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"Les points sur les i", petit blog péda(nt)gogique lié à mon métier de prof de français. En 2021, j'attaque ma 22ème rentrée : la huitième dans la Manche, après neuf ans dans les Ardennes et plusieurs années en lycée et collège aux alentours de Dieppe. Cette interface est un lieu pour proposer des éléments (plus ou moins) en rapport avec les cours que j'inflige à mes élèves : cahiers de textes, documents complémentaires, billets d'humeur et partages de mes lectures personnelles... Bonne visite !

Drogues...

Bouquin impressionnant, qui date déjà. Qualité documentaire... Que l'on lit plus pour le fond que pour la forme.






"Il me semble souvent que je suis une étrangère dans ma propre famille, que je l’observe de l’extérieur. Comment peut-on être aussi sauvage quand on appartient à un milieu aussi grégaire, amical, élastique ?"

"Tous les professeurs sans exception que j’ai en ce moment sont des imbéciles et des casse-pieds. J’ai lu un jour qu’une personne a de la chance d’avoir dans sa vie deux bons professeurs, qui la stimulent et qui donnent un sens à sa vie. Je suppose que j’ai eu ces deux-là au jardin d’enfants !"

"Depuis deux jours, j’essaye de me persuader qu’en prenant du L.S.D. je suis devenue une « camée » et toutes ces choses vulgaires, sales, méprisables que l’on entend dire des gosses qui prennent du L.S.D. et d’autres drogues, mais je suis si, si, si curieuse que j’ai hâte d’essayer l’herbe, rien qu’une fois, je le promets ! Il faut vraiment que je sache si c’est réellement ce qu’on en dit ! Tout ce que j’ai lu au sujet du L.S.D. a été manifestement écrit par des gens qui ne savaient pas de quoi ils parlaient ; la marie-jeanne, c’est peut-être pareil. "

"Zut, zut, zut et rezut ! J’ai recommencé. Je ne sais pas si je dois pousser des cris de joie ou me couvrir la tête de cendres et m’habiller d’un sac ou je ne sais quoi. Tous ceux qui prétendent qu’il n’y a pas d’accoutumance si on prend de l’herbe ou de l’acide sont des foutus ignorants imbéciles ! Je me défonce avec ces trucs-là depuis le 10 juillet, et chaque fois que j’ai laissé tomber j’ai cru mourir de peur à la pensée de tout ce qui peut ressembler à la drogue. Et comme une idiote je croyais que je pouvais en prendre et laisser tomber aussi sec !

Tous les gosses stupides qui se figurent qu’ils peuvent simplement s’amuser à y goûter n’existent en réalité que d’une prise à une autre. Quand on a commencé, il n’y a plus de vie possible sans drogue, mais c’est une existence dégueulasse d’esclave. Et pourtant je suis ravie d’y retourner. Heureuse ! Heureuse ! "

"Le speed m’a fait un peu peur, au début, parce que Bill devait me l’injecter dans le bras. Je me rappelais comme j’avais eu horreur des piqûres à la clinique, mais ça c’est différent, et j’ai hâte, hâte, hâte d’essayer encore une fois. J’ai dansé comme jamais je n’aurais pensé en être capable, je ne reconnaissais plus du tout la pauvre petite complexée minable que je suis ! J’étais bien, heureuse, libre, abandonnée, un être différent et amélioré, dans un monde plus beau, plus parfait. C’était dingue ! C’était beau ! Vraiment fantastique !"

"Enfin, hier soir, j’ai fumé de l’herbe et c’était encore plus fantass que j’aurais cru ! "

"L’emmerdement, c’est qu’on n’a pas de fric, alors Chris et moi on a dû se mettre à fourguer de l’herbe. Naturellement, nous n’en vendons qu’aux mômes qui se cament régulièrement et qui l’achèteraient à quelqu’un d’autre si nous n’étions pas là."

"Les gosses du lycée c’est une chose, mais aujourd’hui j’ai vendu dix plaquettes de L.S.D. à un petit môme de l’école primaire qui n’avait pas même neuf ans. Je sais qu’il doit les fourguer, mais ces gosses sont tout de même trop jeunes ! Je suis tellement écœurée à la pensée que des enfants de dix ans se défoncent que je n’irai plus, je le promets !"

