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"Les points sur les i", petit blog péda(nt)gogique lié à mon métier de prof de français. En 2021, j'attaque ma 22ème rentrée : la huitième dans la Manche, après neuf ans dans les Ardennes et plusieurs années en lycée et collège aux alentours de Dieppe. Cette interface est un lieu pour proposer des éléments (plus ou moins) en rapport avec les cours que j'inflige à mes élèves : cahiers de textes, documents complémentaires, billets d'humeur et partages de mes lectures personnelles... Bonne visite !

Le pacte des assassins

Je suis venu - péniblement - à bout de ce bouquin de Max Gallo. Je crois que je vais faire une pause avec cet auteur. J'avais été enthousiasmé par sa biographie de Napoléon (4 volumes dévorés en une poignée de jours !), plus réservé sur la fresque qu'il a écrite sur la Révolution, carrément déçu par son récit de la vie de Louis XIV... Formules à l'emporte-pièce, paragraphes lapidaires, brefs, qui tronquent la narration...


Là, le sujet est intéressant... A travers Julia, personnage malheureux, acteur, témoin, espion, au coeur des événements qui bouleversent l'Europe de 1917 à 1949, déporté par Staline, livré aux Allemands : il y a du potentiel et un éclairage bien intéressant sur le stalinisme naissant puis bien installé... Mais la narration est heurtée, pénible à suivre : prolepses, analepses, que c'est compliqué dans un récit à trame historique !




"La révolution avait vaincu. Mais Julia avait gardé en elle le dégoût de ce qu’elle avait vécu, l’horreur de ce qu’elle avait vu, le remords d’avoir été complice de tant de carnages. Et c’est à ce moment-là, sans doute au mois de juillet 1920, qu’elle avait éprouvé le besoin de tenir son journal."

"— Nous construisons dans la boue, le sang et la merde de l’ancien régime, dit-il, avec les hommes tels que nous les ont légués la servitude, la guerre, l’ignorance entretenue, la superstition. Mais nous changerons l’homme ! L’acte que nous accomplissons revêt une envergure historique mondiale dont les traces resteront marquées à travers les siècles."

"Les jeunes gens pleins d’illusions, les survivants du massacre de la guerre qui rêvaient de révolution, qui, à Tours, à Berlin, à Livourne, dans la plupart des pays du monde, fondaient des partis communistes, et pour qui la Russie des Soviets était une espérance et un modèle, ne pouvaient imaginer ce qui se tramait ici, à Rapallo, entre les diplomates allemands et les délégués de la Russie des Soviets. Là, il n’était plus question de révolution, mais d’entente entre deux États, et de l’entraînement sur le sol russe des unités de la Reichswehr qui contribueraient pour leur part à la formation des officiers de la toute neuve Armée rouge. Or c’était des hommes de la Reichswehr qui avaient assassiné Rosa Luxembourg en 1919 ! Trois ans seulement s’étaient écoulés depuis lors."

"Elle est entraînée par cette machinerie humaine, elle aussi énigmatique, qu’est l’Histoire, qui ne connaît qu’une seule loi : celle de la surprise.

Et bien que j’aie devant moi toutes ces archives, ces mémoires, les carnets de Julia, mes questions restent sans réponse.

Pourquoi ne rompt-elle pas avec Thaddeus Rosenwald, Heinz Knepper, les Russes, alors qu’elle prend conscience des compromissions de la politique des Soviets, de sa dérive ?

Elle sait aussi que la maladie frappe Lénine, que Staline avec férocité s’empare méthodiquement de tous les pouvoirs."

"Nous permettons, nous favorisons la renaissance de l’armée allemande et la constitution, à son flanc, de l’Armée rouge. Qui peut dire que demain ces frères siamois, qui ont grandi ensemble, ne se combattront pas ?"

"Elle savait maintenant qu’il avait été un exterminateur, comme eux tous, parce que la révolution et la guerre civile n’étaient pas un dîner de gala, mais un abattoir.

Et, cependant, elle avait pleuré comme si la mort de Lénine scellait le temps des illusions, et que ce qui allait survenir serait pire."

"J’ai ainsi suivi le destin d’Alfred Berger. Il est devenu un fil majeur de cette trame noire qu’est l’histoire du communisme dont j’ai le sentiment, au fur et à mesure que je la reconstitue, qu’on ne sait plus rien d’elle. Ou plutôt qu’on ne veut rien dire d’elle, hormis l’espoir qu’elle a représenté et dont l’évocation vaudrait amnistie, amnésie.

On s’attarde sur l’héroïsme des bourreaux : n’ont-ils pas fait la révolution ? triomphé du tsar, du capitalisme, des Armées blanches, etc. et, plus tard, ne sont-ils pas entrés en vainqueurs dans Berlin, terrassant le nazisme ?

On innocente les uns – le talentueux Trotski, assassiné à l’instigation du sinistre Staline –, en somme on choisit son chef de bande et on le vénère.

Mais on oublie toujours les victimes et des uns et des autres !

Celles du nazisme sont honorées, font l’objet d’un culte légitime, d’une mémoire sourcilleuse et vigilante, mais celles du communisme sont oubliées, parfois même encore suspectées !

Et que deviennent celles qui ont été persécutées par les deux camps ?"

"Le puzzle d’une vie ne peut jamais être totalement reconstitué. Le caractère d’un homme est un chaos, son destin, un labyrinthe, et vouloir les débrouiller, ça n’est jamais que créer un autre chaos, dessiner un autre labyrinthe."

"Mais j’ai réduit ma vie à ce “nous” des camarades, à ce parti où chacun est le bourreau de l’autre."

"Ma vie est la preuve de la parenté, de l’intimité des deux systèmes oppresseurs, le nazisme et le communisme, ces deux faces d’un même monstre. "

1 commentaire:

  1. Moi je ne trouve pas que ce récit soit compliqué du tout. On en vient très facilement "à bout". Le message de fond est clair et incontournable : les 2 régimes totalitaires qui ont mis l'Europe et le Monde à feu et à sang au 20ème siècle ont signé en septembre 1939 un pacte en apparence "contre nature" pour massacrer tranquillement pendant 21 mois en priorité leurs propres ressortissants. Et continuer ensuite chacun de son côté leurs sinistres besognes.

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