages de haut rang. Pépin le Bref, ce n'est pas rien. Les Allemands, durant la première guerre mondiale, ont occupé Vireux et ont fouillé de fonds en combles la collégiale car, pour eux, Pépin le Bref est important : il est le père de Charlemagne dont le territoire a été divisé à son décès et dont la partie orientale dessine déjà les frontières de l'Allemagne - le fils de Charlemagne régnant sur cette région étant d'ailleurs connu sous le nom de Louis le Germanique.

Bref, pas de Pépin malgré les efforts des soldats allemands pour mettre la main dessus. Il faut dire que 13 siècles plus tard, ce n'est pas simple. Certains diront que Pépin est à la basilique Saint-Denis. D'autres disent que Pépin est bien dans la collégiale mais que les Allemands ne l'ont pas fouillée complètement, ignorant que, à l'origine, elle était plus longue et que son clocher se situait alors sur l'actuel parvis avant qu'il s'effondre. Si Pépin est là, il est effectivement crédible qu'il puisse se trouver là où le clocher s'élevait.

Des travaux d'accessibilité ont été réalisés tout récemment sur ce parvis. On n'a pas vraiment cherché à creuser et, pour l'heure, la sépulture éventuelle de Pépin n'a pas livré ses secrets !

Je vous dirai ce soir si je croise son fantôme ce soir dans les rues voisines ;-)

Bonne fin de WE !

Progrès !

J'ai commencé fort avec mes quatrièmes en leur assénant un certain nombre de repères historiques pour leur faire bien percevoir que, au XIXè siècle (pour la période qui m'intéresse), les écrivains produisent des oeuvres largement influencées par leur époque.

Ce siècle est le siècle du progrès et ce mot - PROGRES - est au coeur de l'oeuvre de Victor HUGO, notamment dans Les Misérables. Mais Victor HUGO n'oublie pas l'ambivalence de ce mot qui attise aussi les inégalités et favorise l'exploitation des classes les plus misérables et des êtres les plus vulnérables, notamment les enfants.

Pour ces enfants, il milite pour des "droits" (il est le premier à revendiquer les "droits de l'enfant") et pour un accès libre à l'école, véritable moyen de promotion sociale. La première chose que fait Jean Valjean lorsqu'il s'occupe de Cosette, c'est lui apprendre à lire.

Au sujet de l'ambivalence de cette notion de progrès, j'ai regardé tout à l'heure un vieux titre de musique du groupe Genesis dont le nom ne dira probablement pas grand-chose aux plus jeunes lecteurs de ce blog (quoique, Phil Collins, le chanteur, interprète le titre du Disney "Frère des ours") mais sera certainement connu des plus âgés.


Dans le titre "Driving the last spike", Phil Collins chante le destin d'un ouvrier employé pour ouvrir une grande ligne ferroviaire en Angleterre (le progrès), survivant d'une catastrophe lors des travaux. Le visuel avec le grand écran montre plusieurs enfants embauchés sur ces chantiers où, exploités, ils laisseront leur jeunesse... Cette chanson est inspirée de faits réels.

En France, le chemin de fer révolutionne les échanges : il bouleverse le commerce, il favorise le mouvement des populations alors très sédentaires et initie le tourisme (des Parisiens vers les côtes normandes dont les villes sont prioritairement reliées à la capitale) et impacte le divertissement (j'ai montré, lors de mon année de maîtrise, que le Théâtre de Rouen, salle majeure dans l'Hexagone, subit de plein fouet la concurrence avec les théâtres parisiens dès lors que les Rouennais vont se divertir dans la capitale grâce au train).

La trilogie Le Siècle de Ken Follett dont j'ai déjà parlé sur ce site s'ouvre sur l'anniversaire Billy. Il se lève pour son premier jour de travail à la mine. Il a 13 ans...

Aujourd'hui, on estime qu'il y a 158 millions d'enfants dans le monde qui travaillent et n'ont pas la chance d'aller à l'école. J'ai parlé à mes élèves du chiffre de 120 millions, déjà colossal, mais, ça, c'était quand j'étais jeune prof, il y a 15 ans... Il y a quelque temps, j'avais lu le rapport de l'UNICEF sur la situation des enfants dans le monde. Il démontrait que les filles étaient particulièrement touchées par ce travail infantile.