"Oh ! papa, ce que j’ai pu être idiote et naïve ! Mais c’est fini. Jamais, jamais plus, en aucun cas, je ne tâterai de la drogue. C’est l’unique cause du pétrin dans lequel je suis à présent, et je voudrais, de tout mon cœur et de toute mon âme, ne jamais en avoir entendu parler. "

"Nous n’étions que quatre, et Shelia et Rod, son copain du moment, nous ont fait tâter de l’héroïne. Au début, nous avions un peu peur, mais ils nous ont persuadées que toutes les histoires horribles qui circulent ne sont qu’autant de mensonges et de mythes américains… ah ! Pourtant, je suppose que j’étais assez excitée, et je dois dire qu’en les voyant préparer les doses j’étais impatiente de savoir. La horse est une sensation fantastique, différente de tout le reste. Je me suis sentie toute molle, ensommeillée, merveilleusement légère comme si je flottais au-dessus de la réalité de tous les jours, très haut dans l’espace. Mais juste avant d’être trop défoncée pour savoir ce qui se passait j’ai vu Shelia et cette espèce d’ordure avec qui elle est qui changeaient de parcours et partaient au speed. Je me souviens que sur le moment je me suis demandé pourquoi ils s’énervaient alors qu’ils nous avaient si merveilleusement endormies, et c’est seulement après, bien plus tard, que j’ai compris que chacun à leur tour ces enfants de salauds nous avaient violées, et traitées brutalement comme des sadiques. Ils avaient tout prévu, tout prémédité, les foutues ordures de merde."

"Je me sentais terriblement seule, j’ai le cœur brisé, je déteste ce genre de vie et tout ce qu’elle représente, j’ai l’impression que je me gaspille. Je veux rentrer chez moi, retrouver ma famille, mon école. "

"L’adolescence est une époque vraiment désagréable ; on ne se sent pas en sécurité, les grandes personnes nous traitent comme des enfants tout en attendant de nous que nous nous conduisions en adultes. Elles nous donnent des ordres, comme à de petits animaux, et puis elles espèrent que nous réagirons comme de vrais adultes raisonnables. "

"je crois que demain je vais aller faire comme eux et mendier assez d’oseille pour bouffer et nous payer une dose. Doris et moi, nous en avons foutrement besoin."

"Ah ! si seulement je trouvais une dose ! J’en ai besoin à crier, j’ai envie de hurler et de me taper la tête contre les murs et de grimper aux rideaux. "

" Je dois être quelqu’un d’autre. Je n’arrive pas à croire qu’une chose pareille m’est vraiment arrivée. La fenêtre est couverte d’un grillage de gros fil de fer je suppose que c’est mieux que des barreaux mais je devine quand même que je suis dans une espèce de prison-hôpital."

"Maintenant, ils vont m’envoyer chez les dingues où je serai probablement à ma place. Papa dit que je n’y resterais sans doute pas longtemps et il va immédiatement s’occuper de me faire relâcher pour me confier à un bon psychiatre."

"Ça paraît incroyable que la première fois de ma vie que je me suis droguée et la dernière fois, qui m’a conduite à l’asile de fous, c’était à mon insu. Mais personne ne pourra jamais croire qu’on puisse être aussi bête. J’ai du mal à le croire moi-même, et pourtant je sais que c’est vrai."

"Ah ! cher journal, je suis si reconnaissante ! Comme je suis heureuse de t’avoir, parce qu’il n’y a rien, absolument rien à faire dans cette cage d’animaux et tout le monde est si dingue que je ne sais pas comment je pourrais vivre sans toi."

"Je me disais toujours que lorsque j’aurais rempli toutes tes pages j’entamerais un autre cahier, et que je tiendrais un journal de ma vie. Mais je ne crois pas que je le ferai. Les journaux intimes, c’est très bien quand on est jeune. Je dois te dire que tu m’as sauvé la vie cent, mille, un million de fois. Tu m’as empêchée de devenir folle. Mais je pense que lorsqu’une personne devient plus âgée elle doit pouvoir discuter de ses problèmes et de ses pensées avec d’autres personnes, au lieu de se parler à elle-même ou à une partie d’elle-même comme toi. Tu ne le penses pas ? Si, je l’espère, car tu es mon plus cher ami et je te remercierai éternellement d’avoir partagé mes peines et mes larmes et mes luttes et mes malheurs ainsi que mes joies et mes bonheurs."

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