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"Les points sur les i", petit blog péda(nt)gogique lié à mon métier de prof de français. En 2021, j'attaque ma 22ème rentrée : la huitième dans la Manche, après neuf ans dans les Ardennes et plusieurs années en lycée et collège aux alentours de Dieppe. Cette interface est un lieu pour proposer des éléments (plus ou moins) en rapport avec les cours que j'inflige à mes élèves : cahiers de textes, documents complémentaires, billets d'humeur et partages de mes lectures personnelles... Bonne visite !

Les coulisses du Brevet

Pour les élèves, le Brevet, c'est plusieurs choses : un objectif de fin de scolarité au collège avec lequel les profs (et les parents) vous harcèlent, des révisions pénibles (ou pas), deux petits jours d'épreuves. Cette année, c'est surtout deux dates : les 28 et 29 juin pour le petit moment convivial de l'examen terminal et le 8 juillet pour le goûter champêtre devant le portail du collège pour les résultats qui tombent souvent vers 16 heures. Entre ces deux dates, les élèves prient, font du yoga ou se livrent à de mystérieuses incantations. Il y a aussi ceux qui s'en fichent, qui croient dur comme fer qu'ils auront leur Brevet sans avoir rien fait de l'année et qui, malheureusement, le jour J, n'ont pas le Brevet.

Entre ces deux dates, il y a aussi les corrections. Les correcteurs sont convoqués sur deux jours. Cette année, petite blague du Ministère qui sollicite ses agents un vendredi et un samedi, ignorant manifestement les contraintes familiales des uns et des autres surtout que, le samedi, c'est le premier jour des vacances. Passons. En principe, les copies sont corrigées sur une seule journée.

Cette année, la correction a lieu à Fumay. Contrairement au bac, les correcteurs sont assignés à résidence, en quelque sorte (mais la résidence est moins luxueuse que celle de DSK), et corrigent sur-place. Comment que cela se passe-t-y donc ? comme on dirait chez les Normands.

On est convoqués à 9 heures. C'est un moment très sympa. Tout le monde est content d'être là, c'est bien normal. On a de 6 à 8 heures de corrections devant donc, forcément, tout le monde est très motivé. Généralement, après le café (et oui ! je n'en bois pas...), on a une petite réunion entre correcteurs. Il y a un chef de la correction, très content d'être là aussi, cela va sans dire surtout que, la veille, lui, il s'est tapé une réunion d'harmonisation à Reims où lui a été remis (anagramme de Reims) un corrigé officiel qui, au terme de la réunion, a été (largement) modifié. Et oui, un maximum d'élèves doit avoir le Brevet donc on note large et on a une tolérance large aussi... Je garde l'exemple d'un sujet sur Cyrano, il y a 9 ou 10 ans, on demande au candidat la valeur du présent dans un extrait. Le corrigé nous impose d'accepter toutes les valeurs ! N'importe quoi !

Donc, vendredi 1er juillet, on aura une petite réunion... Comme toujours, je vais écouter, prier pour que, dans le lot de mes collègues, il n'y ait pas un casse-pieds qui conteste, pour chaque quart de point, le mode de correction tel qu'il a été décidé à Reims... Sinon, la réunion va s'éterniser... Et, en ce qui me concerne, j'ai hâte de commencer pour finir au plus vite.

Ensuite, on prend nos copies : 37 copies de partie I, 37 copies de partie II (sachant que le tas des parties I n'est pas forcément celui des candidats des parties II) Alors, roule ma poule, on attaque ! On s'installe bien. Twix, Pompotes à portée de main, Contrex mon partenaire minceur... Chacun a son rituel... Certains lisent toutes les copies, certains soufflent, soupirent, marchent dans la salle, ouvrent les fenêtres, les referment. Certains se croient spirituels au point de faire partager à tout le monde les perles qu'ils trouvent dans leurs copies... Certains mangeront à la cantine, certains mangeront à l'extérieur. Certains, comme moi, corrigeront tout d'une seule traite...

Personnellement, je corrige à la chaîne : toutes les dictées, toutes les réécritures, tous les I, tous les II, tous les III. Je n'annote pas les copies dans la marge, je ne souligne pas les fautes de langue (sauf pour les dictées et les réécritures). Je vais à l'essentiel : l'évaluation brute. Onze ans que je suis prof et, hormis l'an dernier parce que je passais des examens médicaux, j'ai toujours participé à la grande fête des corrections, pour le bac comme pour le Brevet. Même lorsque j'étais stagiaire, on m'avait débauché pour faire passer les oraux de français, je me rappelle avoir fait passer des candidats de STT et être ressorti de tout cela avec une envie de vomir du Pierre et Jean de Maupassant car c'était la seule oeuvre que les élèves avaient étudiée ! Bref, j'ai une certaine habitude.

Malgré tout, j'avais oublié un truc il y a deux ans. Comme tous mes collègues, je m'étais astreint à appliquer à la lettre le barème. Et vlan, que je te file du quart de point à tour de bras, ce qui, pour un prof de lettres, suppose, pour calculer la note finale, une concentration extrême. Et vlan ! au moment de (r)entrer les notes sur Internet, que nous dit-on ? Pas possible de rentrer des notes avec des quarts de point ! On arrondit ! La bonne blague ! Donc, vendredi 1er, je ne compte aucun quart de point, j'arrondirai directement !

Généralement, comme je n'ai pas fait de pause le midi, je suis l'un des premiers à sortir, vers 15 ou 16 heures, bien que les collègues de maths, les veinards ! eux, aient déjà achevé leur paquet depuis une ou deux heures... Là, quand on les voit sortir avant nous, on prend un coup au moral. Vite, un Twix ! Une fois que l'on est sorti, ce n'est pas fini, il faut rentrer les notes sur les ordinateurs, sans se planter si possible. Il y a quelques années, ce n'était pas les correcteurs qui faisaient cela. Bon, faut croire que ça a changé. Les indemnités de correction, elles, n'ont pas changé. Pour toute cette magnifique journée aux frais de l'Education Nationale, chaque correcteur touchera une cinquantaine d'euros... Le calcul du taux horaire montre que la paye est largement inférieure au SMIC... J'ai renoncé depuis longtemps à demander la prise en charge des frais de déplacement : trop de paperasse pour être remboursé, au mieux, en octobre ou en novembre, d'une douzaine d'euros.

Donc, on rentre les notes... L'interface pour les rentrer est super fonctionnelle, plante une fois sur deux, rame car le serveur sature (une des grandes spécialités de l'Education Nationale : la saturation des serveurs !)... Il faut éviter de se planter et être bien certain qu'on met la note d'untel dans la bonne case. Comme les copies sont anonymes, c'est le numéro de candidat qui s'affiche à l'écran : toute une belle série de chiffres et de lettres qu'il faut bien évidemment contrôler. Ah oui, j'ai oublié de dire que les copies - même si chacun le sait - sont anonymes. Une partie des copies a été découpée pour ne laisser apparaître que le numéro de candidat.

Les notes sont ensuite validées par le jury, quelques jours avant la publication des résultats. D'éventuels ajustements sont apportés. Puis les résultats sont faxés aux différents établissements...

C'est la fin du suspense !

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