La page de l'UNICEF sur le travail des enfants est à lire ici.

Les derniers jours de nos pères

J'ai acheté ce bouquin car j'avais vraiment apprécié La vérité dur l'affaire Harry Quebert. Cette fois, on n'est plus dans le policier. On est dans le récit historique.

Ce roman, c'est l'histoire de Pal, Laura, Gros, Stan et tous les autres, patriotes ayant quitté leur pays en guerre pour rallier Londres et y suivre la formation particulièrement astreignante de commandos du SOE, envoyés ensuite en France (ou ailleurs) pour former et armer les Résistants.


C'est plutôt bien documenté pour la partie purement historique. En revanche, cela vire souvent au mélo : Gros et la serveuse anglaise, le papa complètement gâteux de Pal. Il y a comme un manque de consistance, d'épaisseur et c'est dommage... J'ai laissé cette belle histoire avec une sensation d'inachevé...

Je viens d'attaquer Millénium 4, dont on a beaucoup parlé dans les médias ces derniers jours. J'avais beaucoup aimé les trois premiers volumes, flippants, glaçants, au style chirurgical terrifiant... Brrrr...

Ardennes...

Petit retour dans la maison des Ardennes, toujours à vendre s'il y a des amateurs :-)

En ce moment sort un film avec Benjamin BIOLAY qui, ces derniers mois, a été en partie tourné justement à Vireux-Molhain.


Je découvre à l'instant que le film est adapté d'un bouquin de Sébastien Japrisot, rendu célèbre pour L'été meurtrier ou, plus récemment, Un long dimanche de fiançailles. J'ai lu, il y a bien longtemps, L'été meurtrier, sur les conseils de ma mère qui l'avait acheté parce que l'auteur avait le même prénom que moi et parce que c'était le best-seller de l'été 77. C'est drôle parce que c'est de la même manière que j'ai découvert Tatiana de Rosnay : parce qu'elle porte le prénom de ma fille... Chez les Rio, le choix d'un bouquin est parfois super superficiel ;-)

Je profite de ce petit billet culturel pour partager le lien de la série consacrée aux Ardennes que le JT de TF1 a réalisée il y a quelques années. On y voit notamment M. Devresse avec qui j'ai eu le bonheur de visiter la collégiale avec mes élèves à plusieurs reprises. On aperçoit aussi, sur certains plans, la maison, juste en face de la collégiale.

C'est ici.

Je profite de ce retour dans les Ardennes pour bosser ma quatrième séquence de quatrième, autour de l'épistolaire, un point du programme qui ne me passionne pas vraiment. Enfin bon...

Massif Central

Retour du Massif Central, de la Haute-Loire plus précisément. Etape dont je n'ai jamais parlé sur ce blog. La dernière fois que j'y suis allé, c'était en 2008.

Fief familial dans lequel j'ai passé, l'essentiel de mes vacances, dès ma naissance, en caravane au Monastier (point de départ de Stevenson et de son âne), puis au Lac du Bouchet, puis dans divers gîtes et, enfin, dans la maison que mes parents ont acquise il y a plus de 25 ans maintenant, au-dessus de Saint-Privat d'Allier, à la frontière du pays de la Bête du Gévaudan.

La famille de ma mère est originaire de là-bas et les recherches généalogiques menées successivement par plusieurs membres de la famille établissent des racines au moins depuis le XVIème siècle. Une trace ancienne évoque, dans un manuscrit de l'époque de la Guerre de Cent ans, le nom de famille de ma grand-mère : Engles, c'est-à-dire l'Anglais, celui qui, pendant cette longue guerre, le temps des moments calmes, se mélangeait à la population locale.

J'ai d'ailleurs pas mal repris la généalogie. J'aime l'idée de faire revivre ainsi des ancêtres. Mon objectif est d'avoir les informations les plus complètes sur mon ascendance directe au moins depuis la Révolution. C'est un véritable jeu de pistes, totalement chronophage. Et totalement grisant. La numérisation des archives, des cadastres, de l'état civil, des recensements constitue une véritable mine !

