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"Les points sur les i", petit blog péda(nt)gogique lié à mon métier de prof de français. En 2021, j'attaque ma 22ème rentrée : la huitième dans la Manche, après neuf ans dans les Ardennes et plusieurs années en lycée et collège aux alentours de Dieppe. Cette interface est un lieu pour proposer des éléments (plus ou moins) en rapport avec les cours que j'inflige à mes élèves : cahiers de textes, documents complémentaires, billets d'humeur et partages de mes lectures personnelles... Bonne visite !

Bac !

Ce n'est pas encore le Brevet mais le bac, lui, a bien démarré. Ce lundi, c'était, pour toutes les séries générales et technologiques, la fameuse EAF : l'épreuve anticipée de français. Une épreuve qu'il ne faut surtout pas négliger car, quelle que soit la série, c'est celle qui permettra au candidat au précieux sésame en terminale de partir avec des points d'avance ou de retard... Epreuve ô combien importante, parfois, à tort, négligée par les élèves qui se privent trop souvent de points qu'ils pleureront un an plus tard... On en a tous vu, des élèves scientifiques, bien contents d'avoir les points de français pour sauver un coeff 9 hasardeux en maths ou, à l'inverse, des élèves se maudissant de ne pas avoir davantage pris l'EAF au sérieux alors qu'ils se rendent, dans le meilleur des cas, au rattrapage !

Suite aux écrits, j'ai arpenté FB et vu que certains affichaient fièrement leur absence de travail pour le bac de français, se vantant d'avoir fait l'impasse sur le thème qui est finalement tombé. Quelle que soit la discipline, quelle que soit l'épreuve, il n'y pas grand-chose qui est plus débile que faire l'impasse sur un cours au bac ! Cela me navre et va navrer plus d'un candidat - l'étymologie de "navrer" renvoie au naufrage...

Passé l'écrit, reste l'oral qui commence demain. Grand moment convivial entre petits fours et Champomy. Grand moment de stress pour le candidat. Grand moment indigeste pour l'examinateur qui évalue à la chaîne.

Petits conseils de M. Rio qui n'a connu que trois fois les joies de l'oral du bac : une fois comme candidat (c'était en 1912 !), deux fois comme examinateur (en 2001 à Eu, au bord de la mer, et en 2006 à Givet)

Il ne faut évidemment pas venir les mains dans les poches ou, tout au moins, faire croire le contraire. Tenue décente exigée : ni tongues, ni "marcel" - accoutrement vu à Givet, et oui, station balnéaire très connue pour sa plage et sa température tropicale ! Pas de stress inutile, on vérifie qu'on a tous les documents. Contrairement à ce que beaucoup de candidats oublient, l'examinateur est un mec (ou une femme) sympa, souvent aussi peu enthousiaste d'être là que l'élève qu'il voit sortir de sa salle en se disant : "tiens, pour lui, les vacances commencent !" (soupir !) Là, l'examinateur, tout ému, pense à la large paye qu'il touchera pour plusieurs jours d'oraux qui seront versés sur son compte à l'automne, il pense aussi aux copies de bac qui l'attendent chez lui (parce que, généralement, il cumule les copies et les oraux !) Bref, l'examinateur met à l'aise les candidats, presque par solidarité, comme si, au fond de lui-même, cette politesse et ce respect légitimes devaient lui épargner un énième massacre à la tronçonneuse de Maupassant ou de Voltaire...

Bon, sérieusement, l'examinateur interroge l'élève sur un texte étudié en classe. La préparation dure trente minutes. Et c'est là qu'il faut faire gaffe. La problématique n'est pas exactement celle vue en classe. Il faut donc que l'élève adapte la connaissance qu'il a de son texte (on part du principe que c'est un candidat qui a bossé !) à la problématique retenue. Autrement dit, on ne recrache pas "par coeur", on sélectionne les éléments significatifs et, surtout, on résiste à l'idée d'en mettre plein la gueule à l'examinateur du style "tiens, je te balance une bonne comparaison de derrière les fagots, et cette anaphore, tu la vois, allez vlan ! paf et ce rythme ternaire, re-paf !" Non, il faut sélectionner. L'explication face à l'examinateur dure dix minutes et impose d'aller à l'essentiel. La vie de l'auteur, savoir qu'il s'est foulé la quatrième phalange de son troisième gros orteil le 31 février 2035, on s'en fout ! Il faut analyser, c'est tout : raconter l'auteur, redire le texte, non !!! Pensez à utiliser des termes comme : "cela montre", "cela insiste", "cela met en évidence" qui renvoient au vocabulaire de l'analyse. Dire que, dans ce poème, Ronsard incite la dame à profiter de l'instant, c'est nul ! Dire qu'il utilise l'impératif, la métaphore filée avec la rose, la structure binaire du sonnet pour le faire, là, c'est top !

On ne néglige ni l'intro ni la conclusion que je vous conseille de rédiger. C'est l'oral, vous avez le droit d'être lourd en martelant bien que vous passez au grand II, que vous arrivez à la conclusion, etc. L'oral, c'est parler mais, aussi, à certains moments, se taire : une petite pause entre chaque partie. Je recommande de noter vos éléments sur des feuilles distinctes : une pour l'intro, une pour le I, une pour le II, etc. Visuellement, lorsque vous changez de partie, vous changez de feuille et ça aide l'examinateur à se repérer. Pour la conclusion, dans l'ouverture, tendez une perche vers d'autres textes de la liste que vous maîtrisez bien.

Regardez l'examinateur, ne le fuyez pas, soyez poli avec lui. L'oral, c'est un échange. Surtout lors de l'entretien. Lors de l'entretien, justement, le but n'est pas de vous déstabiliser mais de cerner votre connaissance globale de ce que vous avez fait dans l'année. Vous avez le droit de vous planter et de vous en rendre compte. Dans ce cas, n'hésitez pas à le dire carrément : "tout à l'heure, j'ai dit que Zola était un poète de la Pléiade, j'aimerais corriger en disant que c'était un philosophe des Lumières" (attention, y a au moins un piège !)

Les sujets de l'écrit étaient archi classiques, pour toutes les séries. Avec un minimum de connaissance, forcément, n'importe quel candidat aura trouvé quelque chose à dire. Alors, ne négligez pas l'oral qui peut payer. N'oubliez jamais qu'un très bon commentaire, avec un bon entretien, ça peut monter jusqu'à 18 ou 19 !!! Moi-même, j'ai collé un 19, déjà !!! En revanche, inversement, un élève qui se paierait la tête de l'examinateur en racontant n'importe quoi, ça descendrait vite. En 2006, j'ai dû coller un 0 car le candidat a même refusé de lire le texte !!! J'ai dû faire un rapport pour justifier le zéro... Soyez sympa, lisez au  moins le texte pour épargner un rapport à votre examinateur !!!

Contrairement à une idée reçue, l'examinateur n'évalue pas à la tête du client ou au décolleté de la candidate - c'est au contraire un pari risqué... La note n'est pas mise au pif. L'examinateur complète un bordereau qui justifie la note mise. Personnellement, comme beaucoup d'autres, sur une liste de textes, je sélectionne une poignée de textes que je vais faire tourner pendant les oraux afin, en faisant passer un maximum de candidats sur les mêmes textes, d'avoir un recul optimal sur l'évaluation des prestations...

Bon courage... Que la force soit avec vous... Quoi qu'il arrive, vous serez en vacances avant moi ;-)

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