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"Les points sur les i", petit blog péda(nt)gogique lié à mon métier de prof de français. En 2021, j'attaque ma 22ème rentrée : la huitième dans la Manche, après neuf ans dans les Ardennes et plusieurs années en lycée et collège aux alentours de Dieppe. Cette interface est un lieu pour proposer des éléments (plus ou moins) en rapport avec les cours que j'inflige à mes élèves : cahiers de textes, documents complémentaires, billets d'humeur et partages de mes lectures personnelles... Bonne visite !

Ardennes : la collégiale de Molhain

Retour dans les Ardennes...



J'ai longtemps habité - et j'habite encore, en attendant l'hypothétique vente de notre maison - au milieu d'un quartier historique dans lequel j'ai souvent emmené mes élèves pour une petite plongée concrète dans un patrimoine riche et souvent méconnu. Quoi de mieux, lorsqu'on aborde l'occupation romaine ou le Moyen Âge, qu'emmener à pied les élèves sur les traces du patrimoine qui les entoure : le camp romain de Vireux-Molhain, la collégiale de Molhain ou le château de Hierges ?




Comme prof de français, je m'attache toujours à trouver, quand c'est possible, l'équilibre entre les approches suivantes : la période historique concernée telle qu'elle est vue dans le cours d'histoire, la période historique telle qu'elle est présentée dans la littérature, la période historique telle qu'elle a réellement eu lieu chez nous, à notre porte. Clin d'oeil insolite de l'histoire que d'imaginer que l'actuelle plaine de jeu de Hierges avec le terrain de foot était à l'époque médiévale l'aire de tournoi dépendante du château !

Notre maison est l'une des plus anciennes de la Pointe des Ardennes, elle figure d'ailleurs sur un plan assez ancien de la région. C'est la seule maison à pans de bois des environs et, d'emblée, la première fois que nous l'avons vue, nous avons été séduits. Autrefois, c'était la maison du chef des chanoines, probablement initialement sur un seul niveau, puis on a ajouté (au XVIIè ?) les étages supérieurs.

Des chanoines se sont en effet établis, il y a bien longtemps, pour évangéliser la population locale. Ils se sont installés aux abords de la collégiale de Molhain, réservant les reliques de Saint-Ermel. Les chanoines vivaient en autarcie : ils cultivaient, faisaient leur pain. Mon voisin pense que l'une des dépendances de sa maison était un moulin actionné par la force du Deluve qui se jette dans le Viroin avant de se jeter dans la Meuse. Cela ne rigolait pas chez les chanoines et il ne fallait pas aller fricoter de trop près avec les dames du voisinage : la maison de mon voisin rappelle qu'il y avait des cellules pour enfermer les chanoines peu sages. Dans notre maison, il y a un puits à la cave. Je n'en ai jamais soulevé la lourde plaque de tôle.

Face à la maison, insuffisamment mise en valeur, la collégiale de Molhain est un vestige exceptionnel du passé. L'édifice ne sert plus qu'occasionnellement à des mariages et, surtout, à des enterrements. Je trouve l'intérieur franchement laid. Mais, au fond de l'église, en descendant, on tombe sur un vestige remarquable : dans un état de conservation exceptionnel, on a une crypte d'époque carolingienne, qui a affronté douze ou treize siècles pour se présenter à nous.

C'est un édifice aussi remarquable car sa création est à l'initiative de la soeur de Pépin le Bref et une légende tenace laisse penser que le Papounet de Charlemagne est enterré là. La collégiale a été fouillée quasiment intégralement fouillée par les Allemands lors de la première guerre mondiale ; il n'y ont rien trouvé.

Sur ces photos, on aperçoit donc la maison, celle de mon voisin avec la dépendance au fond qui serait l'ancien moulin. Autour de la collégiale, une étendue d'herbe et des vestiges de tombes qui rappellent que, par le passé, les abords immédiats des églises étaient des cimetières. Un peu plus loin, c'est le la rue de la tannerie qui rappelle que, bien souvent, au bord d'un cours d'eau, on travaillait la peau des bêtes, travail aussi ingrat qu'épuisant.

Si j'ai le temps, dans les prochains jours, je vous emmène à Hierges puis à Rouen. Cela tombe bien puisqu'on aborde la littérature du Moyen Âge en cinquième. J'essaierai de retrouver des photos de la ville de Dinan (la ville française, pas son homonyme belge où mes enfants sont nés !) qui a su préserver des vestiges médiévaux urbains incroyables.


Bonnes vacances !

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