Sur le plateau de Fix, le début de la "vraie" Haute-Loire, comme on dit chez nous, avec le Mezenc, plus haut sommet, vers la droite, reconnaissable à sa double forme de pic et de bosse arrondie.

La Haute-Loire, hormis sa chaleur accablante et son absence de réseau GSM - un calvaire pour moi ;-) -, ce sont des paysages à couper le souffle, les odeurs de la terre humide remuée par les agriculteurs de cette région encore très rurale, les rues sinueuses du Puy en Velay aux pavés usés par les pèlerins de Saint-Jacques, une descente de l'Allier en canoë (et un chavirage déjà légendaire de votre serviteur), un banana split chez Savelon, le Mont Mezenc et la source de la Loire au Gerbier (bon, c'est plutôt en Ardèche !), tout ça...

La vue depuis le Mezenc, près de la croix de Peccata, théâtre de rituelles photos de famille depuis des générations. Parfois, au loin, on voit les Alpes. Ce n'était pas le cas cette fois, trop de brumes de chaleurs.

De retour, j'attaque la séquence 3 pour mes quatrièmes : la poésie lyrique, tout un programme ! Nostalgie, carpe diem, nature, autant de thèmes qui me parlent après ce séjour auvergnat !

Blaireau !

Bonjour à vous,

Merci à ceux qui, alors que le blog n'est plus trop mis à jour en cette période estivale, continuent à me suivre. Gros gros gros point noir dimanche 26 avec zéro visite quand même ;-)

Je tombe sur une belle série d'articles du Parisien sur mon twitter. Une série consacrée à la victoire de Bernard Hinault sur le tour 85. Vagues souvenirs de ces retransmissions en direct sur la petite télé du salon chez mes parents.

Comme aujourd'hui, ils étaient probablement un peu dopés. Mais ces "forçats de la route" en imposaient. On sentait encore, chez eux, une forme de souffrance qui leur donnait encore une humanité et qui faisait de leurs prouesses d'authentiques exploits. Armstrong, les Festina et autres Indurain étaient des robots sur-vitaminés... Une fois, pour traiter ma maladie chronique, mon gastro m'a prescrit une forte dose de corticoïdes. Il m'a dit de ne pas m'alarmer, que c'était une dose qu'on injectait couramment dans la cuisse des cyclistes...

Le sport manque de tout cela, de ce dépassement qu'on jugeait, alors, hors de tout soupçon. Il y avait comme une beauté pure.

Et puis ce tour 1989, anthologique. Je me rappelle bien avoir vu la dernière étape en direct. Ce fameux contre-la-montre où Fignon laisse échapper le Tour pour une poignée de secondes. Un combat de titans ! L'Equipe avait fait son gros titre : "Inoubliable". Effectivement. 


Je revois Fignon, encore sur son vélo, je crois, entouré d'une horde de journalistes qui faisaient cercle autour de lui, complètement abattu, déjà conscient que la troisième épreuve sportive la plus importante du monde vient de lui filer entre les rayons, pour quelques tours de boyaux...

Les souvenirs du Blaireau sont ici. Il y a plusieurs articles. Il faut aller en bas de la page et trouver la rubrique "à lire aussi".

Je suis, depuis peu, Alain Prost sur Twitter. Quel champion ! Quelle classe ! Ces duels avec Senna !

Aux antipodes de tout cela, direction le business bling bling du ballon rond de la planète foot avec, peut-être, le France-Allemagne au Stade de France avec mon frère et mon fils en novembre. Cela fait un bail que je suis allé voir un match de foot... Vais préparer mes fiches de révisions de français à la mode Ribéry ;-)

En attendant, je boucle aujourd'hui la première séquence pour mes quatrièmes : lire une nouvelle réaliste. Cela prend appui sur La parure. Petit bijou (c'est le cas de le dire) de Maupassant... J'enchaîne avec Le Horla. J'ai écrit cette séquence pour le CNED donc je ne devrais pas y passer trop de temps. L'objectif est de boucler cela avant dimanche car, lundi, direction la Haute-Loire, terre de mes ancêtres... Je partagerai des photos de ces belles montagnes et du Puy-en-Velay, ville splendide - ça changera de Rouen, même si vous ne couperez pas à la cathédrale, juchée au haut de la rue des Tables !

Bonne poursuite de vacances...

Lumineux !

J'ai terminé ce matin un bouquin exceptionnel... Ces livres qui vous collent à la peau, vous torturent l'âme car vous crevez de les finir et, en même temps, vous n'avez pas du tout envie d'en voir l'issue ! C'est un livre qu'il faut prendre le temps de lire. Les phrases y sont ciselées, les mots y sont si bien choisis, une écriture parfaite, une vraie virtuosité poétique.

Des pages qui se savourent, des descriptions magnifiques, comme celle de la mer à Saint Malo.


L'histoire est belle. Marie-Laure, adolescente aveugle, qui fuit avec son père l'arrivée des Allemands à Paris. Elle trouve refuge à Saint Malo chez l'oncle de son père, Etienne. En Allemagne, Werner, curieux de tout, repéré pour faire partie de l'élite des jeunesses hitlériennes. Les deux destins vont se croiser. Au détour de ces vies brisées par la guerre, on croise des personnages torturés, tourmentés, blessés : Rumper, Jutta, Volkheimmer. Et puis cette atrocité nazie qui grandit, qui pervertit Werner, ramené à la raison par le massacre de deux innocents et par une rencontre bénéfique, et puis ces actes de résistance infimes, désuets, déterminants.

La structure du récit est classique mais efficace : par entrelacements (un chapitre pour Marie-Laure, puis un pour Werner avec quelques écarts pour évoquer Rumper) La chronologie interne (la diégèse, comme on dit) est éclatée mais toujours compréhensible.

La fin est particulièrement émouvante même si, selon moi, l'ultime chapitre est peu utile.

Une mention particulière à la traductrice, Valérie Malfoy, travailleuse de l'ombre, qui a conservé à ce livre toute sa poésie sensitive et sa richesse envoûtante !

J'ai adoré ce livre qu'il me faudra relire.

Vacances !

Bonjour,

Les vacances se déroulent tranquillement. Fin d'année studieuse avec les corrections auxquelles je me suis prêté en mode automatique. Quand on nous dit que, à la dictée, il faut accepter "la fin les rongeait" alors que le texte mentionne "la faim les rongeait", et bien, il n'y a plus grand-chose à dire. On dévalue et on déprécie des examens qui ne signifient plus rien. 92% de réussite au Brevet, je crois, un tout petit peu moins au Bac : honnêtement, il faut presque le faire exprès pour ne pas décrocher ses sésames ! Enfin, l'essentiel est que tout le monde se félicite de ces résultats. Youpi !

Fin d'année studieuse aussi car, à Charcot, on monte un énorme projet interdisciplinaire autour du Mont Saint Michel. La progression que j'ai réalisée pour la classe de cinquième qui y sera associée est largement guidée par ce projet puisque trois de mes séquences y sont liées : la mer en poésie, la thématique médiévale.

Fidèle à mes habitudes, j'ai déjà largement commencé la préparation de mes cours. Les vacances en bord de mer m'ont inspiré pour la thématique de la mer en poésie. 

Pointe de Pen Men, Île de Groix

Dès maintenant, j'attaque ma quatrième séquence de cinquième autour de la découverte de l'univers médiéval qui doit aborder, notamment, dans le cadre du projet Mont Saint Michel, l'approche de l'architecture. Je pense que je vais utiliser du Maupassant et, bien évidemment, des extraits de l'un de mes bouquins de chevet, Les Piliers de la terre de Ken Follett.

En août, j'attaque les quatrièmes. Ma progression est faite et reprend assez largement celle des cours du CNED pour lesquels j'ai rédigé plusieurs séquences il y a quelques années.

Il y aura donc en août une journée en famille au Mont Saint Michel et une autre sur l'île de Tatihou, destination d'une sortie de quatrième à Charcot.

Passez de bonnes vacances et faites de belles lectures... Je vous parle de suite du bouquin que je viens de finir...

SR

Brevet boyscout

Mon prof de philo considérait Saint-Exupéry comme de la "littérature pour boyscouts". C'est quand même Saint-Ex' qui est tombé ce matin au Brevet...

Que dire ?

Un texte autobiographique, stylistiquement assez riche avec un questionnaire qui ne se concentre ni sur la dimension stylistique ni sur l'approche autobiographique, cela, c'est un vrai exploit ! Pourtant, c'est au programme de troisième !

Une question de grammaire "bidon" et des questions qui appellent des réponses-fleuves avec une marge de manoeuvre assez large pour les éléments attendus.

Bref, encore un sujet très éloigné des attendus du programme, vague. Une réécriture plutôt facile, comme la dictée. Un sujet d'invention inintéressant (une énième suite de texte) et une sujet de réflexion convenu, sans originalité mais qui devrait apporter une bonne note aux élèves qui auront un minimum de méthode et quelques idées.

Une bonne base de correction : ici.

Prochaine étape : les corrections, lundi !

Bon courage pour l'histoire demain !

SR

Platini !

Je vois sur mon Twitter que Platoche a 60 ans aujourd'hui... Cela m'évoque instantanément le 21 juin 1986, le fameux quart de finale de la coupe du monde à Guadalajaja au Mexique. Match de foot anthologique. Je me souviens de l'album Panini que j'avais complété alors avec mes camarades à l'école. Je devais être en CM1.



J'étais alors un peu branché foot. Il faut dire que les Bleus faisaient rêver et que Platini proposait un mélange de talent, de panache et de charisme. J'aimais aussi beaucoup Giresse dont les images du but célèbre en 1982 ouvrait le générique de Stade 2.

C'est bizarre parce que je me souviens très bien de ce match, je veux dire, je me rappelle l'avoir vu à la télé, pourtant il devait y avoir un sacré décalage horaire. Peut-être avait-il été diffusé en différé ? Match épique, dantesque, dans un stade surchauffé, avec un Platini qui rate son tir au but, un Joël Bats transcendé dans les buts qui a joué probablement ce jour-là le match de sa vie. L'époque où le foot n'était pas encore gangréné par tout ce pognon qui m'en a détaché presque définitivement.


Un peu comme le rugby commence à l'être. J'ai apprécié les matches du Tournoi cet hiver. Mais je n'ai pas retrouvé l'émotion ni la ferveur des années 1995 quand j'allais au Parc encourager Saint-André, Bénazzi, Sadourny, N'Tamack, Ibanez, Califano et tous les autres...

Cette approche de l'été, c'est aussi le Tour de France. Mon père m'a emmené souvent le voir. On a notamment dormi dans la voiture, une fois, pour ne rien rater d'un contre-la-montre de montagne vers Chambery, je crois. Mon enfance a été bercée par les après-midis dédiés à la petite reine en été : Lemond, Kelly, Brookes, Fignon, Hinault, Indurain, Delgado et tant d'autres.


L'impression que ces sportifs étaient plus que des sportifs, mais des personnages que l'on identifiait immédiatement à leur discipline.

J'ai lu le bouquin de Fignon avant que ce champion disparaisse... Toute une époque et, même, toute une émotion, l'insouciance d'avant le grand cirque médiatico-financier où Fignon explique qu'un contrat se signait à l'arrière d'un bistrot...

Tant qu'on y est, à brasser les souvenirs, allons-y pour la grande époque de la F1. Mon père était un admirateur de Prost et le duel avec Senna au tournant des années 80/90 a été quelque chose ! En juillet 1991, nous sommes allés au Grand-Prix de France, à Magny-Cours. C'est Mansell qui a gagné, sur une Renault, je crois. L'époque où la mécanique n'avait pas encore pris le pas sur l'homme, où il n'y avait pas ravitaillement d'essence...

Prost, Platini, Fignon, tous ces sportifs incarnent au sens propre et étymologique leur discipline. C'étaient de vieux briscards, des tacticiens, des intellos du sport. Ils incarnent aussi une certaine fragilité, une certaine perfectibilité, la conscience de ne pas être infaillible dans la quête de la performance. J'ai le souvenir de Lionel Chamoulaud, figure incontournable du service des sports de France Télévisions, qui, à ses débuts, a consacré de nombreux reportages à Prost, on l'y voit, avec beaucoup d'humilité, expliquer comment il règle lui-même sa voiture, l'inclinaison des ailerons, la hauteur des amortisseurs... C'étaient des champions immenses et, malgré tout, ils avaient une certaine discrétion, une certaine pudeur...

Allez, j'arrête... Je ne suis pas un grand sportif, je l'avoue, même si j'ai toujours eu des facilités en athlétisme. Mon grand-père maternel était, lui, un grand athlète : il faisait du rugby à un niveau acceptable, faisait de la course à très haut niveau (il a même concouru contre le champion olympique de l'époque, Pavo Numri) et était un excellent nageur, ce qui lui a permis de fausser compagnie aux Allemands durant la Seconde Guerre et de s'évader en traversant la Meuse à la nage...

Baguette !

Comme chaque dimanche, je vais à la boulangerie du coin, j'achète des croissants pour les enfants, une baguette encore chaude... Et une brioche ou autre pour le goûter si j'ai la flemme de prévoir un goûter "maison"...

Je ne sais pas pourquoi mais, ce matin, particulièrement, je me suis rappelé quand j'allais, sur mon vélo Décathlon Go-on blanc reçu pour mes 10 ans, acheter le pain à la boulangerie de Franqueville Saint Pierre, quand j'étais gamin. La fameuse "baguette sur pavé pas trop cuite". On la mangeait, au retour, avec mon père, avec du beurre et un morceau de sucre... Très régime et... très délicieux !


J'avais un petit porte-monnaie ou un bidule qu'on mettait au poignet avec des velcros pour contenir l'argent.

Je me suis surtout rappelé, ce matin, que la baguette coûtait alors 2,40 francs... Oui, 46 centimes d'euro ! Ce matin, chez mon boulanger, une baguette vaut bien plus d'un euro ! En trente ans, le prix d'une baguette a été multiplié par trois.

Voilà, c'est le fruit de ma réflexion du matin :-)

Bonne journée à vous,

SR

Le siècle

Ken Follett aime les défis exceptionnels. Il s'est lancé dans l'écriture d'une saga familiale colossale qui plonge les personnages au coeur de l'histoire, depuis le début du XXème siècle jusqu'au serment d'Obama en 2008. Le récit est pétri de bonnes intentions, surtout dans le premier volume où l'histoire n'a pas pris encore une proportion considérable et où le système des personnages reste compréhensible. On s'attache notamment à Ethel, à ses enfants...


Et puis, au fil des pages, des volumes, des 4000 pages de cette trilogie qui nous emmène en Russie, en Allemagne, en Angleterre et aux Etats-Unis, on se perd complètement, on ne sait plus qui est qui, qui est le petit-fils de qui, qui sort avec qui, etc.

Ce récit est une mine, évidemment, car, comme à son habitude, Ken Follett s'est entouré des meilleurs spécialistes historiens. Mais on y perd son latin, le souffle épique, la joie innocente de lire un bouquin haletant comme Les Piliers de la terre. A force de donner aux personnages une véritable épaisseur historique, l'un est conseiller de Bob Kennedy, un autre de Krouchtchev, l'une est maîtresse de JFK, on se noie dans des invraisemblances où la fiction ne fait pas le poids face à l'histoire, des retrouvailles entre personnages absolument impossibles, à peine masquées par des artifices narratifs un peu lourds (comme lorsque la famille de Karoline se retrouve dans la foule de millions de personnes à la chute du Mur de Berlin)

Je dois avouer que c'est au "radar" que j'ai fini le dernier livre, complètement paumé dans les liens qui unissent les personnages.

Bref, c'est bien, mais c'est loin d'être le meilleur de Ken Follett...